H2o Magazine

Méditerranée : La bonne qualité des eaux soutient l’économie du littoral

Mots clés : 1,69 milliard d’euros par an pour les activités côtières, 8,7 milliards pour les activités liées à la restauration et à l’hébergement à proximité de la mer

Pointe de Montregnan, Port-Cros, ph Th. Fiquemont

MÉDITERRANÉE
La bonne qualité des eaux soutient l’économie du littoral 

Pour la 7ème année, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et la Direction interrégionale de la mer Méditerranée ont organisé une rencontre avec les acteurs du monde de la mer sur la qualité des eaux de la Méditerranée. Les résultats 2017 de la campagne de surveillance réalisée pour la mise en œuvre des directives cadres sur l’eau et sur le milieu marin ont été présentés. Plus de la moitié des petits fonds côtiers ne subissent pas de pressions majeures mais plusieurs sites restent à protéger des pollutions chimiques venant de la terre et de certaines dégradations liées aux activités maritimes et littorales. La mobilisation pour une Méditerranée plus saine se poursuit car les actions de protection sont bonnes pour la mer mais également pour l’économie du littoral.

Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse
Direction interrégionale de la mer Méditerranée

champ de posidonie à la Pointe de Montregnan, Port-Cros
photo de Thierry FIQUEMONT
H2o – juillet 2017

 

Les activités côtières génèrent plus de 10 milliards d’euros de bénéfices

Parmi les premières destinations touristiques mondiales, la mer Méditerranée est le support de nombreux emplois et activités. Elle génère une économie importante et rend de nombreux services gratuits : production de ressources alimentaires, régulation du climat, ressources pharmaceutiques… Cette attractivité touristique et ces services écologiques sont étroitement liés à la qualité du milieu.

Différents travaux de recherche, cofinancés par l’agence de l’eau, livrent une première évaluation à l’échelle des baies et des rades de la valeur économique des activités côtières en lien avec la qualité de l’eau et du milieu. Cette valeur est estimée à 1,69 milliard d’euros par an (source : IRSN/Universités de Versailles et de Toulon). Les activités liées à la restauration et à l’hébergement à proximité de la mer, génèrent, quant à elles, 8,7 milliards de chiffres d’affaires (ibid.). À elle seule, la baignade atteint presque le milliard d’euros en termes de volume d’activité. Ce montant est calculé à partir d’enquêtes de terrain sur les dépenses déclarées par les pratiquants et d’études d’évaluation du consentement à payer. Les usagers des plages, par exemple, se disent prêts à payer 6 euros par jour et par personne pour se baigner dans une eau de bonne qualité (Polomé et al. 2005). Ces chiffres encourageants montrent tout l’enjeu et les attentes de nos concitoyens pour poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité des eaux marines. 
pdf INFOGRAPHIE La valeur économique de la mer

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Des eaux de bonne qualité générale mais des secteurs toujours sous l’emprise des pollutions chimiques

La surveillance 2016 des eaux marines réalisée pour la mise en œuvre des directives cadres sur l’eau et sur le milieu marin montre un état du littoral en bonne santé générale et conforme aux normes européennes, signe de progrès en matière de dépollution ou d’organisation des usages en mer. Néanmoins, quelques secteurs restent altérés notamment au droit des grandes agglomérations littorales et portuaires tels que la rade de Marseille, de Toulon, d’Antibes ou de Villefranche, touchées par des pollutions au tributylétain issu des peintures antisalissures des bateaux, malgré la réglementation en vigueur depuis 2003 interdisant l’utilisation de ces biocides. Le mercure d’origine industrielle est toujours présent dans le golfe de Fos-sur-Mer ou dans la rade de Toulon, des sites contaminés historiquement. Les pesticides se retrouvent cette année encore au droit du littoral de Leucate, du golfe de Fos et de l’embouchure du Var, mettant ainsi en évidence le lien avec les apports des cours d’eau côtiers à la mer.

Habitats côtiers : Principales dégradations

Les grands cétacés contaminés par les plastiques

Les mammifères marins de Méditerranée sont contaminés par les phtalates à cause de l’ingestion de microplastiques. Les concentrations varient de 0,9 g/kg à 1,7 g/kg de chair en fonction des espèces concernées. Ce résultat renseigne sur l’impact des microplastiques sans pour autant caractériser les effets toxiques sur les animaux.


Un état stable pour les herbiers de posidonie et les poissons

L’herbier de posidonie et le coralligène sont en bon état général exceptées les zones historiquement dégradées telles que les grandes agglomérations et les pôles industrialo-portuaires. La reconquête des herbiers de Posidonie est observée au droit des zones de rejets urbains de la calanque de Cortiou (Marseille) et de Cap Sicié (Toulon). Les efforts d’amélioration du traitement des eaux usées engagés dans ces zones littorales sont donc encourageants.

La connaissance des populations de poissons côtiers (petites larves et adultes) qui sont des descripteurs écologiques reste encore insuffisante pour faire un diagnostic global. Cependant, les secteurs de la Côte Bleue, des Embiez, de la plaine orientale de Corse et du littoral sud-ouest de la Corse présentent les densités les plus importantes de poissons adultes. Ces secteurs riches en poissons adultes le sont également en juvéniles. C’est le signe d’un bon fonctionnement du milieu marin avec peu de prédation et des habitats propices au développement des larves.

Pour la deuxième année, on observe une diminution des pollutions par hydrocarbures malgré un retour à une fréquentation soutenue du littoral par les navires de haute plaisance de plus de 25 mètres, après trois années consécutives de moindre fréquentation.

Les opérations de restauration des habitats marins portent leurs fruits notamment au droit des deux gros sites à rejet urbain à Marseille et Toulon. Par exemple, une quinzaine de ports de PACA sont désormais équipés pour retrouver des fonctions écologiques d’habitat, de nurserie, de reproduction et d’alimentation. En effet, de plus en plus, le facteur limitant la vie marine ne serait plus la qualité de l’eau mais l’absence d’habitat stable colonisable par les espèces. 


94,95 millions d’euros en 2016 

L’agence de l’eau poursuit sa mobilisation en faveur de la Méditerranée. En 2016, elle a octroyé 94,95 millions d’euros d’aide financière pour plus de 900 opérations dont 55 millions ont contribué à la lutte contre les pollutions domestique et industrielle et 29 millions à l’étude, à la surveillance ou la restauration de la biodiversité littorale terrestre et marine. L’État tient ainsi le cap de sa politique en faveur du milieu marin, à travers les actions de l’agence de l’eau mais également avec une mobilisation accrue de ses autres moyens, fédérant et complétant les interventions des collectivités, du monde associatif et des entreprises privées. Cette mobilisation conduit par exemple à une finalisation de certifications "Ports propres" qui devrait intervenir d’ici un an sur plusieurs ports de la façade et à une harmonisation des campagnes de sensibilisation des plaisanciers à l’échelle de toute la Méditerranée française dès cet été. 

Les actions de préservation de la Méditerranée répondent à la directive cadre stratégie pour le milieu marin et à sa déclinaison dans un Plan d’action pour le milieu marin (PAMM). Les mesures de ce plan, en cours de mise en œuvre, constituent depuis cette année le volet "protection des milieux marins" de la stratégie globale pour la façade méditerranéenne (le Document stratégique de façade, en déclinaison de la Stratégie nationale pour la mer et le littoral publiée en février 2017), dont les objectifs devront être validés début 2019 par les préfets coordonnateurs de façade (préfet de région Provence-Alpes-Côte d’Azur et préfet maritime de la Méditerranée). ▄

 

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ResSources
Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse
Avec son programme "Sauvons l’eau" (2013-2018), l’agence de l‘eau renforce sa politique en faveur de la Méditerranée. Elle consacre en moyenne 100 millions d’euros par an à des actions de réduction des flux polluants (75 % des aides), avec une priorité à la pollution pluviale mais également la lutte contre la pollution portuaire ou bien encore l’organisation des mouillages pour réduire l’impact des ancres sur la posidonie. L’accompagnement des politiques de gestion locales, la recherche, la surveillance des eaux marines, la restauration écologique des petits fonds côtiers et les actions d’éducation et de sensibilisation à l’environnement sont aussi fortement soutenus.

Direction interrégionale de la mer Méditerranée
La direction interrégionale de la mer (DIRM) est un service de l’État (ministère de la transition écologique et solidaire) en charge de la conduite des politiques de l’État en matière de développement durable de la mer, de gestion des ressources, de régulation des activités maritimes et de renforcement de la sécurité en mer. Elle assure, sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française, la promotion d’une gestion intégrée de la mer et du littoral sous l’autorité des préfets coordonnateurs compétents. La DIRM comprend de nombreux services spécialisés, assurant un maillage fin des 1 800 kilomètres du littoral méditerranéen.