Sobriété hydrique industrielle : Comment agir ?

Sobriété hydrique industrielle
COMMENT AGIR ?

Face à l'urgence climatique et à la raréfaction des ressources, la sobriété hydrique s'impose comme un enjeu majeur pour l'industrie française. Alors que le Haut-Commissariat à la stratégie et au plan estime que 88 % du territoire français pourrait être en tension hydrique durant l'été d'ici 2050, les industriels sont appelés à revoir leur rapport à cette ressource vitale. Comment repenser l’usage de l’eau ? Quels leviers activer pour garantir à la fois compétitivité et préservation de la ressource ? Face à ces défis, quelles stratégies et solutions concrètes mettre en œuvre dès aujourd’hui pour anticiper les tensions à venir ?

Valérie GONZALEZ – experte eau et méthanisation
Béatrice de COURCY – directrice conseil
GreenFlex

H2o – octobre 2025

Un secteur industriel fortement dépendant de l’eau

L'industrie française représente 8 % des prélèvements d'eau nationaux, avec des secteurs particulièrement exposés : la chimie (30 % des prélèvements industriels), l'agroalimentaire (8 %) et la papeterie (7,5 %) [Données issues d’un rapport gouvernemental relayé par Le Monde en 2023]. Cette dépendance se traduit par des besoins considérables : 25 litres d'eau pour produire 1 kilogramme de papier, 400 litres d'eau pour 1 kilogramme de sucre, et jusqu'à 600 litres pour 1 kilogramme d'acier [source GreenFlex].

Pour faire face à l’augmentation des épisodes de sécheresse et aux restrictions associées, les industriels ont tout intérêt à adopter une approche proactive de gestion du risque eau : systématiser la réduction de leurs consommations, optimiser les procédés de production, augmenter la réutilisation et le recyclage.

Révéler les synergies entre eau et énergie

Adopter une approche conjointe eau-énergie, c’est passer d’actions isolées à une stratégie intégrée qui fait émerger de nouveaux leviers de performance. Traiter ces enjeux de manière complémentaire permet d’optimiser à la fois les coûts et l’impact environnemental.

Des exemples concrets de double optimisation ; il qu'il s'agisse de récupérer la vapeur issue d’un procédé de déshydratation pour valoriser sa chaleur ; de diriger les effluents liquides organiques vers un méthaniseur pour produire de l’énergie ; ou encore de récupérer la chaleur de l’eau en sortie de station d’épuration pour des besoins thermiques internes.

Cette approche proactive transforme des "pertes" en ressources et maximise les gains en eau et en énergie.

La priorité : passer du réactif à la stratégie de long terme

Malgré une prise de conscience croissante des enjeux liés à la ressource en eau, des freins persistent chez les industriels. Le principal étant financier, avec des retours sur investissement parfois longs. Néanmoins, les subventions ou les primes CEE complémentaires se développent toujours plus, notamment pour des projets plus complexes comme la réutilisation des eaux usées ou la mise en place de procédés de méthanisation, qui nécessitent un changement de culture et l’appropriation de nouveaux métiers.

La sobriété hydrique ne pourra s’imposer durablement dans l’industrie que si elle s’inscrit dans une vision globale, dépassant la simple réaction à la crise. En intégrant systématiquement les enjeux eau et énergie et en mobilisant les dispositifs de soutien disponibles, les industriels peuvent transformer la contrainte hydrique en levier de résilience, de compétitivité et de durabilité. Les prochaines années seront déterminantes pour que l’industrie française devienne un acteur clé de la transition hydrique. ▄