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France
Alerte sur un nouvel émergent, nom de code : R471811

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
07/04/2023

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié le 6 avril les données de la dernière campagne de son laboratoire d’hydrologie de Nancy ayant permis de collecter plus de 136 000 résultats. Les prélèvements d’eaux brutes et traitées ont été réalisés sur tout le territoire français, y compris dans les territoires d’outremer. L’objectif était d’analyser des points de captage d’eau représentant environ 20 % de l’eau distribuée.

Les prélèvements ont englobé 157 pesticides et métabolites de pesticides, c’est-à-dire des composants issus de la dégradation des produits phytopharmaceutiques. 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées. Parmi les 7 composés "émergents" ayant conduit à des dépassements de la limite de qualité de 0,1 µg/litre, un cas en particulier se dégage : le métabolite du chlorothalonil R471811. Il a retenu l’attention des scientifiques sur deux points : d’une part, parce qu'il s'agit du métabolite de pesticide le plus fréquemment retrouvé (présent dans plus d’un prélèvement sur deux) ; d’autre part, parce qu'il conduit à des dépassements de la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois. Considéré par précaution (en l'occurrence par "manque de données") comme métabolite "pertinent" en 2021, ce métabolite du chlorothalonil s'est vu appliqué la limite de qualité de 0,1 µg/litre. Il a été inclus dans la campagne de prélèvements suite à la publication, en 2019, de données suisses indiquant qu’il était très fréquemment retrouvé dans les eaux de consommation et jusque dans certaines eaux embouteillées. Le R471811 est issu de la dégradation dans l’environnement du chlorothalonil, un fongicide interdit en France depuis 2020. Régis Taisne, chef du département cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) a confié au quotidien Le Monde : "Toutes les remontées que nous avons de nos adhérents indiquent que dans la grande majorité des cas, quand on cherche cette molécule, on la trouve, et souvent à des taux supérieurs au seuil de qualité." Mais ce qui inquiète au plus haut point, c'est que les technologies à mettre en œuvre pour lutter contre le métabolite – charbons actifs, nanofiltration et/ou osmose inverse – sont particulièrement coûteuses et énergivores.

L'ANSES pointe également la présence d'un autre métabolite de pesticide, le métolachlore ESA, dans plus de la moitié des échantillons prélevés. Il s'agit d'un résidu du S-métolachlore, une substance active herbicide de la famille des chloracétamides, qui entre dans la composition de différents herbicides. Avec 1 946 tonnes écoulées chaque année, le S-métolachlore est l'une des substances actives herbicides les plus utilisées en France. L'agence de sécurité sanitaire, mandatée pour évaluer et autoriser ou non les pesticides, avait d'ailleurs engagé une procédure de retrait de cet herbicide très utilisé sur le maïs, le soja et le tournesol, rappelle FranceInfo. Mais le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, lui a demandé de faire marche arrière, au nom de la "souveraineté alimentaire". 

ANSES

 

Eau potable en France : ce qu'il faut retenir du rapport de l'ANSES, qui révèle une vaste contamination aux résidus de pesticides – FranceInfo 
L'article donne plusieurs liens vers des rapports antérieurs.

L’eau potable en France contaminée à vaste échelle par les métabolites du chlorothalonil, un pesticide interdit depuis 2019
Stéphane Foucart – Le Monde  (accès réservé aux abonnés)