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L'eau en montagne & changement climatique

Mots clés : changement climatique, eau, montagne, États généraux, Megève
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Dossier de
Jean-François DONZIER
  
July 2010
Index du dossier
1. Les montagnes, châteaux d´eau de l´Europe
2. Les montagnes, zones de risques naturels
3. Une compétition de plus en plus vive entre les usages de l´eau
4. Une qualité des eaux et des milieux aquatiques en baisse
5. L´importance stratégique des lacs de montagne
6. L´adaptation de la gestion de l´eau aux effets du changement climatique, une urgence mondiale
7. Les États généraux de l´eau en montagne
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UNE QUALITÉ des eaux et des milieux aquatiques en baisse

 

Ce n’est pas parce que l’eau est bouillonnante qu’elle est propre : les sources et les torrents d’altitude peuvent aussi être pollués par les alluvions, par l’élevage ou l’activité humaine !

On s’est surtout préoccupé, dans les décennies passées, des "points noirs" en aval des grands fleuves, des grosses pollutions industrielles ou urbaines des plaines, mais sur les petites "rivières à truites" d’altitude, qui sont encore, Dieu merci, en assez bon état, l’effet des aménagements, de l’industrie, du tourisme ou de l’élevage est proportionnellement plus dégradant, du fait de débit généralement faible, surtout en périodes d’étiage.

Des problèmes ponctuels mais persistants d’assainissement, liés ou non à l’activité touristique, ou des pollutions diffuses (nutriments, bactériologie), liées aux élevages (bâtiments, gestion des effluents, abreuvage) ou à la filière laitière (fromageries, porcheries) s’exercent encore sur de petits cours d’eau avec une incidence aggravée par les étiages naturellement faibles, pénalisant les usages les plus exigeants (AEP et loisirs nautiques). Du fait le plus souvent de l’absence de zones classées comme "vulnérables" et de la petite taille des élevages, le Programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole n’a pas toujours eu de développement assez significatif en zone de montagne. Pourtant les besoins de stockage des effluents d’élevage sont importants du fait de la durée réduite de la fenêtre climatique pendant laquelle les épandages sont possibles, et de la relative rareté des terrains épandables.

Il faut signaler l’existence de pollutions métalliques, surtout liées à la géochimie naturelle des roches, mais pouvant être localement aggravées dans les anciens secteurs miniers. L’impact, dans certaines vallées, des activités d’industrie lourde traditionnelle, métallurgie, aciers spéciaux, chimie du carbone, explosifs… peut être significatif.

L’Arc alpin et les autres massifs touristiques connaissent encore des problèmes de pollution principalement dus à leur forte fréquentation de masse et à la concentration des touristes dans les stations et sur de courtes périodes. La neige de culture n’a, semble-t-il, pas d’impact sur la qualité de l’eau des ressources. Toutefois, une certaine vigilance est maintenue car les connaissances acquises, à propos des additifs, sont encore limitées.

Le changement climatique aura aussi un effet sur l’élévation de la température moyenne de l’eau ; notamment durant les étiages estivaux.

Cependant, l’impact le plus marquant provient des aménagements créés sur les "masses d’eau" de montagne : barrages hydro-électriques, seuils, endiguements, … sont ainsi principalement concernés les bassins du Doubs, de l’Ain, des Alpes du Nord, de l’Isère, du bas-Dauphiné et de la Durance.

Les milieux aquatiques et les zones humides montagnards sont caractérisés par leur richesse et leur densité, on constate leur recul ou leur dégradation ou la détérioration de leurs fonctionnalités sur de vastes territoires, du fait d’atteintes diffuses – drainage, re-calibrage de petits, voire très petits cours d’eau, etc. Mais surtout, la plupart des rivières et torrents alpins ont été canalisés ou endigués au cours des siècles et de nombreux barrages et seuils ont interrompu le passage longitudinal  et la continuité des écoulements. Il ne subsiste qu’un tout petit nombre de rivières naturelles dans les Alpes.  Sur les 12 300 kilomètres de rivières alpines françaises, 3 500 kilomètres sont assez fortement modifiés, dont 1 000 kilomètres sans doute de façon irréversible. Ces aménagements ont un fort impact sur l’hydromorphologie et ont pour conséquences la réduction du transport naturel des sédiments, l’érosion du lit des rivières en aval, l’abaissement des nappes, des difficultés de remontée des poissons migrateurs et une perte de biodiversité.

Les systèmes naturels  de rivières sont rares dans les Alpes et ceux qui subsistent doivent être protégés pour assurer la conservation d’espèces animales et végétales en danger  et la continuité doit être rétablie pour assurer la remontée des migrateurs. Il ne faut pas oublier que les rivières alpines se jettent dans la Méditerranée, la Mer Noire et la Mer du Nord…