Magazine H2o | La Visite du Président à Neuilly-sur-Marne | Infrastructures-Environnements urbains

Dessin de tracé de fleuve

Accueil > Dossiers > Infrastructures > La Visite du Président à Neuilly-sur-Marne
logo lien vers www.lemeeb.net

La Visite du Président à Neuilly-sur-Marne

Mots clés : SEDIF, Neuilly-sur-Marne, visite de rentrée 2025, une visite en nombre pour découvrir le pilote de la future filière membranaire
Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail

202509_SEDIF_neuillysurmarne_itl.jpg

LA VISITE DU PRÉSIDENT
Une visite en nombre pour découvrir le pilote de la future filière membranaire du SEDIF

Vendredi 12 septembre, André Santini, président du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) s’est rendu à l’usine de production d’eau potable de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) à l’occasion de la traditionnelle visite de rentrée du syndicat, celle que nous nous plaisons à dénommer "la Visite du Président". Aux côtés de Zartoshte Bakhtiari, maire de Neuilly-sur-Marne et vice-président du SEDIF, et de Luc Strehaiano, premier vice-président, il a présenté en présence de Magali Daverton, sous-préfète du Raincy, les chantiers majeurs engagés dans cette usine. Occupant aujourd'hui 25 hectares, l'usine produit en moyenne 300 000 mètres cubes d'eau potable par jour (l'équivalent de 100 piscines olympiques) assurant ainsi les besoins de plus d'1,5 million d'habitants..

Martine LE BECphotos – Nicolas Fagot, SEDIF

H2o – septembre 2025


La visite a fait étape sur les quatre chantiers en cours : la sécurisation de la prise d'eau ; la modernisation de l'unité d'ozonation, le nouveau centre de pilotage baptisé ServO et surtout la visite du pilote de la future filière membranaire haute performance qui entrera en production à partir de 2032 dans les trois usines principales du syndicat.


Le pilote membranaire haute performance

Le procédé, qui représente un investissement d'ampleur (un milliard d'euros pour les trois usines), a fait l'objet d'un débat public passionné il y a deux ans, avec encore aujourd'hui d'innombrables discussions sur le pour et le contre. Pour le SEDIF, il s'agit de répondre à la détection croissante de micropolluants, dont les inquiétants PFAS, dans les ressources exploitées pour produire de l'eau potable. Cette nouvelle étape de traitement, qui complétera la filtration sur charbon actif en grains déjà existante sur chacune des usines (Neuilly-sur-Marne, Choisy-le-Roi et Méry-sur-Oise produisant toutes les trois à partir d'eaux de surface), retiendra "la plus vaste gamme possible" de micropolluants. Elle combinera des membranes de nanofiltration et d'osmose inverse basse pression (OIBP) disposant de pores de 10 000 à 1 million de fois plus petits qu'un cheveu pour optimiser la rétention de ces micropolluants tout en gardant une dureté suffisante (d'environ 10 °f – pour information 1 °f est égal à 10 mg de calcaire/L).

Préalalablement au déploiement de la filière à l'échelle industrielle, le SEDIF vient donc de lancer au printemps dernier la mise en production de deux pilotes, le premier à Choisy-le-Roi et le second tout juste mis en fonction à Neuilly-sur-Marne. Ces pilotes vont produire chacun pendant un an 1 500 mètres cubes par jour (85 m3/h) d'une eau devant servir à des tests de qualité en même temps que seront examinés la composition des rejets, le comportement et le vieillissement des membranes ainsi que les consommations énergétiques et de réactifs. 

Le montant des études, travaux et de l'exploitation de ces pilotes s'élève à 5,50 millions d'euros HT. Pour la suite, le passage à l'échelle industrielle, le syndicat s'est vu accordé en juillet un prêt de la Banque des territoires à hauteur de 967 millions d'euros, qui va permettre la mise en chantier de la filière dès le premier semestre 2026. Consenti dans le cadre des "Aqua Prêts" de la banque de la Caisse des dépôts, ce prêt permettra de financer une partie des indemnités versées par le SEDIF à son délégataire, Franciliane (filiale à 100 % de Veolia), pour les travaux de déploiement de la technologie. Au-delà de son montant, le prêt est atypique par sa durée (30 ans), avec une phase de mobilisation de huit ans et une durée d’amortissement de trente ans.

202509_SEDIF_neuillysurmarne_1.jpg
Le pilote membranaire de Neuilly-sur-Marne : un modèle réduit entièrement fonctionnel mais à l'échelle 1/250e. Pour se faire une idée, les installations réelles seront juqu'à 40 fois plus hautes, et représenteront 3x le volume de l'unité de nanofiltration mise en service en 1999 à Méry-sur-Oise. Pour rappel, les trois usines principales du SEDIF produisent en moyenne respectivement un peu plus de : 300 000 m3/j pour Neuilly-sur Marne, 275 000 m3/j pour Choisy-le-Roi et 150 000 m3/j pour Méry-sur-Oise.
  

La sécurisation de la prise d'eau

L'usine puise l'eau de la Marne à partir d'une prise d'eau constituée de 3 files équipées de dégrilleurs. Plus loin, dans un bâtiment des nourricières, l'eau ainsi puisée est filtrée avant d'être dirigée vers les premiers traitements. Bien que partiellement rénovée en 2003 et en 2013, l'unité présente des signes de vétusté et d'obsolescence. La rénovation programmée à hauteur de 9,40 millions d'euros HT (dont 7,31 millions pour les travaux) vise : la création d'une quatrième file sur la prise d'eau, le replacement des dégrilleurs et bennes, la mise en œuvre d'un tamis de filtration supplémentaire et la création d'une nouvelle aire de stockage des déchets. S'y ajoute un volet de sécurisation de l'ouvrage aux risques d'inondation. 


La modernisation de l'unité d'ozonation

L'ozonation demeure le traitement le plus efficace pour l'élimination des virus. Elle joue également un rôle complémentaire à celui des ultraviolets et de la chloration pour le traitement bactérien. À Neuilly-sur -Marne, l'ensemble des équipements est regroupé dans un bâtiment conçu en 1973 : très beau, typiquement années 70, mais qui présente aujourd'hui d'importants signes de vétusté. Sa rénovation (dont le désamiantage et déplombage et la rénovation des toitures et façades) va s'associer à la refonte globale du l'unité de traitement : le renouvellement du process et le remplacement des installations électriques et des automatismes. Le montant des opérations est de 40,95 millions d'euros HT, dont 37,88 millions pour les travaux qui vont débuter avant la fin de l'année pour une durée de quatre ans et demi.  

202509_SEDIF_neuillysurmarne_2.jpg
Étape sur le pont-aqueduc reliant les différentes unités de l’usine réparties entre les deux rives de la Marne, rive gauche, les premiers traitements (prétraitement, floculation, décantation et filtration sur sable) et rive droite les suivants (ozonation, filtration sur charbon actif en grains, traitement UV, chloration). À droite, l'unité d'ozonation, en fonction depuis 1974 : ses équipements stratégiques actuellement implantés sous la cote des plus hautes eaux connues vont être déplacés et partiellement renouvelés en même temps que d'importants travaux de génie civil et de second œuvre seront réalisés sur le bâtiment. 
 

Le nouveau ServO

C'est aussi dans ce beau bâtiment des années 1970 qu'est en train d'être installé le nouveau ServO, centre de pilotage de l'entièreté des services du SEDIF. Les places sont disposées en "C" – à l'exemple du Conseil de sécurité des Nations unies, mais où la fresque du peintre norvégien Per Krohg est remplacée par un écran incurvé de six mètres de long et à hauteur de plafond et les draperies de la créatrice Else Poulsson, elles-mêmes remplacées par un vitrage donnant d'un côté sur la Marne, de l'autre sur des salles de logistique et de réunion. 

Dix ans après le lancement de son centre de pilotage hi-tech, le SEDIF entame ainsi une nouvelle phase d'amélioration de son outil. Les trois briques existantes (Approvisionnement, Distribution, Visualisation et calcul) sont perfectionnées (nouveaux capteurs, refonte des algorithmes, intégration de la modélisation, etc.).  Trois nouvelles briques sont construites, orientées sur : 1. le Patrimoine (la synchronisation et la stratégie prédictive) ; 2. les Usagers (le traitement des informations issues de l'activité) ; 3. l'Hypervision à l'appui d'un jumeau numérique. Qui ne voudrait pas travailler dans un tel environnement ? ▄

202509_SEDIF_neuillysurmarne_3.jpg

 

ResSources
Plaquette Neuilly-sur-Marne, l'usine d'eau potable accélère sa modernisation – SEDIF
Une première en France : Le SEDIF offre un débat public sur les filières de traitement de l’eau potable – H2O

Photo ci-dessous : l'usine profite de cette importante rénovation pour sécuriser sa distribution avec la mise en place d'une seconde conduite de gros diamètre (DN 2000). C'est aussi à cet emplacement que sera édifiée la filière membranaire haute performance.