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Dessin de tracé de fleuve

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L'Université de l'Eau 2002 Val-de-Marne
De l'eau pour tous

Mots clés : Festival de OH!, Val-de-Marne, Université de l'Eau
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Dossier de
Martine LE BEC et Martin SEIDL
  
April 2002
Index du dossier
1. Réflexions autour de l'eau par Christian Favier
2. Colloque universitaire du CEREVE
3. Débat public : La démocratie est-elle soluble dans l'eau ?
4. Débat public : L'eau pour tous ! Quelles solutions ?
5. Journées de la coalition : L'eau, un enjeu global
6. ResSources

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L'eau, un enjeu global

 

Journées de la coalition
Communauté de travail
Swissaid, Action de carême Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas

Fact sheet de la Communauté de travail
23 et 24 mai 2002 – Hôtel du département de Val-de-Marne

 

L'eau se fait rare

Le manque d'eau est un problème crucial du 21ème siècle. Depuis un siècle, la consommation d'eau augmente deux fois plus vite que la population. Aujourd'hui 1,4 milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable. Selon les prévisions des Nations Unies, ce chiffre pourrait passer à 2,5 milliards en 2025, soit un tiers de l'humanité. 2 milliards d'hommes ne disposent pas d'infrastructures sanitaires ni de systèmes d'épuration des eaux. 80 % de toutes les maladies affectant le Sud sont dues à la consommation d'eau polluée et quatre millions d'enfants en meurent chaque année.

Ce sont en premier lieu le gaspillage et la pollution qui conduisent à cette carence en eau potable. L'agriculture est la plus grande consommatrice dans ce domaine, avec 70 à 80 % de l'eau mondiale. Près de 60 % des ressources qu'elle utilise se perdent à cause de l'inefficacité des systèmes d'irrigation. La consommation agricole continue d'augmenter, notamment du fait d'une production de fourrages en hausse. Les nappes phréatiques sont pompées à des profondeurs toujours plus importantes, leur niveau baisse; la fertilité du sol et les ressources hydriques diminuent. Les conséquences en sont un manque de denrées alimentaires, la faim et des flux migratoires accrus.

Déjà, les conflits de distribution de l'eau occasionnent des tensions sociales à l'échelle planétaire: au Proche-Orient, en Afrique du Nord, en Asie (Inde, Pakistan, Bangladesh), en Amérique latine (Bolivie), mais aussi en Europe (Espagne / projet de l'Ebre). La Turquie envisage un énorme barrage qui réduirait de 40 à 80 % les volumes d'eau de l'Euphrate en Syrie et en Irak. Ces deux pays y perçoivent un motif de guerre.

Dans les pays en développement, la corvée d'eau est souvent dévolue aux femmes. Ce sont elles qui produisent la plus grande partie des denrées alimentaires. Le manque d'eau rend leur quotidien encore plus harassant.

L'eau comme marchandise

L'eau n'est pas un bien comme les autres car elle n'a pas de substitut et constitue une nécessité vitale. Comme l'eau se fait de plus en plus rare et donc plus précieuse, elle intéresse toujours plus l'économie privée :

  • Les grands groupes actifs à l'échelon planétaire comme les sociétés françaises Suez, Lyonnaise des Eaux, Vivendi ou comme l'allemande RWE Aqua GmbH y voient une possibilité lucrative d'augmenter leur capital. Ils approvisionnent aujourd'hui des métropoles comme Manille, Jakarta ou Ho-Chi-Minh-Ville. Les multinationales en question se concentrent surtout sur l'approvisionnement en eau potable de grandes villes. Les adductions en milieu rural tout comme le secteur des eaux usées ne les intéressent pas. La technologie de pointe utilisée à ce niveau entrave la recherche de techniques optimales adaptées aux conditions locales.
  • Début 2000, la Banque genevoise Pictet a lancé le premier fonds mondial de placement sur l'eau. La compagnie américaine Avalon Trust lui a emboîté le pas un peu plus tard. Toutes deux misent sur des "chances de gain supérieures à la moyenne" dans ce domaine.
  • Le manque d'eau salubre est responsable de la croissance du marché des eaux minérales. Le leader mondial dans ce domaine, Nestlé, a lancé l'eau en bouteille "Pure Life" dans les pays du Sud et "Aquarel" en Europe. Il s'attend à des gains juteux. Avec ses revenus, une famille indienne parvient tout juste à couvrir le quart de ses besoins en eau potable en achetant des bouteilles.
  • En prétendant qu'elle améliore l'offre et casse les prix, la Banque mondiale prône également la privatisation et en fait une condition de désendettement et d'octroi de crédits. Il en est ainsi en Bolivie (Cochabamba) ou au Mozambique (Maputo) pour ne citer que ces deux exemples-là.
  • Divers pays industrialisés comme la France et l'Angleterre ont également privatisé l'approvisionnement en eau. Dans ce dernier pays, on envisage sérieusement à remettre l'eau en mains nationales, les prestations fournies étant insuffisantes.

Prétendre que la privatisation améliore l'offre ne tient pas. Ainsi, les grandes compagnies internationales se concentrent presque entièrement sur l'approvisionnement des grandes métropoles, celles-ci possédant déjà les infrastructures nécessaires. Tandis que les multinationales en question réussissent ainsi à faire des bénéfices considérables, c'est au secteur public d'approvisionner la campagne. Celui-ci est désormais dans l'impossibilité d'avoir recours aux subventions croisées afin de financer l'équipement des campagnes. Une autre conséquence de la privatisation est l'augmentation des prix qui pénalise les plus démunis, mettant en danger leur accès à l'eau potable. Ainsi, la privatisation est loin d'être une solution aux grands problèmes liés à l'eau car elle ne propose aucune solution ni pour l'évacuation des eaux usées en milieu urbain, ni pour l'approvisionnement en eau potable pour tous. Au contraire, le problème prend de l'ampleur . .

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Coalition Mondiale contre la Privatisation et la Marchandisation de l'EAu
Hôtel dudépartement du Val-de-Marne – 24 mais 2002

Considérant sa déclaration fondatrice de Porto Alegre, la coalition mondiale contre la privatisation et la marchandisation de l'eau a tenu sa première réunion à Créteil les 23 et 24 mai 2002 dans le cadre de l'Université de l'eau du Val-de-Marne. À cette occasion, la coalition s'est donnée comme objectif principal de promouvoir la coopération et le soutien mutuel entre ses membres (groupements citoyens, associations, institutions publiques, mouvements ... ) dans le but de :

1. Assurer le droit à l'eau pour tous
Assurer le droit à l'eau pour tout être humain conformément au droit à la vie reconnu par la Déclaration universelle des droits de l'homme, les lois constitutionnelles et les textes fondamentaux d'un très grand nombre de pays du monde, et faire reconnaître ainsi l'eau comme patrimoine commun de l'humanité et ressource fondamentale pour toute la biosphère.

2. Préserver l'eau pour la vie et les générations futures
Mettre fin à l'actuelle utilisation non soutenable (par exemple par les grands barrages et l'irrigation intensive) et non-démocratique de l'eau, source majeure d'insécurité et d'inégalités croissantes en quantité et qualité dans le droit à l'eau.

3. Lutter contre la privatisation et la marchandisation
Renforcer et coordonner les mouvements locaux, nationaux et mondiaux de lutte contre la privatisation et la marchandisation de l'eau par les multinationales promues par les institutions internationales, et pour un retour au service public local, en étroite liaison avec les autres luttes citoyennes (par exemple des usagers, des syndicats, des populations autochtones, etc.) pour la justice, la démocratie, la paix et la solidarité, dont Porto Alegre a mis en évidence la force, la diversité et la pertinence pour la construction d'un autre monde.

4. Mettre en place un modèle innovateur de service public au niveau mondial
Promouvoir et valoriser des régimes publics et démocratiques de la propriété, de la gestion et du contrôle de l'eau par tous les moyens, en particulier le financement collectif et la participation démocratique, dans la solidarité et le respect du droit à la vie des générations futures.

Au regard de ces objectifs et de l'urgence dans laquelle ces questions se posent, la Coalition a exprimé ses inquiétudes quant aux orientations qui semblent présider à la préparation du sommet de Johannesburg d'août 2002 et appelé les gouvernements à la cohérence entre la primauté des droits humains qu'ils reconnaissent et les décisions et moyens qu'ils adopteront, notamment en s'engageant, comme ils l'avaient fait à Rio en 1992, à consacrer 0,7 % de leur PIB à l'aide au développement.

Enfin, la Coalition a approuvé un ambitieux plan d'activités pour favoriser l'échange d'informations, le travail d'études et de recherche, et la mobilisation, l'éducation et la formation Créteil, le 24 mai 2002.

Les participants, venus des dix-huit pays et des cinq continents suivants : Afrique (Ghana, Maroc, Tunisie), Amérique latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Salvador), Amérique-du-Nord (États-Unis, Québec), Asie (Inde, Japon, Malaisie), Europe (Belgique, Espagne, France, Italie, Suisse).

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