H2o Magazine


Tunisie
Surexploitation des ressources : Qui sont les gaspilleurs ?

Dossier de
la rédaction de H2o
  
04/02/2023

Les chiffres publiés sont alarmants. Les barrages sont presque à sec. La consommation est à son plus haut niveau. Le gaspillage, le vol, les forages clandestins de puits, l'explosion du nombre d'exploitants de sociétés d'embouteillage de l'eau, les fuites dues à la vétusté du réseau d'adduction et de distribution et son manque d'entretien sont autant de facteurs qui contribuent à aggraver la situation. Selon la SONEDE (Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux), le volume d'eau distribué a atteint 679,9 millions de mètres cubes fin 2021 pour plus de 3 millions d'abonnés. C'est le Sud qui se place en premier avec près de 200 millions de mètres cubes, suivi par le Grand Tunis avec plus de 187 millions de mètres cubes, le Centre avec près de 135 millions de mètres cubes et le Nord (qui contient les plus grandes réserves) avec, seulement, 128 mètres cubes. Le Tunisien consommerait tous usages confondus 123 litres/jour. Le secteur agricole accapare environ 80 % des ressources ; c'est lui qui va pâtir le plus et de façon directe des pénuries. Le taux de fuites dans les réseaux s’élève à 40 % (montant incluant les fuites elles-mêmes, mais aussi les accidents et les raccordements clandestins). À côté de tout cela viennent désormais s’ajouter les prélèvements de l’industrie de l'eau embouteillée, un secteur en pleine croissance.  Doutant de plus en plus de la qualité de l’eau au robinet, le Tunisien s’est tourné vers l'eau en bouteille à partir des années 1990.

D'autres gaspillages doivent être mentionnés : dans les établissements publics, les administrations, les établissements scolaires et… les mosquées où les fidèles, oubliant les préceptes coraniques contre le gaspillage, déversent de grandes quantités d'eau pour leurs ablutions, alors qu’ils pourraient les pratiquer chez eux avant d'aller vers le lieu de prière.

Amor Chraiet, La Presse (Tunis) – AllAfrica