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Nombre record de personnes déplacées par les désastres climatiques

Dossier de
la rédaction de H2o
  
13/08/2021

Au cours de l’année 2020, un nombre record de personnes ont été déplacées en raison de désastres, selon l’Internal Displacement Monitoring Center (IDMC). L’organisme fait état de 30,7 millions de nouveaux déplacements liés aux catastrophes climatiques et géophysiques, soit trois fois plus que ceux causés par les conflits et la violence (9,8 millions). Les régions les plus problématiques sont l’Asie de l’Est et le Pacifique, ainsi que l’Asie du Sud, en raison de leur vulnérabilité face aux cyclones, aux moussons et aux inondations. Dans ces régions, des millions de personnes vivent dans les deltas, sur les côtes et dans d’autres terres basses propices aux inondations et à l’érosion. L'événement le plus perturbateur de l’année dans la région a été le cyclone Amphan, qui a provoqué près de cinq millions d’évacuations au Bangladesh, en Inde, au Myanmar et au Bhoutan en mai 2020. La vulnérabilité climatique n’est toutefois pas la seule raison expliquant l’ampleur du phénomène, précise Vincent Fung de l'Internal Displacement Monitoring Center. Le manque de planification lors de la construction, que ce soit sur le plan du choix de l’emplacement ou sur celui des matériaux, vient aggraver une situation déjà fragile. Le taux d’urbanisation dans la région Asie de l’Est et Pacifique Est le plus élevé du monde, l'urbanisation rapide et souvent non planifiée augmente le risque de déplacement en cas de catastrophe en concentrant les populations dans les zones exposées aux aléas. Par ailleurs, de gigantesques projets tels que des barrages modifient les bassins fluviaux et amplifient les risques d’inondation ou de sécheresse. Au cours des prochaines années, les inondations pourraient entraîner le déplacement de six millions de personnes par an, en moyenne, en Asie du Sud, ce qui en fait la région ayant le plus haut risque de déplacement du monde, souligne l'IDMC. L’Amérique du Nord n’est pas épargnée. Le cinquième pays le plus touché du monde, les États-Unis, est victime des tempêtes tropicales, mais aussi des feux de forêt. Ce sont eux qui causent le plus grand nombre de déplacements en Amérique du Nord. Au Canada, 26 000 déplacements ont eu lieu en 2020, la plupart aussi causés par des inondations, des températures extrêmes et des feux de forêt. Le plus grand risque de déplacement au Canada viendra cependant dans quelques décennies, entre 2050 et 2100, estime Robert McLeman, professeur agrégé à l'Université Wilfrid-Laurier, à Waterloo. L’élévation du niveau des mers touchera alors plus fortement les régions côtières, notamment Vancouver et Charlottetown, tandis que la fonte du pergélisol pourrait entraîner la relocalisation de villages entiers.

Les phénomènes environnementaux à évolution lente, comme l’élévation du niveau de la mer, sont moins spectaculaires que les cyclones, mais tout aussi préoccupants sur le long terme. C’est le cas également de la sécheresse, qui touche des millions de personnes en Afrique. Des pays d’Afrique subsaharienne comme le Mali, l’Éthiopie, la Somalie ou le Kenya risquent d’en subir les effets, précise M. McLeman. En ce qui concerne la sécheresse, le processus de déplacement est un peu différent. Les possibilités d’intervenir et d'aider les fermiers exposés. Font que les sécheresses ne causent pas le déplacement du même nombre de personnes, mais cela demeure très difficile pour les gens qui tentent de survivre dans un environnement hostile. Un récent rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) explique comment les conditions climatiques incertaines du Mali, dans le Sahel, agissent ainsi contre les efforts de consolidation de la paix.

La Banque mondiale prévoit qu’il y aura 143 millions de déplacés internes en 2050 si les événements climatiques extrêmes s’intensifient, comme le projettent les modèles. L’Organisation internationale des migrations (OIM) s'inquiète également de l’augmentation de la température dans des zones du monde très chaudes. Près d'un million de personnes vivent déjà dans des régions tropicales et subtropicales où le stress thermique est très fort. Avec la hausse des températures, l’OIM estime que de 30 à 60 millions de personnes se retrouveraient dans des régions où, pendant les mois les plus chauds, l’air ambiant serait trop chaud pour le fonctionnement normal du corps humain. Des migrations importantes sont donc à prévoir.

Ximena Sampson – Radio-Canada