Magazine H2o | 5. Journée mondiale... africaine | 22 mars 2001 | Enjeux-Humanitaire

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Un jour pour penser à l'eau
22 mars 2001

Mots clés : Journée mondiale de l'eau, World Water Day, Eau et Santé, Water and Health, UNESCO
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Dossier de
la rédaction de H2o
  
March 2001
Index du dossier
1. Mars 22 – Un jour pour penser l'eau
2. Message du Directeur Général de l'UNESCO
3.  Message from the UNESCO Director-General
4. L'eau et la santé
5. Journée mondiale... africaine
6. ResSources

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Le compte rendu d'une journée... africaine

Si en Occident, la Journée Mondiale de l'Eau se réduit en une capsule que quelques minutes dans les journaux TV, l'événement tend à devenir dans les pays en développement une véritable journée d'effort national, parfois même transformée en "semaine de l'eau". Le compte rendu d'une journée... africaine.

par Nicole MARI
Magazine CONTINENTAL – mars 2001

 

Cameroun : 50 % de la population rurale manquent d'eau potable

Le sous-directeur de la Gestion de l'eau au ministère camerounais des Mines, de l'Eau et de l'Énergie, M. Martin Paul Ondoua, a publié des statistiques fort instructives sur l'hydraulique au Cameroun au moment où prenait fin une "semaine de l'eau" organisée dans ce pays. Faisant allusion aux maladies d'origine hydrique (amibiases, fièvre typhoïde, ver de Guinée et paludisme notamment) auxquelles sont exposées les populations, M. Ondoua a déclaré, dans un entretien au journal Cameroon Tribune, que 50 % des Camerounais vivant en milieu rural et 42 % en milieu urbain manquaient d'eau potable. Comme projet du gouvernement pour faire face à la situation, il a annoncé la réalisation de 40 systèmes d'adduction d'eau dans la province du Sud-ouest avec une vingtaine de sources à aménager ; 250 forages seront aussi réalisés dans la province de l'Est, avec également une vingtaine de sources à aménager sur financement de l'Agence française de développement (AFD). D'autres projets sont en cours de réalisation dans la province de l'extrême-nord et sont menés grâce au concours de la coopération belge."Nous espérons qu'avec l'admission du Cameroun à l'initiative "Pays pauvres très endettés (PPTE), des sommes plus importantes seront débloquées pour financer d'autres projets de même nature en milieu rural à travers le pays", a indiqué M. Ondoua. Le ministre a aussi déploré l'impasse du processus de privatisation de la Société nationale des Eaux du Cameroun (SNEC) qui, a-t-il dit, fait problème dans le programme de travaux de son ministère en milieu urbain. Parmi les "projets ficelés" en la matière, M. Ondoua a également annoncé l'extension de l'adduction d'eau de la ville de Bafoussam pour plus de 10 milliards de francs CFA sur financement de l'Allemagne. Il a fait aussi état, dans l'axe Mokolo-Mora dans le septentrion camerounais, d'un projet qui consistera à capter l'eau du barrage de Mokolo pour alimenter la localité de Mora et les agglomérations secondaires environnantes. Ce projet, qui en est au stade d'attribution du marché, bénéficie d'un financement de la Banque islamique de Développement (BID).

La pénurie d'eau, source de maladies au Rwanda

La pénurie d'eau potable au Rwanda est source de différentes maladies qui continuent à décimer beaucoup de gens au Rwanda, a affirmé Marcel Nahiunde, ministre de l'Eau et de l'Énergie. M. Bahunde, qui a prononcé un discours radiodiffusé a l'occasion de la Journée Mondiale de l'Eau, a dit que sur une population de près de 8 millions d'habitants, 670 000 Rwandais souffrent de la bilharziose, 300 000 de maladies de la peau, plus de 260 000 des maladies diarrhéiques et 100 000 autres de maladies des yeux. Il existe aussi des cas de choléra, de malaria, de typhoïde, tous ayant pour origine l'utilisation de l'eau usée par plusieurs ménages rwandais. A Kigali où vivent plus de 600 000 habitants, plus d'un tiers de la population n'a pas suffisamment d'eau potable, devenue une denrée rare dans plusieurs quartiers de la capitale où les habitants passent des semaines sans pouvoir accéder à l'eau des robinets. Beaucoup de personnes ont ainsi recours à l'eau puisée dans les sources naturelles qui abondent dans les marais et qui n'ont pas été aménagés pour la circonstance.La Belgique et l'Allemagne sont prêts à financer des projets d'adductions d'eau en collaboration avec le gouvernement rwandais. Gilbert Nkusi, Coordonnateur de l'UNICEF en matière d'approvisionnement en eau potable au Rwanda, a affirmé que l'agence des Nations Unies a aidé le Rwanda à installer des points d'eau potables dans 66 des 154 communes du pays."Dans 48 communes, nous avons mis en place des comités de gestion de ces points d'eau", a-t-il dit. Il a ajouté que le gouvernement rwandais a signé récemment un accord avec l'UNICEF, portant sur la période 2000-2006, et qui concerne des projets d'adduction d'eau potable dans plusieurs écoles primaires du pays."Nous voulons que toutes les écoles primaires aient un point d'eau potable et des toilettes modernes", a-t-il laissé entendre. Selon Jean-Baptiste Ngwijabanzi, fonctionnaire au ministère de l'Eau, la population rwandaise doit être éduquée à la bonne gestion de l'eau."Les paysans doivent comprendre que l'eau est une source de vie, et non un don de Dieu qui leur sera donné sans la moindre contribution", a déclaré le haut fonctionnaire. Exceptés des projets visant à augmenter l'approvisionnement en eau potable à Kigali, d'autres projets similaires sont en cours de réalisation pour d'autres villes du Rwanda.

La crise mondiale de l'eau a des retombées sur l'Afrique du Sud

"L'eau pour la santé", le thème de la journée mondiale de l'eau, était aussi tout à fait approprié à l'Afrique du Sud où au moins sept millions de personnes n'ont pas accès à l'eau potable tandis qu'environ 21 millions de personnes n'avaient pas accès aux installations sanitaires selon l'Organisation Mondiale de la Santé. Le département sud africain chargé des question de l'eau et des forêts a déclaré qu'il continuerait à placer au centre de ses préoccupations, la réalisation du droit de tous les citoyens d'avoir accès à l'eau, de même que la protection des rivières, des cours d'eau, des marécages et l'éradication des maladies liées à l'eau telles que le choléra. "Nous sommes très conscients aujourd'hui plus que jamais, du lien étroit existant entre l'eau et la santé et du fait qu'améliorer la qualité de l'eau, les installations sanitaires et l'hygiène des populations de manière significative, réduit la propagation du choléra et de bon nombre de maladies liées à l'eau", a indiqué le département. Le président Thabo Mbeki a pour sa part souligné le fait que l'un des plus grands défis qui se posent aux sud africains était d'assurer que la population entière a accès à une eau purifiée. M. Mbeki a estimé que la conservation et la gestion de l'eau doit être perçue comme une contribution nécessaire aux efforts collectifs en vue d'un progrès social et économique durable pour le pays.

Burundi : la guerre civile a fait tombé le taux de desserte en eau potable de 70 % à 40 %

Le taux réel net de desserte en eau potable dans les milieux urbains du Burundi atteint 70 % contre 43 % dans les zones rurales, a indiqué le ministre du Développement communal et de l'Artisanat, Denis Nshimirimana. Il a affirmé qu'avant la guerre civile au Burundi, en 1992, la desserte en eau potable pour l'ensemble du pays avait atteint le taux de 70 % pour retomber à un peu plus de 40 % suite aux destructions causées par les violences sur les installations hydrauliques du pays Les efforts de réhabilitation des infrastructures de l'eau ont toutefois permis de desservir encore correctement presque tous les 36 hôpitaux du pays ainsi que les 270 centres de santé, les écoles, les marchés, a ajouté Nsimirimana. "Nous devons continuer les efforts visant à faire parvenir le précieux liquide à tous les ménages du pays", a souligné le ministre qui intervenait à l'occasion de la journée mondiale de l'eau. Le gouvernement à lui seul ne peut pas concrétiser son programme d'alimentation de toutes les populations en eau potable sans le concours de tous, a fait remarquer Nsimirimana, appelant l'administration à la base à une meilleure gestion des ressources en eau disponibles. L'hygiène, la santé et le bien-être de la population sont intimement liés à la disponibilité d'une eau potable, a-t-il ajouté. Le ministre a souhaité que son message soit pris en compte à l'avenir pour qu'ensemble tous les Burundais gagnent le pari de la journée mondiale de l'eau. M. Nshimirimana a toutefois reconnu que les efforts nationaux ne suffisaient pas à couvrir les besoins du pays. Ainsi, des partenaires extérieurs seront contactés pour appuyer les efforts du Burundi.

La célébration de la Journée mondiale passée inaperçue en Côte d'Ivoire

La journée mondiale de l'eau est passé inaperçue en Côte d'Ivoire où, en lieu et place d'une manifestation particulière, les consommateurs habitués ont dû se contenter d'une intervention télévisée de la ministre de l'Environnement, de l'Eau et de la Forêt, Angèle Boka. Évoquant les projets futurs du nouveau gouvernement ivoirien à l'endroit des populations rurales et urbaines, Mme Boka a notamment invité ses compatriotes à ne pas s'inquiéter de la quantité des réserves hydriques de ce pays où les ressources sont respectivement estimées à 78 milliards de m3 pour les ressources souterraines (dont 38 m3 sont renouvelables) et 39 milliards pour les eaux de surface. Selon M. Doffou Hilaire, un expert au ministère de l'Environnement, le pays n'a pas de crainte de pénurie d'eau à nourrir pour les années à venir. Sur le terrain cependant, un petit nombre de personnes en zone rurale bénéficie de cette abondance en eau, tandis que les ménages pauvres sont eux pratiquement privés d'eau potable. Comme ailleurs l'eau est aussi source de maladies. On estime à près d'un million et demi chaque année le nombre de personnes touchées par le paludisme, le choléra, le ver de Guinée, l'Onchocercose et tant d'autres pathologies liées à l'eau en Côte d'Ivoire. "Après analyse, il est bien évident que certains facteurs comme la pauvreté, l'analphabétisme, la méconnaissance des règles d'hygiène, la mauvaise hygiène du milieu n'ont pas été suffisamment pris en compte dans les projets de développement", a reconnu la ministre. De même, le secteur de l'eau a été longtemps caractérisé par des politiques sectorielles qui mettent l'accent sur les usages au détriment d'une gestion intégrée nécessaire à son développement, a-t-elle dit avant de présenter les stratégies du gouvernement de la deuxième République. "La tâche est à la mesure du gouvernement qui ambitionne de construire un nouveau partenariat pour la gestion intégrée des ressources en eau, partenariat entre les structures de l'Etat intervenant dans le secteur de l'eau, mais aussi partenariat entre les représentants de l'État et tous les autres acteurs." .