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Dessin de tracé de fleuve

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Lille et ses canaux, du XIe au XIXe siècle

Mots clés : Lille, canaux de Lille, cité médiévale, 1298, Philippe le Bel, château de Courtai, 1603, 1617, enceintes, 1678, Louis XIV, citadelle, 1858, Wazemme, Fives, Esquermes, Moulins. cadastre napoléonien, 1881, Deûle, Becquerel
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Index du dossier
1. Lille et ses canaux
2. La cité médiévale
3. Vauban et la citadelle
4. Des égouts à ciel ouvert
5. Historique des canaux

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LES CANAUX DE LA CITÉ MÉDIÉVALE

Le château de Courtrai
Musée de l’Hospice Comtesse

 

La cité médiévale s’étendait selon l’axe sud-nord, depuis la Porte des Malades, actuellement la Porte de Paris, jusqu’à l’actuel Pont-Neuf, de l’avenue du Peuple Belge. L’enceinte de la cité s’étirait le long de l’axe routier méridien, allant de la Belgique (passant par Bruges et Gand) vers la Champagne et Paris. La rue des Malades (actuelle rue de Paris) au Sud et au Nord la rue de la Grande Chaussée constituaient cet axe méridien.

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Plan de Lille au XVIe siècle par Guichardin, exposé au musée de l'Hospice Comtesse, Lille

Lille était au XIe siècle composée de plusieurs îlots où s’établirent le forum, le castrum et l’oppidum. Dès le XIIe siècle, la cité s’agrandit, annexant ainsi le quartier Saint-Maurice (situé entre le canal des Ponts-des-Comines et le canal du Becquerel), le quartier Saint-Sauveur (situé entre le Becquerel et le canal des Hibernois), et le quartier Sainte-Catherine (situé entre le canal de la Baignerie, le fossé du mur d’enceinte, et le canal du Pont-de-Weppes). Au XIVe siècle, Philipe IV le Bel fit construire le château de Courtrai afin de contrôler la route de Courtrai-Gand (au nord de la ville) et protéger la ville des envahisseurs.

La cité médiévale était ainsi traversée par une multitude de canaux dont les eaux provenaient du cours de la Deûle et du Becquerel. À l’entrée de la cité, la Deûle faisait une chute de sept pieds environ et à sa sortie descendait d’une hauteur équivalente. La Deûle prendra successivement les noms de Haute-Deûle, de Moyenne-Deûle et de Basse-Deûle et connaîtra plusieurs aménagements successifs :

En 1245, pour permettre la circulation navale entre la Flandre et la mer, Jeanne comtesse de Flandre et du Hainaut fit aménager la Basse-Deûle. En 1267, la comtesse Maguerite ayant succédé à sa sœur un an plus tôt, donne le droit de pêche et le droit de péage pour toute une partie du cours d’eau qui allait du Pont du Rivage jusqu’à Deulémont (au nord-ouest de Lille, près de la frontière belge). En 1271, le Châtelain de Lille moyennant une somme de 1 500 livres d’Artois (monnaie de Flandre) s’engagea à créer un canal (dont la canalisation de la Haute-Deûle) de la Bassée jusqu’à Lille en passant par Haubourdin.

En 1285, Henri seigneur du Breucq vendit l’étang "le Plash de Fives" à la ville de Lille. De l’étang s’échappait plusieurs petits cours d’eau qui se rejoignant, donnaient le ruisseau du Becquerel dont les eaux étaient d’origines souterraines. Ces eaux ne gelaient jamais en hiver. Le ruisseau était aussi connu sous le nom de Chaude-Rivière. Le Becquerel passait au travers de la ville en passant par la porte de Fives, et prenant successivement les noms de Haut-Becquerel et de Bas-Becquerel. Ce dernier rejoignait le canal de la rue de Paris. Au cours du XVe siècle, le Becquerel subit quelques aménagements, les curages successifs ne suffisaient pas à limiter les inondations. Lors de violents orages, le Becquerel se répandait sur de larges étendues et les eaux entrainaient dans leur sillage des limons, obstruant les conduites souterraines des fontaines publiques. Pour y remédier, le Magistrat fit endiguer la rivière et creuser un canal conduisant le trop-plein du courant à la Basse-Deûle, mettant ainsi fin aux inondations. Les travaux commencèrent en 1515, et furent achevés en 1519, commandités par Charles Quint. Lors de l’agrandissement de la ville en 1617, le canal fut réaménagé, sa jonction directe avec la Basse-Deûle près du château de Courtrai fut supprimée. Le canal fut alors redirigé vers le canal des Sœurs-Noires. Ce canal fut connu sous le nom du canal des Vieux-Hommes.

Avant son entrée dans la ville, la Deûle se divisait en deux bras au niveau du lieu-dit "Le Fourchon". Seule la branche se dirigeant vers le Pont de Canteleu fut canalisée, l’autre appelée "le Fourchon" ou l’"Arbonnoise" traversait Esquermes et Wazemmes vers les murs de la cité médiévale. En 1566, le Magistrat détourna la moitié des eaux du Fourchon par le creusement du canal des Stations mettant en connexion directe la Haute-Deûle et le canal des Hibernois.

Les principaux canaux intérieurs suivant leur cours sont :

  • le canal de la Baignerie, suivi du canal de Weppes, du canal de la Monnaie, et du canal du Cirque. Le canal Saint-Pierre les reliait à la Basse-Deûle près de l’Hospice Comtesse où tournait le moulin Saint-Pierre. Au cœur de la place encerclée par le canal de la Monnaie et du Cirque, se trouve l’actuelle cathédrale de Notre-Dame de la Treille dont la construction date de 1854 ;
  • le canal des Jésuites, le canal des Molfonds, et le canal de la Vieille-Comédie. Ce dernier rejoignait successivement le canal de la Rue de Paris, le canal des Ponts des Comines, et le canal de la rue de la Quennette ; 
  • le canal des Poissonceaux, le canal des Boucheries, passant entre la Grande Place et la rue Saint-Nicolas, ces derniers étant reliés au canal de la Vieille-Comédie. Le canal des Poissonceaux était relié aussi au canal de la Baignerie à quelques mètres en amont du pont de Weppes ;  
  • le canal Saint-Clément et celui de la rue Quénette rejoignaient le canal des Sœurs-Noires, lequel se divisait en deux branches, l’un se dirigeant directement vers la Basse-Deûle et l’autre vers le canal du Pont Saint-Jacques, le canal du Pont de Flandres et le canal des Célestines pour enfin rejoindre la Basse-Deûle ; 
  • le canal des Hibernois rejoignait la Moyenne-Deûle à l’est et le canal des Molfonds à l’ouest. La Riviérette reliait le canal des Hibernois au canal du Becquerel.