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Dessin de tracé de fleuve

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Intensifier les efforts en faveur des ressources en eaux douces

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
28/08/2022

En Chine, certaines parties du plus long fleuve d'Asie, le Yangtsé, connaissent un niveau d'eau record, ce qui perturbe l'énergie hydroélectrique, interrompt la navigation et oblige les grandes entreprises à suspendre leurs activités. Des millions de personnes ont été victimes de coupures de courant. Parallèlement, en Allemagne, le niveau exceptionnellement bas du Rhin a affecté la navigation et l'économie. En 2022, dans de nombreuses régions de la planète, nous avons constaté les effets en cascade de la crise climatique sur les écosystèmes d'eau douce, avec des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes et intenses, entrecoupées d'inondations et de précipitations extrêmes. Au cours des cinq dernières années, un bassin fluvial sur cinq a connu des fluctuations des eaux de surface en dehors de leur plage naturelle. Selon les experts en environnement, ces exemples montrent qu'il est dangereux de considérer les écosystèmes d'eau douce comme acquis. Alors que le monde entier célébrait la Semaine mondiale de l'eau, du 23 août au 1er septembre à Stockholm, les pays sont invités à faire davantage pour protéger leurs lacs, leurs rivières et leurs zones humides, qui sont souvent négligés lorsqu'il s'agit de conservation. "Les écosystèmes d'eau douce présentent des avantages considérables pour la société, le climat, la nature, la biodiversité et les économies. Leur protection est donc une priorité absolue", déclare Joakim Harlin, chef de l'unité Écosystèmes d'eau douce du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). La pollution constitue une autre menace pour les habitats des eaux de surface, qui abritent 10 % de toutes les espèces connues et 55 % des poissons dont la survie dépend des écosystèmes d'eau douce. Les recherches du PNUE montrent qu'environ un tiers des rivières d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie souffrent d'une grave pollution pathogène. La pollution organique grave est présente dans environ un septième de tous les cours d'eau, et la pollution saline grave et modérée dans environ un dixième de tous les cours d'eau. Selon une étude mondiale récemment publiée et soutenue par le PNUE, la tendance de l'humanité à sous-estimer le monde naturel a déclenché une crise mondiale de la biodiversité qui pousse un million d'espèces vers l'extinction. L'une des conclusions du rapport est que les décisions politiques et économiques sont trop souvent fondées sur un ensemble étroit de valeurs marchandes qui ne tiennent pas compte des valeurs intrinsèques, spirituelles, culturelles et récréatives des écosystèmes. Les zones humides, par exemple, ont une valeur culturelle énorme, notamment pour les peuples indigènes, et sont un refuge pour tous, des observateurs d'oiseaux aux amateurs d'aventure.

Les zones humides intérieures végétalisées, en particulier, ont longtemps été sous-estimées. Pendant la majeure partie des 200 dernières années, les tourbières et les marais ont été considérés comme des marécages improductifs. Quelque 85 % d'entre eux ont disparu depuis 1700, nombre d'entre eux ayant été drainés pour faire place au développement. Mais de nouvelles données scientifiques suggèrent que les tourbières retiennent le dioxyde de carbone qui réchauffe la planète et stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde. Selon M. Harlin, le récent rapport démontre que "pour parvenir à un avenir durable et juste, nous devons reconnaître et intégrer la contribution des zones humides aux populations et à leur bien-être". Selon lui, il existe cinq clés pour préserver les écosystèmes d'eau douce. "Nous devons cesser de détruire et commencer à restaurer les zones humides ; cesser d'extraire à outrance de l'eau des rivières et des aquifères ; garantir la connectivité pour les poissons et les autres espèces aquatiques le long des voies d'eau ; lutter contre la pollution et assainir les sources d'eau douce, et utiliser les zones humides à bon escient et intégrer l'eau et les zones humides dans les plans de développement et la gestion des ressources." 

La sauvegarde des zones humides nécessite une surveillance, une protection, une restauration, une meilleure gestion, un financement et une priorisation par les gouvernements. Le PNUE réalise des progrès dans ce domaine en s'engageant auprès des gouvernements et des décideurs politiques afin d'améliorer la gestion des ressources en eau, de mettre en lumière les problèmes émergents et de travailler avec des partenaires pour rassembler et analyser les données relatives aux masses d'eau, notamment leur étendue et leur qualité au fil du temps. L'Initiative mondiale pour les tourbières, dirigée par le PNUE, en est un exemple. Il s'agit d'un partenariat qui s'attaque à la crise de la nature et du climat par le biais d'une collaboration sud-sud pour la restauration et la gestion durable des tourbières. Des outils tels que l'explorateur d'écosystèmes d'eau douce et la collaboration avec des scientifiques, des chercheurs et des analystes de données du monde entier, soutenus par le Centre PNUE-DHI sur l'eau et l'environnement, permettent d'obtenir des flux d'informations actualisés et fiables pour les décideurs et la communauté de l'eau au sens large.

Countries must step up efforts to protect freshwater sources, say experts – UNEP