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Dessin de tracé de fleuve

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Florence – mars 2003
1er Forum Alternatif Mondial de l'Eau

Mots clés : Coalition Mondiale contre la Privatisation de l’Eau, Contrat Mondial de l’Eau, droit à l'eau, Florence, Forum Alternatif Mondial, ONG
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Index du dossier
1. 1er Forum Alternatif Mondial de l'Eau
2. LE MANIFESTE DE L'EAU : La politique actuelle de l'eau
2. LE MANIFESTE DE L'EAU : Pour une autre politique de l'eau
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UN AGENDA POUR L'ACTION : LE DROIT À L'EAU

 

Alors que les industriels et les organisations des Nations unies se préparent au 3ème Forum International de l’Eau (Kyoto, 16-23 mars 2003), un certain nombre d’organisations ont décidé, à l’initiative du Comité international du Contrat Mondial de l’Eau et de la Coalition Mondiale contre la Privatisation de l’Eau, d’organiser ensemble à Florence, les 21 et 22 mars 2003, le 1er Forum Alternatif Mondial de l’Eau – FAME.

Pourquoi un forum alternatif ? Ses objectifs ? Son organisation ? Les initiateurs expliquent.

Pourquoi un Forum Alternatif Mondial de l’Eau ?

Ces cinq dernières années, la prise de conscience et la mobilisation de la société autour de la problématique de l’eau se sont développées, surtout auprès de ceux qui, en Amérique latine, en Asie et en Afrique, sont "victimes" d’un développement qui ne permet pas à plus de 1,5 milliard d’êtres humains d’avoir accès à une eau potable saine, ni à 2,4 milliards de bénéficier de services sanitaires.

Le sommet sur le développement "durable" de Johannesburg a démontré l’incapacité structurelle des groupes sociaux dominants – de plus en plus fidèles au nouveau credo universel capitaliste en ce qui concerne les principes et choix politiques prioritaires – de réaliser l’éradication de la pauvreté dans le monde et, par conséquent, de permettre à tous les êtres humains d’accéder au droit de vivre dignement et de participer aux décisions concernant son avenir et celui de la société entière.

Ce ne sera sûrement pas le 3ème Forum Mondial de l’Eau qui modifiera les décisions prises à Johannesburg. Créé à l’initiative du Conseil Mondial de l’Eau et du Global Water Partnership, institutions internationales privées créées sous l’impulsion de la Banque mondiale et des multinationales de l’eau (les compagnies françaises en tête) et avec le soutien des gouvernements de France, du Canada, des Etats-Unis, du Mexique, du Japon, de l’Égypte, etc. et des organisations des Nations unies actives dans le secteur (UNESCO, FAO, OMS, UNDP, UNEP...), ce Forum est l’expression de la nouvelle oligarchie mondiale de l’eau, telle qu’elle s’est constituée ces dernières années.

Cette oligarchie prétend déterminer et acter la politique mondiale de l’eau, selon le modèle qu’elle considère comme le plus efficace et rationnel, c’est-à-dire le PPP (partenariat public-privé, modèle de la privatisation de la gestion de l’ensemble des services de l’eau). Le PPP correspond, d’une manière générale, au modèle de privatisation "à la française" avec un zeste de privatisation à l’anglaise. En réalité, le modèle PPP de privatisation a surtout démontré être un instrument efficace de prise de contrôle politique et économique des ressources hydriques de la planète par des entreprises privées multinationales.

Le Forum Mondial de l’Eau de Kyoto sera une énième célébration de la prédominance du marché, du capital, de l’investissement privé et de l’eau devenue "or bleu", et possible source de nouveaux conflits et nouvelles guerres. Le Forum n’offre aucun espoir concret aux populations pauvres et opprimées de la planète.

Dans le même temps, la sur-exploitation et la dégradation des eaux douces de surface (rivières, lacs) et souterraines (nappes phréatiques) ainsi que des eaux salées (mers et océans) ne cesse de s’aggraver partout dans le monde. En Italie, par exemple, le territoire est désormais ravagé de façon chronique ; même les régions du Nord, pourtant riches en eau, connaissent désormais systématiquement des périodes de sécheresse graves, précédées ou suivies d’inondations toujours plus catastrophiques.

C’est pour ces raisons que nous avons pris la décision de ne pas participer au 3ème Forum Mondial de l’Eau du Conseil Mondial de l’Eau. Certaines des associations qui partagent la conviction que l’eau est un bien commun et soutiennent les principes d’une politique de l’eau orientée vers la reconnaissance du droit d’accès à la ressource, seront présentes à Kyoto, dans le but de combattre, de façon critique, les postulats et les thèmes encore une fois proposés par le Conseil Mondial de l’Eau et par le Global Water Partnership. Nous respectons leur choix. Notre initiative d’organiser un Forum Mondial Alternatif vise à réaliser un moment de rencontre autonome et différent.

Les objectifs du Forum Alternatif Mondial de l’Eau

Le Forum Social Européen de Florence a démontré que, en dépit de la volonté perpétrée depuis dix ans de discréditer et de marginaliser les mouvements alternatifs, ces derniers ne représentent pas uniquement un ensemble de voix qui mérite d’être écouté, mais ils mettent en action un processus crédible de mise en perspective et de réalisation de solutions différentes et celles proposées – de façon catastrophique – par les instances décisionnelles.

Avec le Forum Alternatif Mondial de l'Eau, nous voulons centrer le débat politique, civil, culturel et socio-économique sur les contenus, les choix politiques et es innovations à réaliser. Ce Forum Alternatif se proclame également "Mondial", au sens qu’il veut représenter un processus nouveau, entamé dans un lieu précis, Florence, pour promouvoir un chemin ouvert à tous ceux qui, avec des points de vue et des approches différentes, partagent les objectifs de ce Forum.

Ces objectifs sont :

  • Élaborer et proposer une série d'actions sur les plans législatifs, institutionnels, financiers, économiques, sociaux, et culturels, à réaliser au niveau mondial, régional, national et local, afin de assurer le droit à l’eau pour tous. Et ceci dans une vision intégrée de gestion et de tutelle de l'eau, respectueuse du cycle temporal et spatial.
  • Promouvoir des campagnes spécifiques pour soutenir le droit à l’eau pour tous, et la reconnaissance de l’eau comme un bien commun, dans un dialogue avec les communautés locales et les institutions de démocratie représentative directe.
  • Contribuer à renforcer les synergies entre les mouvements, les associations et les organisations de la société civile, actifs dans les domaines de l'eau, de l’environnement, de l'écologie, de la démocratie et des droits de l’homme et des droits sociaux.
  • Favoriser une responsabilité accrue en ce qui concerne les comportements sociaux et individuels, ainsi qu’une participation des citoyens à la définition des règles de gestion de l’eau et à leur respect.

Ces objectifs sont directement inspirés des principes énoncés dans le Manifeste pour le Contrat Mondial de l’Eau.

Le Forum Alternatif Mondial de l’Eau prend son essor à partir des revendications suivantes :

  • la reconnaissance constitutionnelle de l'accès à l'eau comme un droit humain et social, universel, indivisible et imprescriptible. Le Forum entend proposer des mesures concrètes en vue de donner et de garantir l’accès à l’eau à tous les habitants de la Terre ;
  • la reconnaissance constitutionnelle de l'eau comme bien commun (à tous les niveaux d'organisation de la société) qui appartient à la vie sur la Planète et de l'Humanité. Le Forum réaffirme son opposition à toutes les formes de privatisation et de "marchandisation" de l'eau et, par conséquent, à l'insertion des services hydriques dans la liste des services négociables dans le cadre des accords AGCS/WTO ;
  • la reconnaissance du financement collectif, public, pour la couverture des coûts nécessaires pour assurer le droit d’accès à l’eau pour tous pour tous et pour assurer la propriété, la gestion, la promotion et la conservation du cycle complet de l'eau en tant que "bien commun" ;
  • la promotion, le renforcement et le renouveau des pratiques de démocratie représentative dans le secteur de l’eau et l’aménagement du territoire, à partir des communautés de base autochtones jusqu’à la société mondiale (création d'une Autorité Mondiale de l'Eau, dotée de pouvoirs juridictionnels, législatifs et de sanction, comme c'est le cas actuellement, dans une approche purement technocratique, pour l’Organe de Résolution des Disputes du WTO.


L’organisation du Forum

Le 1er Forum Mondial de l'Eau est organisé par un Comité promoteur, composé, en tant que premiers signataires, du Comité international du Contrat Mondial de l’Eau et de la Coalition Mondiale contre la Privatisation de l'Eau. Ce Comité est ouvert à toutes les associations, mouvements et organisations des divers pays du monde, qui partagent les positions du Document de lancement du 1er Forum Alternatif Mondial de l’Eau.

L'organisation du 1er Forum Mondial est confiée à un Comité organisateur International composé d’associations et de groupes des différents pays du monde, actifs dans le domaine du droit à l’eau et contre la privatisation, prêts à s’engager concrètement dans la réalisation de l’initiative et l’organisation de séminaires thématiques.

Le Comité provisoire est actuellement par un premier regroupement d'organisations italiennes. La coordination du Comité organisateur est assumée par le comité italien du Contrat Mondial de l’Eau, ayant son siège à Milan, et représenté par son président Riccardo Petrella.

Les associations, groupes et mouvements qui partagent ce document, et sont intéressés à soutenir la réalisation du Forum Alternatif Mondial de l’Eau, ou à contribuer à la réalisation des séminaires thématiques, sont invités à adhérer au Comité promoteur à travers le site de la campagne www.contrattoacqua.it. Compte tenu de l’autofinancement du Forum, il est demandé une contribution (adhésion) de € 100 (cent euros) pour les associations et de € 250 (deux cents cinquante euros) pour les municipalités, régions et communes. Les modalités pour les versements sont indiquées sur le site www.contrattoacqua.it ou, pour la France, sur le site www.acme-eau.com.