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Dessin de tracé de fleuve

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Recueillir plus d'eau de pluie pour faire face aux changements climatiques

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
08/12/2011

Les prévisions de l'observatoire de l'Autorité du bassin de la Volta – VBA, effectuées à la veille de la saison pluvieuse écoulée, se sont avérées trop optimistes : les quantités de précipitations sont restées très en-deçà de la normale. Le barrage hydroélectrique de Bagré, dans l'est du Burkina Faso, dont les vannes ont été ouvertes ces deux dernières années pour laisser l'excédent d'eau s'échapper vers le Ghana est à son plus bas niveau de remplissage de ces dix dernières années. Le plus grand barrage du pays, celui de la Kompienga également construit sur la Volta, présente lui un déficit de 431 millions de mètres cubes selon le ministère de l'agriculture et de l'hydraulique. "C'est la preuve que les changements climatiques que nous avons depuis longtemps évoqués sont à nos portes ; cela signifie que pendant des années nous allons avoir très peu d'eau dans nos retenues", s'alarme Jacob Tumbulto, directeur par intérim de l'observatoire. "Nous devons tout faire pour avoir davantage de retenues pour mobiliser les eaux pluviales mais aussi aménager les vallées des fleuves afin qu'elles recueillent beaucoup d'eau qui peut être utilisée pendant la saison sèche." Selon Tumbulto, plus de 80 % des eaux qui tombent dans la région du bassin s'évaporent et selon les estimations seulement 14 % des eaux sont stockés. L'eau s'évaporant dans la partie en amont du lac de la Volta représente dix fois celle utilisée dans tout le bassin de la Volta, indique en outre la VBA.

Le bassin de la Volta couvre une superficie totale de 412 000 km2dont 85 %  se trouvent au Burkina et au Ghana, les 15 % restants se trouvent entre les quatre autres pays que traverse le fleuve : le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Mali, et le Togo. Environ 20 millions de personnes vivent dans ce bassin dont 70 % habitent en milieu rural et dépendent des retenues d'eau pour la production agricole qui est essentiellement pluviale avec des précipitations variant entre 500 et 1 100 mm par an. Le fleuve Volta reçoit lui-même moins de 10 % de la moyenne des précipitations totales.

L'amélioration de la gestion de ces eaux pluviales contribuerait à réduire la vulnérabilité des populations, confie le Dr Olufunke Cofie, coordinatrice du Programme pour l'eau et l'alimentation dans le Bassin de la Volta – CPWF. Le programme mis en place en 2003 vise à améliorer la gestion des eaux pluviales et petites retenues afin de contribuer à la réduction de la pauvreté dans les zones arides du bassin de la Volta. "L'un des défis dans la région du bassin de la Volta, c'est la volatilité des eaux de pluie : il pleut beaucoup pendant une courte période, et les producteurs doivent se préparer afin que cette eau qui tombe dans une brève période serve pendant longtemps pour la production agricole", explique Cofie. Selon elle, en dehors des retenues qui sont construites par les États et les ONG, certaines techniques utilisées par les populations comme ces petites retenues dans les champs pour retenir l'eau sont à explorer. "Nous sommes en train de voir ce qu'il faut faire pour ces zones où il n'y a pas de barrages mais où les populations doivent stocker l'eau de pluie", confie Cofie, ajoutant que son institution travaille à identifier des techniques traditionnelles locales comme le zai au Burkina qui seront ensuite répliquées dans les autres parties du bassin. (Le zai est une technique, répandue dans le sahel, qui consiste à faire un creux autour de la plante pour conserver l'eau.)

Brahima Ouédraogo, IPS (Ouagadougou) – AllAfrica 14-11-2011