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Dessin de tracé de fleuve

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Maghreb
Maîtriser l’érosion des côtes pour les générations futures

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
10/11/2021

Les zones côtières du Maghreb revêtent une importance capitale non seulement pour la préservation de la biodiversité – le bassin méditerranéen fait partie des 25 principales zones critiques de biodiversité au monde –, mais également pour le développement de l’économie bleue, synonyme de production de richesses, de création d’emplois et de source de revenus. La majorité de la population maghrébine vit sur le littoral ou à proximité, et de nombreux habitants sont tributaires des zones côtières qui pourvoient à leur subsistance. En Tunisie, par exemple, le tourisme et les activités en lien avec ce secteur, qui fournissent un emploi à quelque deux millions de personnes, ont contribué à 14,2 % du PIB en 2018 ; au Maroc, cette part ressortait à environ 18,6 % du PIB en 2017, assurant 16,4 % des emplois. L’intégrité des zones côtières et maritimes influe également de manière directe ou indirecte sur d’autres secteurs, comme la pêche. Les emplois de l’économie bleue (pêche, tourisme…) sont particulièrement importants pour les ménages à faible revenu ; leur disparition ferait basculer de nombreux pêcheurs et employés du tourisme dans la pauvreté. Le recul des plages saperait les nombreuses sources de revenus de l’économie bleue ; ce processus lent, déjà enclenché, a fait disparaître des plages et devrait s’accélérer avec les changements climatiques. L’érosion du littoral constitue une grave menace pour les moyens de subsistance des populations côtières. Dans un rapport récent, une équipe de la Banque mondiale a mené une évaluation des modifications du paysage côtier, en termes de superficies perdues et gagnées. Elle a constaté qu’entre 1984 et 2016, l’érosion des plages du Maghreb a atteint un rythme moyen de 15 centimètres par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm) ; seules les côtes d’Asie du Sud reculent à un rythme plus élevé. La Tunisie subit le taux d’érosion le plus important, avec un retrait annuel de près de 70 centimètres en moyenne, suivie de la Libye (28 cm). Au Maroc, le littoral sablonneux disparaît au rythme moyen de 12 centimètres par an sur la façade atlantique et de 14 centimètres sur la côte méditerranéenne (près de deux fois plus que la moyenne mondiale). Face à l’élévation du niveau de la mer et à la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, ces phénomènes d’érosion vont s’exacerber à terme.

L’érosion côtière grève considérablement le développement de l’économie bleue du Maghreb. Les coûts sont appelés à augmenter, exacerbés par l’élévation du niveau de la mer et des événements climatiques extrêmes. À l’avenir, les États du Maghreb devraient renforcer leur préparation à la lutte contre les effets néfastes de l’érosion côtière. Cela passe par l’adoption et la poursuite de programmes de gestion intégrée des zones côtières, ainsi que par la promotion de solutions de protection naturelles. Le rapport Blue Skies, Blue Seas à paraître formulera des recommandations sur la manière d’aborder le recul des côtes maritimes dans un contexte régional plus large.

Martin Philipp Heger, Lukas Vashold, Jesko Hentschel – Banque mondiale