LES TOILETTES
Une question de dignité
dossier réalisé par la COALITION EAU
exposition German Toilet Organization
Place René Cassin
Paris 14-16 mai 2009
organisée par la Ville de Paris
H2o – mai 2009
Où iriez-vous vous cacher ? Entre deux voitures ? Derrière un mur, un bac à fleurs, une poubelle, un parapluie... ?
Pour briser le tabou du manque d’accès aux toilettes
partout dans le monde, les ONG Eau Vive, Hydraulique Sans Frontières,
Ingénieurs sans Frontières, WWF-France, membres de la Coalition Eau,
ont présenté, en partenariat avec la Ville de Paris, de présenter en plein
cœur de la capitale, sur la place Renée Cassin, dans le 1er arrondissement,
l’exposition "Les toilettes, une question de dignité".
Dans la continuité de l’année internationale de
l’assainissement déclarée par l’ONU en 2008, cette exposition
développée par la German Toilet Organization et soutenue par les
Nations Unies, a déjà été accueillie à New York, Berlin, Singapour et
Nairobi. Elle permet de briser le silence et le désintérêt qui
entourent cette question fondamentale.
Lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 13
mai à l’hôtel de Ville, Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris
chargée de l’eau, de l’assainissement et des canaux, Erik Orsenna, de
l’Académie française, Laurent Chabert d’Hières, de la Coalition eau et
Cathy Martinez, de Solidarités Eau Europe ont rappelé que la réalité du
manque d’accès aux toilettes touche quotidiennement plus de 2 milliards
d’êtres humains – 2,6 milliards au bas mot, engendrant des conséquences dramatiques,
principalement dans les pays en développement : deuxième cause de
mortalité des enfants de moins de 5 ans, impacts sanitaires lourds
causés par les maladies hydriques, freins économiques, dégradations
environnementales, entrave à l’éducation des enfants.
Les collectivités locales disposent pourtant d’un
levier d’action important depuis l’adoption de la loi Oudin en 2005,
qui leur permet de consacrer jusqu’à 1 % de la facture de l’eau à des
actions de coopération décentralisée dans les domaines de l’eau et de
l’assainissement. La Ville de Paris a créé un fond d’un million d’euros
par an à cet effet, sélectionnant 25 projets depuis 2005, pour un total
de près de 300 000 bénéficiaires. Les Parisiens, comme les autres
communes françaises qui ont choisi de mettre en place un tel
dispositif, sont donc solidaires de ces actions.
Enfin, l’exposition est aussi l’occasion de
s’interroger sur une réalité qui ne concerne pas exclusivement les pays
en développement : aux portes de la France ou même à l’intérieur de nos
frontières, le problème est parfois loin d’être réglé. Là encore, des
solutions existent et les pouvoirs publics doivent se saisir de la
question.
L’exposition met en scène des silhouettes à taille
humaine, illustrant concrètement l’absence de toilettes. Chaque silhouette interpelle avec cette question "Où iriez-vous vous cacher ?" et évoque avec humour et gravité ce que nous serions contraints de faire si nous n’avions pas accès à des sanitaires préservant notre intimité et notre dignité. La mise en scène est complétée par des murs d’information et des flyers sous forme de coupons
de papier hygiénique.
L'AMPLEUR DE LA CRISE
La question de l’assainissement n’est pas toujours bien comprise, ni dans ce qu’elle couvre, ni dans ses impacts sur notre vie quotidienne. Voici quelques éclairages utiles…
L’assainissement, de quoi parle-t-on ?
L’assainissement domestique consiste à évacuer puis traiter l’ensemble des rejets domestiques, solides (déchets ménagers) ou liquides (eaux usées).
Dans nos sociétés, le cycle de l’assainissement domestique des eaux usées comprend 3 étapes : l’évacuation des eaux usées (des toilettes, de la cuisine, de la salle de bain), leur acheminement via un réseau de canalisation des habitations jusqu’à un lieu de traitement (station d’épuration, lagunes) et le traitement de ces eaux avant le rejet dans le milieu naturel et l’élimination des boues produites lors de la clarification des eaux usées. Ce cycle est surtout valable pour les villes et les villages ayant un habitat concentré. En effet, dans les zones d’habitat dispersé, le système d'assainissement est individuel. Il se compose alors d’une fosse septique suivie d’un épandage souterrain.
Mais ce schéma complet est loin d’être une réalité partout. Dans plusieurs régions du monde, ce que l’on appelle la crise de l’assainissement commence par l’absence d’accès à des toilettes, première étape indispensable à la mise en place du cycle de l’assainissement. L’accès à des toilettes est encore loin d’être assuré dans de nombreuses régions du monde : 2,6 milliards de personnes en sont encore privées, soit près de 40 fois la population de la France !
Ces personnes n’ont pas accès à un assainissement de base, c’est-à-dire à des latrines (toilettes sèches). Si les chiffres prenaient pour référence le modèle que nous connaissons ici (toilettes "à siphon" ou "en eau" avec évacuation vers un égout ou une fosse septique), alors ce seraient 4 milliards de personnes qui ne disposent pas d‘un système d’assainissement adéquat (Source : Rapport mondial sur le développement humain, Programme des Nations Unies pour le développement – PNUD, 2006).
La Coalition Eau a décidé de concentrer ses efforts de sensibilisation sur cette première étape, celle des toilettes, car si le Nord peut se permettre d’aborder les questions plus complexes d’évacuation et de traitement, une grande partie de l’humanité est encore privée de ce minimum vital que sont les toilettes, minimum sans lequel les autres étapes de traitement n’ont aucun sens.
Les conséquences mal connues de l'absence d'accès à l'assainissement
Des conséquences sur la santé – En l’absence de toilettes, la manière traditionnelle de se soulager (en pleine nature, dans des sacs plastiques, à proximité d’habitations ou de points d’eau) engendre de graves risques sanitaires. Les excréments, qui sont des réservoirs à microbes, se retrouvent à la portée des adultes et des enfants, des animaux et des insectes, et contaminent les cours d’eau puisqu’ils ne sont pas stockés dans un endroit clos, ni évacués loin des lieux d'habitation pour être traités. Ces excréments sont dangereux : 1 gramme peut contenir jusqu’à 10 millions de virus, 1 million de bactéries, 1 000 kystes parasites et une centaine de larves (Source : Année internationale de l’assainissement, vue d’ensemble, UNICEF). L’absence d’infrastructures d’assainissement entraîne leur dissémination dans l'environnement. Ainsi, ces microbes se propagent partout : pollution des eaux de surface, infiltration dans les sols, propagation par les mouches et par les personnes. Ces vecteurs de transmission peuvent ensuite être en contact avec l’eau ou la nourriture qui va être ingérée. De même, si l’endroit servant à la défécation se trouve à proximité du point d’eau (puits), l’eau sera polluée. Souvent, cette eau sera consommée par des familles entières. Cette ingestion ou ce contact avec une eau polluée par les excréments est mortelle. Les maladies hydriques (notamment le choléra et la typhoïde), dont la transmission est directement liée à l’existence de contacts entre les personnes et les agents pathogènes présents dans les excréments humains, sont responsables de 1,8 millions de décès par an, dont 90 % sont des enfants de moins de 5 ans : il s’agit de la 2ème cause de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans (Source : Rapport mondial sur le développement humain, PNUD, 2006). Le risque de transmission de maladies est donc très élevé et comporte de trop nombreuses répercussions sur la santé, la société et l’environnement.
Des conséquences sur la vie quotidienne des jeunes filles et des femmes – L’absence d’accès aux toilettes a des conséquences plus importantes encore pour les personnes handicapées, les enfants en bas âge mais aussi les femmes et les jeunes filles. Dans les villages, le manque d’assainissement, la proximité des maisons et l’absence de couverture végétale obligent les femmes à trouver, à la nuit tombée, un lieu à l’abri des regards. Elles sont ainsi exposées à tous types de risques (risques de violence ou de harcèlement, présence d’animaux sauvages, etc.). Pour les filles, l’absence de système d’assainissement dans l’enceinte de l’école peut aller très loin : certains parents préfèrent que leurs filles sortent du système éducatif à la puberté, parce que leur dignité et leur sécurité ne seront plus assurées. L’accès à l’assainissement de base dans les écoles constitue, dans ce cas, un argument de plus facilitant la scolarisation des filles comme celle des garçons. Une étude réalisée par le gouvernement du Bangladesh et l’UNICEF a montré que la scolarisation des filles pouvait augmenter de 11 % simplement en leur fournissant des installations sanitaires (Source : Evaluation of the use and maintenance of water supply and sanitation systems in primary schools : phase 1 : final report, DPHE – DPE – UNICEF, 1994).
Des conséquences sur l’environnement – Malgré une certaine capacité d’autoépuration des milieux aquatiques, dans bien des zones aujourd’hui, les cours d’eau ne peuvent plus faire face à l’augmentation de la pression liée à l’activité humaine. En raison de l’absence de toilettes, les éléments pathogènes contenus dans les excréments s’infi ltrent dans les eaux souterraines, les lacs ou les rivières. Ces rejets, sans traitement, provoquent l’asphyxie des plans d’eau (la pollution génère la prolifération d’algues qui monopolisent l’oxygène disponible dans l’eau). Ils rendent insalubres des sources d’eau souvent utilisées et consommées par des humains.
Des conséquences économiques – L’accès à l’assainissement a aussi des conséquences économiques à l’échelle d’un pays : les maladies liées à la contamination des eaux impliquent des dépenses de santé colossales pesant sur le budget des ménages et de l’État. Prévenir ces maladies grâce à la mise en place d’un système d’assainissement permet de réduire considérablement certaines de ces dépenses. L’OMS estime qu’atteindre l’OMD Assainissement permettrait d’économiser 66 milliards de dollars US en temps, en productivité, en maladies évitées, en dépenses médicales et en frais d’enterrement (Source : Evaluation of the costs and benefits of water and sanitation improvements at the global level, Hutton G. et Haller L., OMS, 2004).
La solution existe pour des millions de vies : l'assainissement
Contenir les excréments hors de portée des hommes, des insectes et des sources d’eau, par l’installation de toilettes, permet de mettre un terme au cercle vicieux de la contamination. Des moyens effi caces existent pour empêcher la dissémination de la pollution d’origine fécale dans le milieu environnant et pour traiter efficacement les excrétas de façon à ce qu’ils ne présentent plus de risque pour la santé publique et pour l’environnement : il serait inacceptable de rester les témoins passifs de l’insalubrité infl igée aux plus vulnérables.
Dès lors, pourquoi tout le monde n'a pas de toilettes ?
Parce que l’assainissement n’est toujours pas considéré comme une priorité dans les contextes où l’accès à l’eau potable n’est pas assuré.
Parce que la demande des populations pour l’assainissement est faible, car le lien entre manque d’assainissement et maladies n’est pas toujours bien assimilé.
Parce que l'assainissement est un sujet perçu comme intime et tabou, ce qui incite les décideurs locaux à considérer qu’il relève de la sphère privée et freine les pouvoirs publics dans le développement de plans d’actions.
Parce que les financements manquent. Ce manque de financements nationaux et internationaux consacrés à l’assainissement freine le développement de programmes d’accès.
LA RÉALITÉ LÀ-BAS... ET ICI
Le manque d’accès à l’assainissement touche près de 41 % de la population mondiale. La situation est particulièrement préoccupante en Afrique subsaharienne, où le taux d’accès à l’assainissement est le plus faible : 63 % des habitants n’ont pas accès aux dispositifs d’assainissement de base, particulièrement en milieu rural. Dans d’autres proportions, cette crise touche aussi certains pays européens voisins où l’accès à l’assainissement n’est pas un dossier réglé. En France enfi n, certaines populations n’ont pas accès à des toilettes. Il est utile de rappeler brièvement quelle est la situation à ces différents échelons…
La réalité là-bas, en Afrique
La crise de l’assainissement en Afrique touche 6 habitants sur 10 – En Afrique subsaharienne, seuls 37 % des habitants ont accès à l’assainissement. Dans certains de ces pays, en raison d’une augmentation de 85 % de la population urbaine entre 1990 et 2004 et malgré les efforts fournis, le nombre de ménages urbains n’ayant pas accès à l’eau potable ou à l’assainissement aurait doublé depuis 1990 (Source : Atteindre l’OMD relatif à l’eau potable et à l’assainissement, le défi urbain et rural de la décennie, OMS et UNICEF). En l’absence de toilettes, les populations sont contraintes de se "soulager" à l’extérieur de leurs habitations, dans le milieu naturel. La proximité de ces excréments expose les populations à de nombreux risques sanitaires, au prix de vies humaines. En Afrique, toutes les heures, 115 personnes meurent de maladies liées à un assainissement défectueux, aux problèmes d’hygiène ou à de l’eau contaminée (Source : faits et chiffres sur l’assainissement, site Internet de l’OMS). L’ampleur de la crise est telle qu’il est impératif d’envisager des interventions nationales. Les projets ponctuels ne suffi ront pas à résoudre les impacts sanitaires colossaux du manque d’accès à l’assainissement de base et à l’hygiène. La mise en place de vastes plans nationaux pour la réalisation d’infrastructures sanitaires est indispensable. De plus, elle ne suffit pas à elle seule pour susciter, au niveau des individus, une prise de conscience des impacts sanitaires : la promotion de meilleures pratiques d’hygiène et d’assainissement de base est une exigence de santé publique et une nécessité pour améliorer la santé et la qualité de vie des communautés, notamment en zone rurale.
Quelle est la réalité d’un quotidien sans toilettes ? – La réalité d’un quotidien sans ouvrages d’assainissement signifie la défécation en plein air et l’absence de système d’évacuation des eaux usées. En cas de dispositif d’assainissement, le problème n’est pas réglé s’il est inadéquat. Illustration basique : souvent, les excréments sont déposés dans une fosse sèche dont le fond est rarement bétonné. Et si l’implantation de l’ouvrage n’a pas tenu compte de certaines normes (éloignement des puits), les excréments contenus dans la fosse peuvent, par infiltration souterraine, polluer les nappes phréatiques dans lesquelles est puisée l’eau pour la consommation humaine.
En Afrique subsaharienne, les disparités d’accès à l’assainissement sont particulièrement importantes entre le milieu urbain et rural, avec une différence de 29 points, respectivement 55 % et 26 % en 2002 (Source : Objectif 7 Assurer un environnement durable, ONU).
En milieu rural, peu de personnes ont conscience qu’une défaillance en matière d’assainissement est source de
nombreuses maladies. L’absence d’accès à l’assainissement est d’abord ressentie comme un problème nuisant à l’intimité plutôt qu’un problème sanitaire. Les individus peuvent être contraints
de se lever à l’aube afin de trouver un endroit pour déféquer à
l’abri des regards, parfois très éloigné,
de traverser les champs, les
voies ferrées, et les routes dans
l’obscurité au risque d’être agressés
ou attaqués par des animaux
(morsures de reptiles par exemple),
ou de se retenir parfois toute
la journée pour attendre l’obscurité
du soir, plus propice pour se cacher.
Dans les villes
Les structures d’assainissement
sont très marginales. Traditionnellement,
elles se résument à un
système de fosse sans couvercle
où les excréments sont stockés.
Les excrétas sont en contact avec
les êtres humains par l’intermédiaire
des mouches. Lorsque la
fosse est pleine, elle est vidangée.
Les boues de vidange sont rejetées
sans traitement dans des
décharges publiques à l’intérieur
des villes ou dans des lieux périphériques
en plein air. Ces sites
de rejet sont le plus souvent à proximité des lieux de vie humaine
ou de sources d’eau, ce qui engendre
d’importants problèmes
localement. Ces problèmes prennent
d’autant plus d’ampleur face
à une croissance démographique
importante en milieu urbain et à
des infrastructures souvent vétustes
ou en voie de dégradation.
À Kibéra, plus grand bidonville
d’Afrique subsaharienne situé au
centre de Nairobi, les habitants
n’ont pour la plupart pas accès
à l’assainissement : ni toilettes
privées ni toilettes publiques. Ce
défi cit contraint les habitants à
déféquer dans des sacs en plastique
qu’ils jettent ensuite dans des
fossés ou en bordure de route.
C’est ce qu’on appelle là-bas les "toilettes volantes".
Lorsqu’il existe un système d’assainissement,
il s’agit la plupart du
temps de latrines à fosse. Dans
certains endroits, 150 personnes
doivent partager une même latrine,
ce qui ne permet ni de s’isoler ni
d’assurer les conditions basiques
de sécurité et d’hygiène. Ces latrines
sont souvent mal entretenues,
et les fosses peu profondes débordent
dès qu’il pleut.
Les habitants de ce bidonville n’ont
pas les ressources suffi santes
pour mettre en place un système
d’assainissement : la construction
de latrines à fosse coûte environ
45 dollars US, soit deux mois de
salaire minimum. Parallèlement, la
municipalité de Nairobi ne fournit
pas de services d’assainissement
à Kibéra. Rappelons ici que selon
le PNUD, les chiffres fournis par
le gouvernement kenyan au titre
des OMD indiquent que 99 % de la
population de Nairobi dispose d’un
système d’assainissement, chiffre
qu’il qualifie "d’invraisemblablement
élevé" (Source : Rapport
mondial sur le développement
humain, PNUD, 2006).
La réalité à nos portes, en Europe
À 2 heures de France, des
millions d’européens n’ont
pas accès aux toilettes – L’assainissement est un sujet
souvent oublié dans les anciens
pays du bloc soviétique. Pourtant,
il est loin d’être anecdotique dans
les pays d’Europe orientale.
Si de façon générale, les résultats
en matière d’accès à l’assainissement
dans les pays d’Europe de
l’est sont meilleurs que la moyenne
des pays à revenu faible ou
intermédiaire, il reste de sérieux
efforts à fournir. Selon les données
les plus récentes, sur les quelques
877 millions de personnes qui
vivent dans la Région européenne,
telle que défi nie par l’OMS, environ
85 millions d’habitants (10 %)
ne bénéfi cient pas encore d’un
assainissement de bonne qualité,
et cette situation n’a pratiquement
pas évolué ou s’est détériorée
dans certaines zones. Ces conditions
médiocres ou inexistantes
d’assainissement ont les mêmes
répercussions qu’en Afrique :
elles tuent. Selon une estimation
de l’OMS, 13 500 Européens de
moins de 14 ans meurent chaque
année suite à des maladies notamment
liées à des problèmes
hydriques (Source : Une eau plus
potable et un meilleur assainissement
préviendraient des millions
de cas de maladies hydriques
chaque année dans les pays européens,
OMS Bureau régional de
l’Europe, communiqué de presse
2005).
Les maladies d’origine hydrique et
dues à une mauvaise hygiène représentent
une lourde charge: en
2005, 166 000 cas ont été notifiés
dans la région européenne.
La réalité d’un quotidien
sans toilettes dans les zones
rurales d’Europe
– La propagation de maladies
transmises par l’eau est particulièrement
fréquente en Europe
de l’Est. Et la situation est encore
plus grave dans les zones
rurales.
Dans la plupart des pays de cette
région, c’est en moyenne 20 % de
la population qui vit dans les zones
rurales. Les chiffres relatifs aux
taux de raccordement en milieu
rural sont parlants: c’est plus de
la moitié de la population qui ne
dispose pas d’un approvisionnement
fi able en eau potable et/ou
de systèmes d’assainissement
adéquats.
Le système d’assainissement de
base se résume à de simples latrines
de fortune, non étanches, et
la plupart des excrétas humains et
"eaux grises" (eaux usées d’origine
domestique) sont déversés
directement dans la nature, ce qui
engendre des impacts lourds sur
l’environnement et augmente les
risques de contamination des puits
utilisés pour collecter l’eau servant
à la consommation humaine. De
plus, comme en ville, quand un
système d’assainissement existe,
il se dégrade faute d’entretien. Le
délabrement des infrastructures
est un frein majeur au développement
rural. Les moyens d’investissement
sont faibles, et on constate
très souvent un manque de compétences
locales pour élaborer les
solutions techniques.
Même dans les pays récemment
entrés dans l’Union Européenne,
les problèmes persistent. En
Bulgarie par exemple, les systèmes
d’adduction d’eau sont relativement
bien développés et desservent la
quasi totalité des populations. En
revanche, dans les zones rurales
où vit environ 15 % de la population,
les systèmes de collecte
et de traitement des eaux usées
sont quasi inexistants. Faute de
système permettant de mettre les
excréments à l’écart de tout contact
avec les humains, ils s’exposent à
une contamination de leur environnement
et de leur eau, avec des
répercussions directes sur la santé
et les conditions de vie.
La réalité ici, en France
En France, pays riche qui apparaît
dans les statistiques comme
fournissant un accès à l’assainissement
à 100 % de sa population,
certaines populations n’ont pourtant
pas accès à des toilettes.
Ce n’est que très occasionnellement
que l’assainissement fait
l’actualité en France. Exceptionnellement,
début 2008, les médias se
faisaient le relai d’un rapport annuel
de l’Observatoire national de la
sécurité des établissements (ONS)
et rapportaient que les WC utilisés
par les enfants dans certaines
écoles étaient mal entretenus, mal
nettoyés, et manquaient d’intimité,
obligeant les élèves à attendre de
rentrer chez eux pour se rendre aux
toilettes. Avec une prise de risque
importante : infections urinaires,
constipations voire incontinences
futures.
Des populations exclues de
l’accès aux toilettes
– La question des exclus des toilettes
ne fait pas la Une des journaux.
Et pourtant, la France compte
aussi ses exclus des toilettes :
ils sont en minorité et souffrent
pour la plupart d’autres exclusions,
celle de l’accès à des toilettes n’en
étant qu’une parmi d’autres. La
situation des personnes handicapées
est ainsi loin d’être réglée.
Si des efforts sont fournis pour
développer des cabines adaptées
aux contraintes de déplacement
des personnes à mobilité réduite,
il n’existe pas encore de réfl exe
automatique de mise aux normes
pour faciliter cet accès.
De même, dans nos villes, les
personnes sans domicile fixe sont
souvent contraintes de déféquer
dans la rue. Si ce n’est pas sous
nos yeux, c’est derrière des buissons,
ou au mieux dans les toilettes
publiques lorsqu’elles sont gratuites.
Dans les centres d’urgence, les
toilettes sont dans un état encore
plus préoccupant que celui de nos
écoles (trop peu nombreuses par
rapport aux besoins, sales, mal
odorantes, etc.).
Des Français privés d’assainissement
– D’autres situations inacceptables
persistent en France, dont on n’entend
pas souvent parler : l’accès à
l’assainissement pour les habitants
des DOM-TOM.
À Nouméa, en Nouvelle-Calédonie,
malgré un plan élaboré en
1986 pour résoudre le problème
d’accès à l’assainissement, la
situation est jugée préoccupante.
Dans un rapport, la Chambre territoriale
des comptes de Nouvelle-Calédonie a mis en cause une
mauvaise mise en œuvre du plan
par la municipalité et dénoncé les
impacts environnementaux. L’exécution
du plan de 1986 est jugée "insuffisante et désordonnée"
(Source : Rapport d’observations
défi nitives établi à la suite du contrôle
des comptes et de l’examen
de gestion de la commune de
Nouméa, Chambre territoriale des
comptes de Nouvelle-Calédonie,
2007). En 20 ans, la commune de
Nouméa n’a réalisé qu’une seule
station d’épuration supplémentaire,
pour les quartiers , alors
que dans le même temps la ville a
connu une urbanisation galopante
(27 000 habitants supplémentaires).
Le système d’assainissement
est pratiquement inexistant, vétuste
et mal adapté à la densité de la
population, et les eaux usées continuent
de se déverser dans la mer.
Le quotidien d’un Rrom dans
un bidonville de la région
parisienne –
Les populations Rroms vivent parfois
dans une extrême précarité. Un
des problèmes majeurs rencontrés
dans les campements de Rroms de
la région parisienne est l’absence
ou l’insuffi sance, dans certains cas,
d’infrastructures sanitaires de base,
et notamment de toilettes. Plus la
concentration de population est
importante, plus le problème sanitaire
lié à l’absence de toilettes est
critique.
Le bidonville "Chemin Vert" était
situé sur la commune d’Aubervilliers,
en Seine Saint-Denis.
Environ 250 personnes vivaient
sur ce campement installé sur un
terrain vague. Les habitants ont
construit à leur arrivée 4 toilettes de
fortune (une fosse creusée dans le
sol et recouverte d’une palette en
guise de plancher) : 2 toilettes pour
les hommes et 2 pour les femmes,
soit une pour 62 personnes. A titre
d’éclairage, les normes de l’OMS
en matière d’assainissement sont
1 toilette pour 25 personnes maximum.
Les 4 toilettes existantes étaient
dans un état d’insalubrité extrême
et 2 de ces toilettes ont dû être
très rapidement condamnées car
les fosses débordaient. Est-il utile
de rappeler ici quels peuvent être
les impacts sanitaires pour les habitants
de ce campement, et plus
particulièrement pour les enfants ?
Ce bidonville existait jusqu’en
2006. Il ne s’agit que d’un exemple,
mais ces populations rencontrent
souvent de tels problèmes
d’accès à l’assainissement sur les
campements qu’elles occupent.
2008, ANNÉE INTERNATIONALE
illustration – Année internationale de l'assainissement
Les annonces de la communauté internationale se multiplient mais les moyens ne suivent pas
La part de l’aide internationale
consacrée à l’eau et à l’assainissement
accuse une chute, passant
de 8 % en 1997 à 5 % en 2006
(Source : Rapport mondial sur le
développement humain, PNUD,
2006). De plus, l’assainissement
est encore trop rarement intégré
aux logiques et programmes de
développement. Une lacune inacceptable
quand on sait que chaque
jour, 5 000 enfants de moins de
5 ans meurent de maladies liées à
l’absence d’assainissement.
Pour répondre à cet état de fait,
les États membres de l’ONU se
sont engagés autour de 8 OMD
à atteindre d’ici 2015. Parmi ces
objectifs fi gure celui de réduire de
moitié la part de population privée
d’un accès à l’assainissement.
Mais au rythme actuel, les objectifs
ne seront jamais atteints, ni même
approchés pour un grand nombre
de pays, car ni l’aide internationale
ni les politiques nationales n’ont
mobilisé les efforts nécessaires.
L’Assemblée Générale des
Nations Unies, particulièrement
préoccupée par " la lenteur et
l’insuffisance des progrès réalisés
quant à l’accès à des services
d’assainissement de base",
a déclaré l’année 2008, année
internationale de l’assainissement
(Source : Résolution 61/192 Année
internationale de l’assainissement
2008, Assemblée Générale,
6 février 2007).
Des bilans à la mobilisation internationale : un contexte favorable à l'assainissement
Les acteurs de la communauté
internationale assimilent progressivement
que l’accès à l’assainissement
est au cœur du développement
au même titre que l’accès à
l’eau, et qu’investir dans l’éducation
ou la santé sans s’assurer
qu’il existe un accès à l’assainissement
affaiblit les améliorations
escomptées.
En Afrique, les initiatives et les
politiques menées dans certains
pays (au Sénégal entre autres)
servent d’exemples pour atteindre
les OMD, encouragent les
autres pays à redoubler d’efforts
pour les atteindre et à reconnaître
l’importance de l’accès à l’assainissement
et de ses retombées au
niveau national.
Les rencontres internationales, entre
les décideurs africains notamment,
encouragent cette prise de
conscience : les conséquences du
manque d’assainissement ont un
coût colossal dans leurs budgets.
Lors de la deuxième conférence
sur l’assainissement et l’hygiène
(Conférence Africa San +5 de
Durban, février 2008), 32 ministres
africains ont pris conscience du
poids que représentait l’absence
d’assainissement dans leurs économies:
ils "reconnaissent unanimement
que d’une part, un million
d’africains meurent chaque année
de maladies liées au manque
d’assainissement, et que d’autre
part les conséquences sociales,
sanitaires, humaines et environnementales
liées au manque d’assainissement
sont un frein majeur
au développement économique
du continent" (Source : AfricaSan
2008 : L’assainissement, une
priorité pour l’Afrique, lettre du pSEau,
2008). Ils ont convenu d’un
plan d’action à mettre en place
d’ici 2010 afi n d’atteindre en 2015
l’OMD assainissement. Parmi les
engagements pris, il est prévu
d’insérer une ligne spécifi que dans
le budget du secteur public pour
les programmes d’assainissement
et d’hygiène. Ils se sont aussi
engagés à établir un plan national
assorti d’une feuille de route pour
accélérer les progrès nécessaires
à l’atteinte des objectifs nationaux
et des OMD avant 2015.
L’AMCOW (Conseil des ministres africains chargés de l’eau) assurera
le suivi de ce plan d’action et
en présentera l’état d’avancement
lors de la prochaine conférence,
en 2010.
Le G8 d’Hokkaido de juillet 2008
a rappelé l’importance d’inscrire
dans les agendas ces problématiques
de l’assainissement, ce qui
permet peu à peu à ce sujet d’être
exposé sur la scène internationale,
mieux médiatisé, et mieux
compris. Mais si le G8 a confirmé
l’importance de se mobiliser pour
l’assainissement, il n’a pas proposé
de pistes d’action ou de soutien.
Une fois de plus, les bilans
s’accumulent et tous constatent un
retard pour remplir les OMD mais
la communauté internationale a
du mal à passer effectivement à
l’action.
Il semble donc que dans les dernières
années, la question de l’assainissement surgisse peu à peu
dans les espaces internationaux
impliqués dans les questions de
développement. Mais la Coalition
Eau insiste sur deux défis majeurs
sans lesquels l’accès à l’assainissement
pour tous restera hors de
portée et incapable d’atteindre le
terrain.
Il faut tout d’abord que
la prise de conscience sorte
des espaces "experts" pour
atteindre l’échelle nationale, les
gouvernements du Nord comme
du Sud, les citoyens, les médias,
les collectivités locales, les
professionnels du secteur etc.
Il
faut ensuite, grâce à cette prise
de conscience et cette mobilisation
plurielle, que soient au
rendez-vous la mobilisation
financière de tous les acteurs
et la planification stratégique
permettant de mettre en route
des plans opérationnels.
Pour le droit à l'assainissement, la société civile demande aux gouvernements responsables de passer à l'action
La société civile a le droit et le
devoir de demander des comptes
à ses responsables politiques car
l’accès de tous à un assainissement
de base avance peu alors
qu’il existe des solutions.
Des réseaux associatifs tels que
la Coalition Eau ou End Water
Poverty, campagne internationale
soutenue par de grandes ONG
britanniques, partagent les mêmes
inquiétudes concernant l’OMD
sur l’assainissement. End Water
Poverty souligne que si rien ne
change en Afrique subsaharienne,
l’objectif fixé pour l’assainissement
ne sera rempli qu’en 2076… sans
compter le coût de l’inaction.
Ces réseaux demandent
aujourd’hui que soit mis en place
un plan d’action, qui puisse avoir
plusieurs déclinaisons : aux échelles
nationales, à l’échelle régionale
des continents, ou encore à
l’échelle internationale pour une
pression constructive d’ici 2015,
mais aussi à plus long terme.
Cela implique que les gouvernements
du Sud se dotent de tous
les outils pour agir, notamment budgétaires,
et que ceux du Nord assument
leurs promesses d’augmentation
de l’aide au développement.
Mais pour cela, nous sommes tous
conscients qu’il faut impérativement
une mobilisation plus importante,
élargie à un plus grand nombre
d’acteurs, qui puisse atteindre à la
fois les citoyens, les acteurs divers
de la société civile et les autorités
publiques locales et nationales, au
Nord et au Sud. L’action n’interviendra
que s’il existe une veille des
citoyens et de tous les acteurs de
la société civile, relayée par des
médias préoccupés et une prise de
parole coordonnée nécessaire pour
susciter une volonté politique et
amener les gouvernements à agir.
LA COOPÉRATION DECENTRALISÉE
illustration – Sommet des P7
Les collectivités locales françaises disposent d’un outil : la coopération décentralisée.
C‘est un cadre de soutien, de discussion et d’échanges entre une commune du Sud et une
commune du Nord, dans lequel la connaissance du niveau local constitue une plus value déterminante
pour l’efficacité de la coopération, difficile à trouver dans les relations de coopération
proposées par les autres acteurs multilatéraux et bilatéraux.
Les collectivités, actrices incontournables des territoires, ont un rôle essentiel à jouer pour
consolider une relation de solidarité entre élus et citoyens, ici et là-bas : c’est important qu’elles
s’en saisissent.
Le rôle spécifique des collectivités pour favoriser l'accès à l'assainissement
En France, les communes ont la
compétence "eau et assainissement". Dans ce cadre, elles
ont notamment en charge l’organisation
du service, la gestion du
système d’assainissement collectif
(évacuation et traitement des eaux
usées en station d’épuration) et le
contrôle de l’assainissement individuel
(fosses, etc.). Elles assurent
ainsi la maintenance de l’ensemble
du système (entretien, fonctionnement)
et sont en charge des
investissements nécessaires de
modernisation ou de construction
de nouveaux équipements. Une
partie des dépenses engagées est
ponctionnée sur la facture d’eau
des usagers.
Les communes peuvent soit gérer
elles-mêmes l’ensemble de ces
attributions, soit en déléguer la
gestion à un tiers, c’est-à-dire
transférer à une entreprise ou
une société d’économie mixte la
responsabilité complète de tout ou
partie de la gestion de ce service.
Les communes qui choisissent de
garder l’entière gestion de cette
compétence conservent et développent
une importante expertise
sur le traitement des eaux usées,
mais aussi la protection des sols,
la prévention des pollutions des
eaux, etc.
Les communes, confrontées
aux réalités de leur territoire
en matière d’assainissement,
sont susceptibles de partager
leur expertise et leur expérience
avec des homologues étrangers
rencontrant des difficultés sur
ce dossier – En plus de ces compétences,
les communes ont, depuis la loi
Oudin-Santini du 9 février 2005,
les moyens financiers leur permettant
de développer et de renforcer
des projets de coopération internationale
pour l’accès à l’assainissement.
L’intervention de ces
acteurs clefs dans la dynamique
internationale actuelle permettrait
d’accroître le nombre d’acteurs
mobilisés, de contribuer à une
mobilisation financière supplémentaire,
de montrer l’exemple et
d’inciter d’autres communes dans
le monde à agir dans le même
sens…et surtout, de multiplier des
projets proches du terrain et des
réalités locales, grâce à une forme
de coopération qui ne s’arrête
pas au financement d’infrastructures
mais qui propose un soutien
politique et institutionnel précieux
pour un élu confronté à ce dossier
d’envergure.
La coopération décentralisée
La coopération décentralisée comprend
toutes les relations de coopération,
d’échanges, d’entraide et
de renforcement mutuel entre les
collectivités locales françaises et
des collectivités équivalentes dans
d’autres pays.
Cette coopération peut prendre
la forme d’appui au développement,
d’assistance technique, ou
de partage et d’échange d’expériences
à une échelle locale. En
privilégiant la dimension locale, ce
type de coopération peut proposer
un mode d’intervention pragmatique,
proche du terrain, à même de
répondre aux préoccupations des
élus et des populations locales. Le
partenariat engagé entre les deux
communes s’inscrit dans le temps,
et présente plus d’intérêt qu’une
action ponctuelle. Cette démarche
est reconnue et encadrée depuis
la loi du 6 février 1992 relative à
l’administration territoriale de la
République.
La Loi Oudin-Santini est venue
compléter les textes existants
en facilitant l’engagement des
communes et de certains établissements
publics sur des programmes
eau et assainissement. Elle
permet en effet aux communes,
aux établissements publics de
coopération intercommunale, aux
syndicats mixtes chargés des
services publics d’eau potable et
d’assainissement, aux agences de
l’eau, etc., d’affecter jusqu’à
1 % de leur budget annexe "eau et
assainissement" à des actions de
coopération internationale dans
ce même domaine (alors que la loi
de 1992 permet aux collectivités
de financer leurs actions sur leur
budget général).
Une intervention sur-mesure
En prenant appui sur l’un ou l’autre
de ces textes législatifs, toute
collectivité territoriale française
(commune, communauté urbaine,
conseil général et régional, syndicat
d’eau, agence de l’eau, etc.)
peut s’engager dans la solidarité
internationale selon quatre pistes
d’intervention.
Première possibilité – La collectivité mène elle-même son
action de solidarité avec ses propres
compétences techniques et
humaines et gère elle-même son
budget, dans le cadre d’un partenariat
direct avec une collectivité
territoriale du Sud.
Deuxième possibilité – La collectivité rejoint un réseau
de collectivités déjà existant au
niveau local ou régional, et vient
alors contribuer à une action, à un
budget ou à un objectif plus vaste.
Troisième possibilité – La collectivité préfère limiter son
action à la mise à disposition d’un
budget. Elle affecte son financement
à un projet proposé et mené
par un acteur tiers, le plus souvent
une ONG.
Quatrième possibilité – La collectivité conserve le choix,
la mise en œuvre et la gestion de
son budget et de son programme
en relation directe avec un partenaire
du Sud mais sous-traite
une partie de son action (étude
de faisabilité, suivi de chantiers,
évaluation, contrôle technique…)
à un ou des prestataires extérieurs,
ONG ou bureau d’études.
Cet outil est précieux. Il permet
d’affecter du financement à un
projet de solidarité internationale,
mais aussi de partager des
compétences : les acteurs de pays
en développement (élus, services
techniques, usagers, entreprises,
artisans, etc.) ont besoin d’échanges
de fond, mais aussi de capacités
renforcées pour créer leur
service d’eau et d’assainissement,
et leur permettre de perdurer.
Si cet outil permet d’importants
progrès dans le domaine de
l’accès à des dispositifs d’assainissement,
la Coalition Eau reste
néanmoins vigilante quant aux
dérives potentielles : la loi Oudin-Santini ne doit pas
constituer une taxe supplémentaire
pour les seuls usagers particuliers
(on l’estime à 2 ou 3 euros par an
pour un foyer de quatre personnes) ; ce prélèvement doit être effectué
sans augmentation de la
facture d’eau : l’usager n’est pas
pénalisé individuellement puisque
la collectivité affecte librement une
partie de ses ressources ; la loi Oudin-Santini n’est pas
faite pour promouvoir le savoir-faire
français, et encore moins les
intérêts des entreprises du secteur,
mais pour servir le développement
de la solidarité internationale et
l’atteinte des OMD.
Une plus grande capacité d'intervention mais une mobilisation encore faible
La loi Oudin-Santini offre une
possibilité non négligeable de mobilisation
des collectivités locales
françaises autour de programmes
de coopération favorisant l’accès
à l’assainissement. Selon le
PS-Eau (Programme Solidarité
Eau), si toutes les collectivités
jouaient le jeu à l’échelle française,
c’est-à-dire si elles consacraient
toutes 1 % de leur budget "eau et
assainissement" à la coopération
décentralisée, 100 millions d’euros
supplémentaires pourraient être
mobilisés (Source : La lettre du
pS-Eau, numéro 53, décembre
2006).
Mais ce potentiel est encore sous
exploité. Selon les dernières
données disponibles, la contribution
des acteurs français de la
coopération décentralisée dans le
domaine de l’eau et de l’assainissement
s’élèverait en 2005 à
18 millions d’euros.
Des élus déjà engagés...
Plus des trois-quarts des départements,
la quasi-totalité des grandes
villes et des communautés
urbaines et de très nombreuses
petites et moyennes communes
sont impliqués dans des projets de
coopération à l’international, tous
secteurs confondus.
Ces acteurs ont un savoir-faire
particulièrement riche dans le
domaine de l’assainissement, et
notamment : maîtrise des outils
et mécanismes de planification
urbaine, organisation de la gestion
des services de l’eau et de l’assainissement,
ingénierie technique,
ingénierie financière, montage
de projet, animation de cadres
de concertation entre opérateurs
du service et usagers, formation
et transfert de compétences aux
techniciens et élus locaux, sans
oublier une contribution financière.
Des communes ont déjà contribué
à mettre ces compétences au service
d’autres collectivités du Sud.
La communauté urbaine de Lille
métropole s’est par exemple
engagée dans un partenariat de
longue durée avec des collectivités
libanaises. Elle appuie par ses
expériences et ses compétences
la création et le fonctionnement
d’une agence de développement
municipal qui assure une mission
d’assistance à maîtrise d’ouvrage
auprès de plusieurs municipalités.
Il existe donc une expertise
française et une mise en œuvre effective
de relations de coopération
décentralisée pour l’assainissement,
qui devraient inciter d’autres
communes à s’engager.
ANNECY-LE-VIEUX ET DORI
photo – Jay DUNN1er Prix National Geographic TravelerDori pendant la saison sèche, octobre 2007
Dori est une ville du Sahel de
30 000 habitants, située au nord-est
du Burkina Faso, et Annecy-le-
Vieux est une ville de 20 000
habitants, située en Haute-Savoie.
Le jumelage de ces deux villes,
initié depuis vingt ans, permet des
échanges culturels mais vise aussi
à mener des actions de solidarité
Nord-Sud dans les domaines
sociaux de base pour l’amélioration
des conditions de vie des
populations de Dori qui en ont le
plus besoin. C’est dans ce cadre qu’en 2000,
d’un commun accord, l’assainissement
des eaux usées et
des excrétas est devenu un axe
prioritaire de cette coopération
décentralisée.
Dori avant le projet
L’insalubrité de la ville de Dori est
due à la mauvaise gestion des
excréments et des eaux usées.
Bien que l’assainissement des
eaux usées soit une composante
essentielle de ce projet de
coopération décentralisée, on se
concentrera ici sur l’impact de ce
projet pour l’assainissement des
excrétas.
À Dori, la majorité des habitants
dispose de latrines traditionnelles,
mais l’insalubrité y est flagrante :
d’une part parce qu’il n’existe pas
de système de gestion des boues
de vidange des latrines et d’autre
part, parce qu’une partie de la
population (5,1 %), dépourvue de
latrines, se voit obligée de déféquer
dans la ville.
Lorsque les fosses des latrines
sont pleines, la vidange se fait manuellement,
et ceux qui s’en chargent
sont en contact direct avec
les excréments et courent parfois
le risque de se voir ensevelis sous
la fosse en cas d’effondrement des
parois. Le plus souvent, une fois
la fosse vidangée, les boues de
vidange sont versées directement
dans la nature sans traitement.
Lors des pluies, les eaux de ruissellement
emportent tous les déchets
(excrétas entre autres) dans
les bas fonds et dans la mare qui
ceinture la ville. Or cette mare sert
d’approvisionnement en eau pour
diverses activités humaines. La
plupart des habitants s’en servent
pour leur toilette et les activités
ménagères mais certains (20 %
des habitants) la boivent.
Cette situation, due à l’absence,
par le passé, d’une politique d’assainissement
de la ville, constituait
un danger quotidien pour la santé
des habitants. Selon la Direction régionale de la santé, plus de la
moitié de la population souffre de
maladies liées à l’absence ou à la
mauvaise qualité de l’assainissement,
principalement la diarrhée,
qui peut être mortelle faute de
soins.
En septembre 2007, la Mairie de
Dori sollicite l’appui de la Ville
d’Annecy-le-Vieux et du SILA
(Syndicat intercommunal du lac
d’Annecy), dans le cadre de la
coopération décentralisée, pour la
gestion des eaux usées et excrétas
: le projet est en cours.
Le projet : la gestion des excrétas et des eaux usées
Le projet a pour objet la mise en
œuvre du plan de gestion des
eaux usées et des excrétas de la
ville de Dori avec : une première phase de latrinisation
de 400 ménages défavorisés
et sous-équipés ; l’équipement en latrines publiques
de 15 lieux publics (gare
routière, places, écoles…) ; la création d’un service municipal
d’assainissement ; la création d’un service de
collecte des boues de vidange
en régie directe ou concédé à un
privé local ; la construction d’un ouvrage de
traitement des boues de vidange
et d’une unité de compostage pour
une valorisation en agriculture.
Le coût global du projet en
investissement (sur 3 ans) et
fonctionnement (sur 1 an) s’élève
à plus de 310 000 euros. D’ores et
déjà, la ville d’Annecy-le-Vieux et le SILA, qui sollicitent également le
Ministère des Affaires étrangères,
s’engagent à hauteur de 200 000 euros
sur 3 ans. La Ville de Dori s’engage
à rechercher les financements complémentaires
pour finaliser le projet.
Ce projet est particulièrement
novateur, car il propose de mettre
en place un service municipal
de gestion des eaux usées
et des excrétas, ainsi qu’une
politique d’assainissement. Dori
sera la première ville moyenne
à disposer d’un tel service et à
être dotée d’une station de traitement
des boues de vidange
et d’une unité de valorisation
des déchets, qui créeront des
emplois localement.
L’appui à la maîtrise d’ouvrage
locale et le renforcement des
capacités de la commune sont
assurés par Eau Vive, ONG d’appui
au développement spécialisée
dans les questions d’accès à l’eau
et à l’assainissement. Son rôle est
d’appuyer la commune de Dori à la
mise en place d’un service municipal
d’assainissement, de définir et
de mettre en œuvre une politique
d’assainissement. Pour ce faire,
Eau Vive apporte appui-conseil,
encadre et met à disposition des
outils de gestion, des procédures
et des guides pour la réalisation
des ouvrages d’assainissement.
Eau Vive vient renforcer la
concertation des acteurs locaux,
afin qu’ils participent tous aux
décisions en matière d’assainissement.
Elle aide également la ville
à mettre en place une Commission
communale d’hygiène et d’assainissement.
Cette commission est
chargée de l’exercice de prérogatives
déléguées à la commune
en matière d’assainissement, à
travers : la planification et la réalisation
des investissements ; la gestion des ouvrages et équipements
; l’animation de la concertation
(impliquant les populations, les
professionnels, les services techniques
déconcentrés et les opérateurs
locaux de développement en
matière d’assainissement) ; l’arbitrage et la régulation du
secteur.
Les résultats attendus
Mise en place d’une Commission communale d’hygiène et assainissement.
Définition et mise en oeuvre
d’une politique d’assainissement.
Renforcement des capacités de
la commune dans le domaine de
l’assainissement.
Mise en place d’une station de
traitement et d’une unité de compostage.
Amélioration de l’accès aux sanitaires
des ménages, par la construction
de 400 latrines familiales.
Construction de 15 latrines
publiques.
Mise en place de dispositifs individuels
d’évacuation des eaux.
Amélioration de l’hygiène et réduction
des maladies liées à l’eau
et à l’assainissement.
Formation des maçons locaux à
la construction de latrines.
Ce projet est une illustration tangible
de l’opportunité que représente
la coopération décentralisée pour
un partenariat gagnant-gagnant
dans la mise en oeuvre d’actions
de solidarité entre le nord et le
sud. L’une des principales valeurs
ajoutées de cet exemple de coopération
décentralisée est l’implication
d’une ONG spécialisée qui
met à la disposition de la collectivité
locale du Nord et de celle du
Sud, son expertise en gestion de
projets, son approche sur la thématique
ciblée et son savoir-faire
en accompagnement des acteurs
du Sud et en intermédiation avec
les acteurs du Nord.
SIAAP ET VORNICENI
photo –
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contruction des toilettes dans le lycée de Vorniceni
Le principal objectif de cette
coopération, débutée en 2007,
est l’assistance technique du
SIAAP, Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, auprès de la municipalité
de Vorniceni, en Moldavie pour l’assainissement
de la commune. Cette dernière,
avec l’aide de l’ONG Solidarité
Eau Europe (SEE) et du SIAAP,
devra établir des planifications de
l’assainissement du village.
Le SIAAP met à disposition des
techniciens afin d’établir ensemble
les meilleures solutions pour répondre
aux besoins de la population
et aux contraintes financières.
La situation de l'assainissement en Moldavie
La Moldavie est le pays le plus
pauvre d’Europe, environ 30 %
de la population vit sous le seuil
de pauvreté. Le pays subit une
émigration importante vers la Russie
et l’Union Européenne, et les
villages se vident de leurs "forces
vives". La pauvreté est beaucoup
plus grande dans les zones rurales,
où vit encore près de 60 % de
la population.
Actuellement, en Moldavie, la
question de l’assainissement
n’est pas considérée comme une
priorité par les autorités locales. Le
nombre limité de spécialistes dans
ce domaine, ainsi que le faible
financement et le manque d’éducation
à l’hygiène compliquent
l’atteinte des OMD dans ce pays.
Plus de la moitié de la population
moldave n’a pas accès à l’assainissement.
La situation est très
inégale, notamment entre les villes
et les campagnes. Dans les zones
rurales, il n’existe pratiquement pas
de systèmes d’assainissement. Environ 80 % des puits des zones
rurales ne sont pas potables,
du fait de contaminations bactériennes
(responsables de diarrhées,
d’hépatites, etc.) et chimiques
(fluorose dentaire, problème
de reins, etc.). Dans les villages, l’accès à
l’assainissement se résume aux
latrines auto-construites ; les latrines
des établissements scolaires
sont rudimentaires, et ne respectent
pas les standards d’intimité
et d’hygiène. Dans les villes, les
stations d’épuration sont vétustes,
et aucune n’a été construite depuis
les années 1990. La station d’épuration
reste la seule réponse que les
autorités envisagent pour résoudre
les problèmes d’assainissement,
mais les moyens d’investissement
sont extrêmement faibles et les
compétences sur place à renforcer.
Le projet SEE en Moldavie
Le manque d’accès à l’assainissement
surtout dans les zones
rurales est dû à la fois à des défaillances
au niveau institutionnel
et à l’inadaptation des solutions
techniques.
Depuis 2006, Solidarité Eau Europe
a mis en place une action pilote en
Moldavie, associant des projets
concrets sur le terrain et un travail
au niveau institutionnel pour
la mise en place de politiques
accordant la priorité à l’eau et
l’assainissement en zone rurale.
SEE concentre son action sur les
zones rurales, et sur la recherche
des solutions techniques et des
mesures appropriées qui peuvent à
court et moyen termes améliorer les
conditions de vie des populations.
Sur le terrain, SEE mène des actions
de sensibilisation et d’éducation
à l’hygiène, met en place des
constructions pilotes (toilettes écologiques)
et mobilise la jeunesse
et les acteurs locaux.
Sur le plan institutionnel, SEE a
mené en collaboration avec le
Regional Environmental Centre
Moldova des sessions de consultations
auprès des élus locaux sur la "Stratégie de l’approvisionnement
en eau et de l’assainissement
pour les localités de la République
de Moldavie", présentée
par le gouvernement en 2007.
Les recommandations issues de
ces consultations, ainsi que des
commentaires découlant d’une
analyse approfondie ont été remis
au gouvernement moldave.
Le projet SEE à Vorniceni
Le village de Vorniceni (5 000
habitants), à l’image de beaucoup
de villages moldaves, connaît une
situation extrêmement préoccupante
en termes d’accès à l’eau et
à l’assainissement. Les conditions
de vie, l’environnement et la santé
des habitants s’en trouvent fortement
dégradées.
Face à ces problématiques, SEE
a eu connaissance d’une demande
émanant des habitants du village
de Vorniceni pour améliorer l’accès
à l’assainissement. En 2006,
SEE a ouvert une branche locale
Solidaritate Europeană Pentru Apă
în Moldova (SEAM) et a développé
un programme dans le village de
Vorniceni.
La Mairie de Vorniceni, SEAM et
SEE ont monté un projet d’accès
à l’assainissement en sollicitant le
financement, les compétences et
l’expertise du SIAAP.
Afin d’assurer la pérennité du
projet et renforcer les capacités
communales, ce programme associe
des projets concrets sur le
terrain avec un travail au niveau
institutionnel pour la mise en
place de politiques accordant la
priorité à l’eau et l’assainissement
en milieu rural.
Le volet sensibilisation
est destiné à l’ensemble de la
population du village. Des sessions
d’éducation à l’hygiène sur
les règles pouvant améliorer les
conditions de vie (ne pas jeter les
eaux usées à proximité immédiate
des habitations, par exemple) sont
organisées à l’attention des élèves
du lycée, des professeurs, des
élus, etc. Parallèlement, un travail
a été engagé avec les professeurs
pour mettre en place des
fiches pédagogiques sur l’accès à
l’assainissement et l’éducation à
l’hygiène. Ces fiches seront intégrées
au programme de la rentrée
scolaire. D’autres méthodes sont
utilisées à l’attention des lycéens,
acteurs extrêmement actifs sur
ce projet : une radio est mise en
place dans le lycée et chaque jour
est diffusé un programme court sur
l’assainissement et l’hygiène.
Ce travail de sensibilisation est
destiné à assurer la pérennité des
futures installations sanitaires.
Le volet terrain consiste à
équiper de toilettes écologiques le
lycée de Vorniceni.
Avant ce projet, les élèves allaient
dans le fond de la cour : il n’y
avait ni portes, ni séparation, ni
intimité. Les toilettes se limitaient
à de simples trous. Ce manque de
salubrité et cette absence d’hygiène
pouvaient avoir de sérieuses
conséquences sur la dégradation
de la santé des élèves.
A la demande des lycéens, SEE a
initié durant l’été 2008 la construction
de toilettes écologiques avec
un point d’eau pour se laver les
mains. Ces toilettes protègeront
l’intimité des élèves et surtout leur
santé et l’environnement.
C’est un projet de longue haleine
en raison de l’implication
de tous les acteurs locaux et du
volet de sensibilisation. Mais ce
sont là deux conditions cruciales
pour la pérennité et l’entretien du
système d’assainissement, et par
répercussion, pour l’amélioration
durable des conditions de vie des
habitants du village. Ce projet est
d’ailleurs destiné à inspirer les
autres villages alentours. En effet,
à l’automne 2008, SEE organise
un atelier de travail régional en
Moldavie pour diffuser ce projet et
encourager d’autres collectivités
territoriales à améliorer leur système
d’assainissement.
La Coalition Eau
La Coalition Eau est un regroupement d’ONG qui œuvre à promouvoir
un accès à l’eau et à l’assainissement pérenne pour tous, à travers la
préservation et la gestion durable de la ressource et la construction
de compétences locales, pour des services publics efficaces,
transparents et qui intègrent des mécanismes de contrôle par les
usagers.
Ses missions – 1. Alerter. Pour que l’eau passe des discours à l’action, la Coalition met à l’épreuve des faits les engagements des acteurs de l’eau. Elle assure une veille sur les efforts fournis par la France, l’Europe et les organismes internationaux pour atteindre l’Objectif du Millénaire pour le Développement 7, elle alerte sur les défaillances de l’aide et dénonce les incohérences, l’inactivité et les abus ; 2. Proposer. Forte de l’expérience et de la connaissance du terrain de ses membres, la Coalition Eau a pour préoccupation de partager son expertise et d’alimenter le débat sur les enjeux de l’eau, pour une aide plus importante et plus efficace ; 3. Relier. Pour une action plus efficace, la Coalition assure une mobilisation coordonnée des acteurs du Nord et du Sud. Elle multiplie les contacts et les liens avec les réseaux militant pour l’accès à l’eau et l’assainissement, en Europe et dans le monde, pour que les voix des associations du Sud comme du Nord soient intégrées dans les processus de décision ; 4. Informer. La Coalition relaie les positions d’acteurs indépendants des pouvoirs publics et dénués d’intérêts privés afin de favoriser une information libre et éclairée de la situation, et de développer la pression de l’opinion publique sur les décideurs.
Ses axes de travail – Développer un service public de l’eau accessible à tous ; recentrer les programmes et les décisions autour des acteurs locaux ; obtenir des financements à la hauteur des enjeux en termes de volume et d’efficacité ; préserver la ressource eau.
Ses membres – ACAD, Action Contre la Faim, ADEDE, Agronomes et
Vétérinaires sans frontières, Association 4D, CCFD, CRID, EAST,
Eau Vive, Enda Europe, Green Cross France, Gret, Helen Keller
International, Hydraulique sans frontières, Ingénieurs sans
frontières, Initiative Développement, Les Amis de la Terre, Réseau
foi justice, Afrique-Europe, Secours catholique, CARITAS France,
Sherpa, Solidarité Eau Europe, Toilettes du Monde, Triangle
Génération Humanitaire, WWF France.
Coalition Eau
Le 1 % Ville de Paris
Paris a mis en œuvre dès 2005 la possibilité offerte par la loi Oudin de consacrer jusqu'à 1 % du prix payé par les Parisiens sur leur facture d'eau à des actions de solidarité en faveur de l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les pays pauvres. Depuis 2006, la Ville affecte un budget annuel de un million d'euros, soit la moitié du 1 % mobilisable, à trois grands types d'interventions : 1. le partenariat direct avec des collectivités du Sud : la Régie des Eaux de Phom-Penh au Cambodge (accès des ménages les plus démunis au branchement eau) et bientôt la municipalité de Jéricho en Palestine ; 2. le soutien financier à des ONG. Deux appels à projets, lancés en 2006 et 2007, ont permis de sélectionner une vingtaine de projets d'accès à l'eau et à l'assainissement et un troisième appel est en cours. Les projets achevés ont bénéficié à plus de 40 000 personnes et ceux en cours devraient permettre de venir en aide à plus de 250 000 persones ; 3. l'aide d'urgence : 100 000 euros sont réservés chaque année pour des interventions d'urgence. En 2008, Paris a ainsi financer l'envoi de pastiles de purification d'eau en Birmanie après le passage dy cyclone Nargis qui a fait plus de 100 000 victimes.
Dès la création de ce dispositif, Paris a souhaité mettre un accent particulier sur les actions commportant un volet assainissement significatif même si celles-ci semblent plus difficiles à monter, notamment en raison de l'ampleur des enjeux financiers surtout en milieu urbain. Ainsi, la Ville finance des projets d'assainissement des rues ou des canaux et la construction de latrines, familiales ou publiques : en milieu urbain, comme à Pikine au Sénégal, à N'Djaména au Tchad ou à Antanarivo à Madagascar ; mais aussi en milieu rural à Madagascar, au Mali, en Éthiopie ou au Niger. Certains projets ciblent plus spécifiquement les toilettes en milieu scolaire, élément essentiel d'une diffusion des pratiques hygiéniques dans les populations mais aussi d'une meilleure scolarité des filles.
Ville de Paris