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Dessin de tracé de fleuve

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États-Unis / Mexique
Une amitié embouée par les eaux usées

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
12/02/2020

Le parc de l’Amitié s’étend des deux côtés de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à un jet de pierre de l’océan Pacifique. Des Américains et des Mexicains y fraternisent à travers un mur de fer. En décembre dernier, une équipe du quotidien Le Devoir a souhaité y faire un reportage.

Des pluies avaient déferlé sur la région frontalière quelques jours auparavant et le système d’égout de Tijuana n’a pas suffi à la tâche, si bien qu’une boue liquide nauséabonde s’est échappée de la ville mexicaine nichée sur une colline, puis a traversé sans difficulté la haute clôture. Elle a envahi les États-Unis, par le sol et la mer, charriant des cailloux ainsi que des déchets de toutes sortes. Le parc voisin de Border Field s’en est trouvé parsemé. Les précipitations ne sont pas en hausse d’une année à l’autre, au contraire, mais elles sont plus abondantes, explique la coordonnatrice des programmes éducatifs de la réserve de l’estuaire de la rivière Tijuana, Anne Marie Tipton. Débordées, les infrastructures de l’agglomération de Tijuana, qui compte près de 1,5 million d’habitants, recrachent le trop-plein d’eau souillée vers le pays de l’Oncle Sam. En 2018, le Mexique a annoncé l’injection de plus 5,5 millions de dollars pour moderniser le système de traitement des eaux usées de Tijuana, y compris le remplacement d’une conduite maîtresse de plus de 4 kilomètres. Mais 430 millions de plus s’avéreront nécessaires pour résoudre entièrement le problème, estime l’État mexicain de Basse-Californie.

Pour l'heure, les autorités américaines interdisent la baignade à Imperial Beach, située tout près de la frontière mexicaine, dans le sud de la ville de San Diego en Californie, dès qu’elles détectent la présence de contaminants dans l’eau. Mais les communautés de San Diego et d’Imperial Beach ne sont pas les seules à pâtir des eaux usées du sud de la frontière. À Loredo, au Texas, les habitants subissaient le déversement par la ville voisine de Nuevo Laredo de près de 95 millions de litres d’eaux usées dans le Rio Grande par jour. Les villes frontalières mexicaines, comme Tijuana et Nuevo Laredo, ont connu un boom démographique dans les années 1990. Les Mexicains s’y sont établis en grand nombre afin d’y trouver un gagne-pain dans des entreprises tournées vers l’exportation qui flairaient la bonne affaire avec les États-Unis et le Canada après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), en 1994. En règle générale, ces villes se sont développées de façon plus ou moins ordonnée, en suivant des normes de traitement des eaux usées souvent moins sévères que celles en vigueur aux États-Unis, fait remarquer Anne Marie Tipton. Le problème est tel qu’il a surgi lors des négociations qui ont abouti à un nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Washington et Mexico se sont entendus pour effectuer des améliorations au système de traitement des eaux usées de Tijuana. Karen s’en réjouit. Cela dit, elle suspecte le locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, d’avoir agi pour les militaires de la force spéciale Navy Seals, qu’il affectionne. Certains d’entre eux éprouveraient des ennuis de santé après avoir pris part à des exercices dans l’océan Pacifique, qui jouxte leur base en banlieue de San Diego.

Reportage financé grâce au soutien du Fonds de journalisme international Transat-Le Devoir.

Le Devoir