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Paris – novembre 2003
Le 1er Forum Mondial du Développement Durable boudé par les ONG

Mots clés : développement durable, eau, énergie, entreprises, environnement, Forum mondial du développement durable, FMDD, Paris
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Dossier de
Martine LE BEC
  
December 2003
Index du dossier
1. Le premier Forum Mondial du Développement Durable boudé par les ONG
2. Entreprises et développement durable

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Entreprises et développement durable


La prise en compte des exigences du développement durable par les entreprises est un des enjeux clé ; aussi, même s’il ne peut se résumer à cela, le développement durable a besoin d’avancer dans la logique propre des entreprises. Notre entretien avec Yves Le Bars, coordinateur du Forum.

Ingénieur général du Génie rural des eaux et des forêts
Président de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs – ANDRAancien directeur général du BRGM – Bureau de recherches géologiques et minières
et du Cemagref – Institut de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture et de l'environnement
Membre de l’Académie de l’Eau

propos recueillis par Martine LE BEC

Quelle est l’ambition du FMDD ?

L’ambition du Forum est clairement politique. Il ne s’agit pas de fabriquer de nouvelles statistiques ou d’approfondir tel ou tel mode de gestion mais bien de construire la dimension politique du développement durable. Il s’agit de permettre aux chercheurs, aux entreprises, aux pouvoirs publics et aux associations de mettre en débat la finalité de leur action. Plus loin, il s’agit aussi d’imaginer comment le jeu des acteurs et la coopération peuvent répondre à la préoccupation de l’environnement. Le Forum est comme un passage qui doit permettre de construire une politique à partir de regards croisés. Aucune des deux approches, de Davos et de Porto Alegre, n’est à elle seule suffisante. Qu’ils soient du nord ou du sud, les dirigeants politiques, économiques ou sociaux doivent pouvoir se rencontrer, donner la mesure de leur engagement et exprimer les limites qu’ils voient à leurs actions : limites liées à leur légitimité propre, à l’insuffisance des moyens ou encore à l’absence de concertation… Il s’agit de voir comment peut-on vivre ensemble et concrètement le développement durable.

Vous évoquez la nécessité de regards croisés. Pour cette première édition, le Forum n’a cependant pas réussi à mobiliser les ONG. Comment analysez-vous cet échec ?

J’ai beaucoup regretté que certaines associations qui avaient accepté de participer au Forum aient "décroché" au dernier moment (NDLR : Greenpeace et WWF en l’occurrence), et d’ailleurs je n’ai toujours pas compris pourquoi elles ont renoncé. A l’avenir, nous allons bien sûr essayer d’associer davantage les ONG en amont. C’est aussi la première édition, dès lors que le profil du Forum sera mieux affirmé, les choses seront sans doute plus aisées. Il y a certainement un déséquilibre entre la sphère économique – les entreprises et les institutions financières, d’une part, et la sphère civile – les syndicats et les ONG, d’autre part ; ce déséquilibre, cette "asymétrie" des pouvoirs est aussi à tout moment menaçante. Mais ce n’est pas une raison pour refuser le débat, au contraire. On doit encourager les entreprises à travailler sur le long terme et se responsabiliser. Cela suppose un effort de compréhension mutuel de la part des entreprises et des associations. Le développement durable est d’ailleurs à ce niveau un excellent terrain d’exercice, qui doit permettre de regrouper, au-delà des diversités, l’économique, le social et l’environnement, les gens d’aujourd’hui et les générations futures. Qui plus est, la prise en compte des exigences du développement durable par les entreprises est un des enjeux clé du débat. Le développement durable, même s’il est loin de se résumer à cela, a besoin d’avancer dans la logique propre des entreprises, en s’appuyant en particulier sur l’innovation technologique, la dématérialisation de l’économie et la création d’emplois dans les pays du sud. Ce n’est pas parce que l’on ne voit pas encore clairement ni le but ni le chemin, ni parce que bien des ambiguïtés subsistent, qu’il ne faut pas avancer.

Le FMDD sera annuel alors que la majorité des rencontres de ce type s’inscrit sur un calendrier triennal. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Le Forum est effectivement prévu pour se tenir tous les ans, à la veille du troisième week-end de novembre. Les sujets à traiter ne manquent pas. Nous avons envie d’aborder assez rapidement des thèmes comme la démographie et l’immigration, le financement des investissements ou encore la gouvernance. Le Forum sera aussi chaque année accompagné de la publication d’un rapport évaluant les actions et les politiques en faveur du développement durable. Les recommandations y figurant découleront d’une grille d’analyse évaluant le travail des acteurs au regard des thèmes prioritaires dégagés par le Forum. .

 


ResSources
Compétitivité économique et développement durable : réconcilier l’inconciliable ?, Thanh NGHIEM, membre bénévole de la direction générale du WWF – H2o décembre 2003