H2o Magazine

Water and Peace for the People

Possible Solutions to Water Disputes in the Middle East

Mots clés : Water, Peace, Solutions to Water Disputes, Middle East
200812_waterandpeace.jpg
Titre Water and Peace for the People
Auteur Jon Martin Trondalen
Éditeur UNESCO Publishing
ISBN 978-9-3-104086-3
Langues Anglais
Arabe – Hébreu
Pages 245
Sortie août 2008
Prix
38 euros
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Jon Martin TRONDALEN

Conflits liés à l’eau au Moyen-Orient : des propositions pour sortir de l’impasse

Et si les pays du Moyen-Orient n’avaient d’autre choix que de s’entendre pour partager les faibles ressources en eau que compte la région ? Tel est le constat de départ que dresse Jon Martin Trondalen, auteur de l'ouvrage.

Publié par les Éditions UNESCO, Water and Peace for the people se présente comme un guide pratique proposant des pistes concrètes pour dénouer les crises liées à l’eau au Moyen-Orient. Analysant les enjeux propres à chaque situation, Jon Martin Trondalen passe au crible le conflit opposant Israël à la Syrie concernant le bassin supérieur du Jourdain sur les hauteurs du Golan, entre Israël et le Liban autour des chutes Wazzani ou celui qui oppose de longue date Palestiniens et Israéliens. Les défis auxquels sont confrontés la Turquie, la Syrie et l’Irak pour partager les eaux de l’Euphrate et du Tigre font également l’objet d’une analyse.

Alors que la demande d’eau ne cesse d’augmenter sous la pression de la croissance de la population et du développement économique, les scientifiques redoutent que le Moyen-Orient ne soit la première région à faire l’expérience de graves pénuries d’eau. La situation est déjà préoccupante. Des cours d’eau majeurs comme l’Euphrate voient leur taux de salinité augmenter et la moitié des habitants des grandes villes de la région ne disposent pas d’un accès à l’eau potable adéquat. Un rapport publié en 2005 par le Programme des Nations unies pour de développement (PNUD) établissait que 80 % des familles irakiennes vivant dans les zones rurales utilisent une eau qui n’est pas sûre.

L'auteur – Professeur de géographie, Jon Martin Trondalen a mené pendant plusieurs années des négociations portant sur les conflits de l’eau au Moyen-Orient. Il a également été conseiller auprès de gouvernements et des Nations Unies pour résoudre des conflits liés à l’environnement ou à l’eau. Jon Martin Trondalen dirige également la Fondation Compass, à Genève.

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Titre Water and Peace for the People
Auteur Jon Martin Trondalen
Éditeur UNESCO Publishing
ISBN 978-9-3-104086-3
Langues Anglais
Arabe – Hébreu
Pages 245
Sortie août 2008
Prix
38 euros
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Jon Martin TRONDALEN

Propos recueillis par Agnès BARDON
Bureau de l'information du public
UNESCO

Vous avez passé l’essentiel de votre temps au Moyen-Orient au cours des dernières années en tant que médiateur de conflits liés à l’eau. Quelles sont les spécificités de la situation de l’eau dans la région ?
Ce qui m’a le plus frappé, c’est de voir à quel point l’eau est un enjeu politique, économique, social crucial mais aussi un enjeu au quotidien pour les gens.
Je peux citer le cas de cet homme que j’ai rencontré à Al Hilla, un village situé à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad (Iraq), à proximité des rives de l’Euphrate. C’était en 1997, la salinité de l’Euphrate est telle que les infiltrations de sel étaient en train de détruire le champ que sa famille cultivait depuis des générations. La seule chose qu’il réclamait, c’était une petite pompe pour drainer l’eau mais un tel matériel était introuvable en raison des sanctions imposées alors à son pays. Je me rappelle aussi l’inquiétude d’un expert israélien en hydrologie : si rien n’est fait pour protéger le lac Kinneret et la nappe phréatique de la Montagne insistait-il, son pays courait à la catastrophe.
L’autre fait marquant, c’est bien sûr la rareté de cette ressource dans la région qui a généré des conflits depuis l’Antiquité. Les scientifiques prédisent que la région sera la première à expérimenter la pénurie. Mais la situation s’est nettement aggravée ces dernières années en raison de la croissance importante de la population, du développement économique, de la pollution et de l’augmentation de la salinité de cours d’eau majeurs comme l’Euphrate. Les experts en eau de la région sont très conscients de tous ces phénomènes mais ils ont du mal à se faire entendre des responsables politiques.

Comment expliquer une telle surdité ?
On ne peut pas vraiment parler de surdité mais il se trouve que depuis quelques années, l’espoir d’un progrès ou d’un règlement de la situation a malheureusement disparu dans la région. Les acteurs en présence peuvent trouver dans l’histoire des arguments pour justifier leur défiance vis-à-vis des parties adverses. La situation géopolitique est à ce point complexe et intriquée qu’il est difficile d’en sortir.
Il n’a pas été possible jusqu’ici de mettre en œuvre des systèmes de gouvernance concertés comme ceux qui existent en Europe, dans le bassin du Mékong ou encore dans le bassin de l’Indus. Il n’existe pas de recette pour parvenir à de tels accords négociés, chaque situation est différente. On ne peut pas appliquer les mêmes formules selon qu’on aborde le conflit entre Israël et la Syrie pour le bassin du Golan ou l’exploitation des eaux du Tigre et de l’Euphrate entre la Turquie, la Syrie et l’Iraq.

Peut-on espérer trouver une solution aux conflits de l’eau indépendamment d’un règlement politique plus global ?
Les conflits liés à l’eau sont tellement complexes, profonds, anciens qu’on ne peut les séparer de leur contexte politique. Mais cela ne veut pas dire qu’il soit nécessaire d’attendre qu’un accord de paix global dans la région soit signé pour s’attaquer au problème de l’eau. Rien n’interdit de travailler à des solutions qui pourront être mises en œuvre quand les conditions le permettront. L’eau est une ressource vitale qui devrait permettre de transcender les réalités politiques à court terme.
Mais cela n’a pas été le cas jusqu’à présent. On sait que même lorsqu’une menace est clairement identifiée, comme avec le changement climatique, la politique ne suit pas forcément.
Mais dans le cas du changement climatique, les changements sont encore à l’état de scénarios. La rareté de l’eau au Moyen-Orient est dores-et-déjà une réalité tangible. Dans certaines parties de l’Irak, la situation de l’eau est déjà un véritable cauchemar. Un rapport publié en 2005 par le PNUD établissait que 80% des familles iraquiennes qui vivent dans les zones rurales utilisent une eau qui n’est pas sûre. Donc ne rien faire équivaut à se tirer une balle dans le pied. Il en va de la survie des générations à venir.

Quel est l’objet d’un tel livre ?
En tant que négociateur, il n’est pas d’usage de prendre parti et de se prononcer à titre personnel. Mais la situation au Moyen-Orient est arrivée à un tel point de blocage qu’il m’a semblé nécessaire de rappeler qu’il y a encore place pour l’espoir. Ce livre n’est pas un énième livre à propos du Moyen-Orient. Son propos est de trouver des pistes pour sortir de l’impasse.
Il ne s’agit pas de montrer du doigt tel ou tel pays mais de montrer que des solutions sont possibles. Certes, il peut paraître facile de donner des solutions quand, en tant qu’observateur extérieur, on ne fait pas les frais des décisions prises.
Je me souviens d’une longue réunion avec un ministre de la région. Photos à l’appui, il accusait le pays voisin de polluer la rivière. A un moment, je lui ai demandé comment il pouvait être sûr que son pays n’était pas à l’origine de cette pollution. Il n’avait pas de données concrètes à avancer. Pour sortir de la prise de parti idéologique, il faut pouvoir disposer de faits précis afin d’évaluer et d’assurer le suivi de la situation.
Or, aujourd’hui dans ces pays, les données relatives à l’eau sont classées confidentiel. Il n’existe pas de tradition de transparence. C’est pourquoi il est utile de faire appel à des experts neutres extérieurs qui puissent garantir une objectivité des données récoltées.