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Dessin de tracé de fleuve

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OPUR
Des usines de rosée ?

Mots clés : rosée, condensation, condenseurs radioactifs, OPUR
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Dossier de
la rédaction de H2o
  
March 2008
Index du dossier
1. D'où vient la rosée ?
2. La rosée, source d'eau pure
3. OPUR ou la conquête de la rosée – vidéo de Céline EUDIER
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La rosée, source d'eau pure

 

La rosée est  une source d’eau pure, modeste, mais qui peut s’avérer un apport appréciable dans les souffrant de pénurie, en premier lieu les déserts.

L'homme a naturellement très tôt essayer de collecter la rosée pour s'alimenter en eau douce. Il existe plusieurs témoignages, ou légendes, qui évoquent ainsi la rosée captée de façon artificielle. Dans la steppe de Touran de l'ex-URSS se trouve un grand remblai artificiel en pierres concassées. Sur le sommet de ce remblai des constructions de culte scythe sont visibles. En contrebas, à 1,50 mètre, se trouvent deux sources d'où l'eau coule en abondance une eau très pure et très froide. Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y a autour de ce remblai aucune source naturelle. Ne serait-ce pas de la condensation ? On évoque également les étangs de rosée d'Angleterre. Ces étangs artificiels, construits au Moyen Âge, étaient chaque soir vidés par les villageois qui les retrouvaient le lendemain matin à nouveau remplis d'eau. Ces constructions étaient réalisées de manière très simple : des bassins de quelques dizaines de mètres de côté étaient creusés en forme de coupe, leur fond recouvert d'une première couche de paille sèche et d'une seconde d'argile. Le tout était tassé et recouvert de pierres. L'étang était alors prêt à fonctionner et commençait à se remplir d'eau sans qu'il n'y ait eu de précipitations atmosphériques. Dans les îles Canaries, les pieds de vigne sont plantés au centre d’une dépression conique creusée dans de la cendre volcanique ; la rosée fournit l’humidité nécessaire à leur croissance.

Des condenseurs d'eau atmosphérique semblent ainsi avoir existé dans les temps anciens. On les connait, mais non dans les détails ; nous n’avons que peu de documents confirmant la véracité de leur fonction attribuée. A contrario, on peut affirmer l'existence de tels condenseurs au 20ème siècle. L'ingénieur belge Achille Knapen, lauréat de la Société des ingénieurs de France, a ainsi contruit, à Trans-en-Provence en 1930-31, une tour massive qui abritait en son centre un "puits aérien",  haut de neuf mètres et d’une dizaine de mètres de diamètre. La construction tombera en désuétude : les meilleures nuits, le condenseur ne récolta que la valeur d'un seau. L'idée de cette construction lui était venue par les travaux du directeur de la Station de physique et de bioclimatologie agricoles de Monpellier, Léon Chaptal, lequel avait échafaudé en 1929 une pyramide haute de 2,50 mètres et 3 mètres de large. En 1930, le condenseur de Chaptal avait permis de récupérer une centaine de litres au cours des six mois les plus chauds, d'avril à septembre. L'année suivante, les performances n'étaient plus que de moitié, les conditions ayant été moins favorables. Léon Chaptal avait lui-même été inspiré par les expériences, encourageantes, d'un ingénieur russe, Friedrich Zibold.

À Féodosia, en Crimée, durant l’été 1900, lors du nivellement de son district forestier, Zibold découvrit de grands tas coniques de pierres, d'un volume avoisinnant les 600 mètres cubes. Des restes de tuyaux en terre cuite entouraient les tumuli. Zibold en conclut qu'il s'agissait de condenseurs de rosée servant à alimenter en eau potable l'ancienne Féodosia. L'hypothèse s'avérera fausse, mais seulement bien plus tard. Entretemps, Friedrich Zibold construisit un condenseur fonctionnant sur des principes qu'il pensait identiques à ceux des anciens condenseurs. Pour cette expérience, Zibold choisit un endroit sur le sommet Tépé-Oba, près de Féodosia, à 288 mètres d’altitude. Il bâtit un condenseur en pierres, en forme de coupe, de 1,15 mètre de profondeur et de 20 mètres de diamètre. La coupe est remplie de galets de 10 à 40 cm de diamètre, entassés pour former un cône tronqué de 6 mètres de hauteur et 8 mètres de diamètre au sommet. Le condenseur commença à fonctionner en 1912, et donna jusqu’à 360 litres d’eau par jour. Les expériences durent cesser en 1915 à cause de fuites dans le socle. Partiellement démonté, il a été totalement abandonné. Aujourd'hui il ne reste qu'une gigantesque coupe de 20 mètres de diamètre.

Nous le savons maintenant, le condenseur de rosée "idéal" se trouve à l'opposé des thèses du début du siècle se fondant sur des constructions de grande masse. Il doit être léger pour se refroidir rapidement la nuit. Il est en fait analogue à l'herbe des prés qui, recouverte de rosée, constitue une importante source d'eau pour nombre d'être vivants, qu’ils soient petits (insectes) ou grands (les moutons en Écosse, les chevaux en Namibie). Dans le désert, certaines plantes se nourrissent par les feuilles grâce à ce mécanisme.