Magazine H2o | Agroécologie : Où en est-on sur le bassin ? | Brèves - Europe

Dessin de tracé de fleuve

Accueil > Brèves > Europe > Agroécologie : Où en est-on sur le bassin ?


France, Adour-Garonne
Agroécologie : Où en est-on sur le bassin ?

Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Dossier de
la rédaction de H2o
  
22/12/2025

Présenté au comité de bassin du 11 décembre, le rapport de mission Agroécologie dresse un état des lieux lucide et résolument constructif, de l’état de la transition agroécologique sur le bassin Adour-Garonne. Son message principal est clair : l’agroécologie progresse, mais lentement, et surtout de manière très hétérogène.

Les données analysées montrent des avancées tangibles : augmentation des surfaces en agriculture biologique, montée en puissance des mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC), diversification accrue des assolements, progression légère des légumineuses et baisse des achats d’engrais par exploitation. Ces évolutions confirment une trajectoire engagée depuis une dizaine d’années. Pour autant, certains indicateurs clés stagnent. L’usage global des produits phytosanitaires ne diminue pas significativement, même si leur nature évolue avec davantage de biocontrôle et moins de substances plus préoccupantes. L’agroécologie avance donc davantage par transformations progressives des pratiques que par ruptures franches. Le rapport met en lumière un point souvent sous-estimé : il n’existe pas une seule agroécologie, mais une diversité de trajectoires. Tous les acteurs interrogés s’accordent sur l’objectif – produire durablement en réduisant l’empreinte environnementale – mais divergent sur le rythme et l’ampleur des changements à opérer. Le rapport souligne également avec force un constat partagé par la profession agricole : le risque économique reste le principal frein à l’engagement. Dans un contexte de crises multiples – économiques, sanitaires et climatiques – changer de pratiques peut entraîner des surcoûts ou des pertes de rendement à court terme, alors même que les bénéfices environnementaux et agronomiques sont souvent différés. C’est pourquoi la mission insiste sur la nécessité d’un accompagnement, non pas pour subventionner indéfiniment des pratiques, mais pour sécuriser les phases de transition et permettre aux agriculteurs de tester, apprendre et ajuster.

Le rapport identifie plusieurs leviers structurants pour accélérer : le renforcement des démarches collectives territoriales, véritables moteurs de diffusion des pratiques ; la co-construction et la diffusion des connaissances, via des réseaux d’expérimentation et une meilleure capitalisation des résultats ; l’appui sur l’adaptation au changement climatique, qui rend de nombreuses pratiques agroécologiques incontournables ; le rôle clé des coopératives et des filières, capables de valoriser économiquement les pratiques vertueuses ; et enfin, des incitations financières ciblées, temporaires et orientées vers la prise de risque.

Adour-Garonne