Magazine H2o | Vers une cartographie des sols en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne | Brèves - Monde

Dessin de tracé de fleuve

Accueil > Brèves > Monde > Vers une cartographie des sols en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne


Initiative
Vers une cartographie des sols en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne

Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Dossier de
la rédaction de H2o
  
09/08/2022

Grâce à une contribution de 20 millions de dollars US de la part du gouvernement des États-Unis d’Amérique, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) donnera un élan décisif à un projet de cartographie numérique des nutriments des sols, promettant de fortes retombées en Amérique centrale et en Afrique subsaharienne. Ce type de cartographie des sols peut contribuer à améliorer l’efficacité de l’utilisation des engrais et concourir à la sécurité alimentaire et la nutrition.

"Cette contribution vient à point nommé pour nous permettre de généraliser le recours à la cartographie des sols dans les régions où elle est le plus nécessaire, et où nous voyons l’usage des engrais reculer à mesure qu’augmentent leurs prix", a déclaré Qu Dongyu, directeur général de la FAO, en saluant cet investissement. L’Ambassadrice Cindy McCain, représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de la FAO, a annoncé cette contribution lors d’une tournée de visites d’une semaine qu’elle effectuait au Guatemala et au Honduras. Ces fonds permettront de s’attaquer à ce qu’elle désigne comme "une crise alimentaire mondiale sans précédent" et de répondre aux besoins immédiats et à long terme de nombreux pays face à la flambée des prix des produits alimentaires et des engrais. Les incidences de la crise climatique, notamment les sécheresses fréquentes, les inondations et les hausses de température, compromettent la sécurité alimentaire et la nutrition. Il est essentiel de gérer les sols selon un mode durable, qui permette d’accroître la résilience et de s’adapter à cette évolution, et de le faire par des décisions éclairées et une surveillance permanente de la santé des sols. Ce financement servira principalement à cartographier de manière ciblée la teneur en nutriments des sols en vue de systématiser et d’améliorer les cartes pédologiques dont disposent déjà le Guatemala et le Honduras, ainsi que d’autres pays d’Amérique centrale et d’Afrique subsaharienne.

Près d’une personne sur six au Guatemala et au Honduras souffre de malnutrition, et la moitié environ ne peut se permettre un régime alimentaire sain, d’après le dernier rapport de la FAO sur L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Un tiers environ des terres arables d’Amérique centrale sont constituées de sols dégradés, proportion qui correspond grosso modo à la moyenne mondiale. L’agriculture de la sous-région se concentre traditionnellement dans les zones montagneuses, où les pentes sont particulièrement sujettes aux glissements de terrain et à l’érosion par l’eau. Ces forces, accentuées par les constantes météorologiques extrêmes que catalyse le phénomène La Niña, dont les effets sont souvent amplifiés par la déforestation et d’autres facteurs anthropiques, emportent les couches arables riches en matière organique, ce qui peut entraîner des déséquilibres dans les nutriments du sol. Parmi les conséquences de cette évolution, on doit citer une pression migratoire constante, qu’il s’agisse d’exode rural ou d’émigration des villes vers l’étranger. La pauvreté et la vulnérabilité aux catastrophes, qui réduisent à néant les moyens d’existence, sont particulièrement marquées dans le couloir de la sécheresse d’Amérique centrale, périmètre peuplé de 10 millions de personnes, ce qui en fait une zone de prédilection pour les initiatives de développement de la résilience que les cartes pédologiques viendront étayer. La FAO crée un système régional d’information sur les sols (SISLAC) servant au traitement des données pédologiques qui lui sont transmises par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

En collaboration avec ses États membres, la FAO travaille à l’établissement de cartes mondiales des nutriments des sols et de leur bilan nutritif. L’Organisation œuvre aussi à la mise en place du Système mondial d’information sur les sols (GLOSIS) et à l’instauration du Réseau mondial des laboratoires pédologiques (GLOSOLAN) dont la vocation est d’augmenter les capacités de ces derniers, notamment par la spectroscopie des sols qui permet une caractérisation rapide, rentable et non destructive des propriétés des sols. La Carte FAO/UNESCO des sols du monde, dont l’élaboration a débuté en 1961, et qui fait l’objet de mises à jour régulières, est une base de référence mondiale. L’intensification des travaux dans ce domaine, mobilisant souvent des technologiques géospatiales et d’apprentissage automatique, permet une plus grande précision et l’élaboration d’outils décisionnels qui tiennent compte de la nutrition, ouvrant ainsi la voie à de meilleurs retours sur investissement dans l’utilisation des intrants agricoles, dont les engrais.

FAO