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Dessin de tracé de fleuve

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Libye
Cadeau du désert

Mots clés : eaux souterraines, Benghazi, Fezzan, fleuve artificiel, Libye, Syrte, rivière artificielle, transferts d'eau, Tripoli
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Dossier de
Martine LE BEC
  
February 2003
Index du dossier
1. Cadeau du désert, reportage sur la Grande Rivière Artificielle
2. Plan des infrastructures et cartes hydrogéologiques
3. Quand le désert était fleuri
200303_libye_neolithique.jpg

QUAND LE DÉSERT ÉTAIT FLEURI

 

De l’eau en quantités colossales...
Mais d’où vient toute cette eau ?

par Véronique et François SARANO
co-auteurs du Guide de la Libye, Éditions Vilo / La Manufacture
25, rue Ginoux 75015 Paris
illustration Le Sahara néolithique – Ennedi

 

Quand le désert était vie…

Le désert n’est que sable et pierres : grès, croûte ferrugineuse, basalte, sels ou quartzites. Rien qui trahisse de prime abord un passé plus riant qu’aujourd’hui. Pourtant le sol rouge, riche en argile et en fer, qui teinte de feu d’immenses étendues, s’est formé à l’ère tertiaire, lorsque les pluies régulières permettaient le développement d’une savane boisée.
Climats arides et périodes humides se sont succédé au cours de l’ère quaternaire (1,8 millions d’années), modifiant radicalement les paysages, autorisant ou repoussant la vie. Alors que les glaciers recouvraient l’Europe, 18 000 ans avant J.-C., une sécheresse exceptionnelle étend le désert depuis le rivage de la Méditerranée jusque 500 km plus au sud qu’aujourd’hui.

Jamais le désert n’a été aussi peuplé

10 500 ans avant J.-C., le retour des pluies ramène des conditions climatiques plus favorables aux bêtes et aux hommes. Cette période humide s’intensifie jusque vers 6 500 ans avant J.-C. : c’est le "Grand Humide". Au sud du tropique du Cancer, les pluies régulières entretiennent lacs et marécages, entre lesquels s’étalent de larges plaines couvertes de savanes. Formé d'un ensemble de lacs et de marais, le lac Tchad (Paléothad ou Mégatchad couvre alors une surface supérieure à celle de la France, atteignant le bord du Tibesti. Au nord du tropique, le climat, plus sec, est marqué par de fortes précipitations hivernales. Nulle part, il n’y a de zones désertiques, même dans l’actuel Désert libyque. Éléphants, hippopotames, buffles, girafes, abondent dans ce sud saharien vert. Un bref épisode sec viendra interrompre cette abondance 5 500 ans avant J.-C. ; le lac Tchad régressera. Mais une nouvelle période humide s’installe dès 4 500 ans avant J.-C. Les pasteurs guident leurs troupeaux vers les pâturages et les points d’eau qu’affectionne la grande faune sauvage. Bêtes sauvages et hommes partagent la même ressource. L’art rupestre traduit la fascination que cette confrontation quotidienne exerçait sur les hommes de la préhistoire. Jamais le Sahara n’a été aussi peuplé…

Cette période bénie qui favorise l’extension de l’élevage et voit l’aube de l’agriculture, s’interrompt 2 500 ans avant J.-C., alors que les conditions changent et que le climat redevient aride. La grande faune africaine se retire vers le sud. Mille ans avant J.-C., le climat saharien est semblable au climat actuel. .