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Aqueducs parisiens
470 kilomètres pour desservir la capitale

Mots clés : aqueducs, Vanne, Loing, Lunain, Sorques, Voulzie, Fontainebleau
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Index du dossier
1. Un réseau de 470 kilomètres pour desservir la capitale
2. Un patrimoine historique et écologique
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AQUEDUCS PARISIENS
470 kilomètres pour desservir la capitale

Eau de Paris entretient un réseau de quatre aqueducs historiques qui totalisent 470 kilomètres de linéaires : la Voulzie, la Vanne, le Loing et l’Avre. Ces ouvrages majeurs, qui sont paradoxalement peu visibles, transportent quotidiennement plus de la moitié de l’eau potable fournie aux Parisiens, 483 000 mètres cubes par jour en moyenne. D’octobre à décembre, l’aqueduc du Loing a fait l’objet d’un arrêt d’eau exceptionnel. Cet arrêt d’eau a été motivé par deux natures de travaux structurants : un piquage pour l’alimentation en eau souterraine des communes de Viry-Châtillon et à terme de Grigny et la création d’une unité de traitement par ultraviolet des eaux du Loing en aval de l’aqueduc. À cette occasion, Eau de Paris a présenté les contours de l’une de ses activités de génie civil et d’ingénierie publique : la gestion et la rénovation des aqueducs parisiens.

EAU DE PARIS
illustrations Eau de Paris et Martine Le Bec
h2o – novembre 2013

L’aqueduc du Loing

Conçu dès la fin du XIXe siècle pour doubler la capacité de l’aqueduc de la Vanne par une nouvelle série de captages réalisés, pour l’essentiel, dans la vallée du Loing, aux environs de Nemours, l’aqueduc du Loing est parallèle à ce dernier à partir de la forêt de Fontainebleau. Long de 95 kilomètres, il reçoit les eaux des aqueducs secondaires de la Voulzie et du Lunain ainsi que les eaux captées dans la nappe alluviale de la Seine près de Montereau. Cet aqueduc ne présente que très peu de parcours sur arcades en raison des progrès réalisés dans la fabrication des tuyaux de grande section permettant d’augmenter les pressions, dans les siphons notamment. L’ouvrage a été mis en service le 11 juin 1900, sa capacité nominale est de 210 000 mètres cubes par jour.

Le raccordement des Lacs d’Essonne au schéma d’alimentation parisien – Afin de permettre l’alimentation en eau souterraine des communes de Viry-Châtillon et à terme de Grigny, la Communauté d’agglomération des Lacs d’Essonne (CALE), a décidé en juin 2013 par convention avec Eau de Paris que l’approvisionnement en eau serait assuré à partir de l’aqueduc du Loing géré par la régie. Pendant trente ans, Viry-Châtillon (dès 2014) et Grigny (à partir de 2018) pourront bénéficier d’une eau souterraine, dont le captage fait l’objet d’une gestion écologique, au meilleur prix. La réponse positive d’Eau de Paris à la demande de la Communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne d’acheter de l’eau fournie depuis l’aqueduc du Loing illustre la volonté de la régie parisienne de s’inscrire toujours davantage dans les territoires sur lesquels elle est implantée et de satisfaire, autant qu'il est possible, leurs besoins. Cette coopération est également favorable à Eau de Paris puisqu'elle lui permet d'optimiser le fonctionnement de ses installations sans fragiliser la sécurité d'alimentation en eau de la capitale.

La construction d’une unité de traitement aux ultraviolets pour l’eau du Loing – Les eaux du Loing qui représentent 25 % de l’eau consommée dans la capitale sont les seules eaux souterraines à ne pas bénéficier d’une double barrière sanitaire de désinfection. Traversant des zones de plus en plus urbanisées, avec tous les risques liés à l’activité humaine, acheminant l’eau en plan d’eau libre, c’est-à-dire par gravité et sans pression, il a paru nécessaire de protéger les eaux acheminées par l’aqueduc du Loing contre des infiltrations qui peuvent, éventuellement, contenir des polluants. C’est la raison de la création de l’unité de traitement des eaux du Loing dans le 14ème arrondissement qui renforcera encore davantage les conditions de sécurité optimales pour les cinquante prochaines années durant le transport de l’eau, depuis les captages en Seine-et-Marne. Ce projet correspond à une évolution de l’environnement des territoires traversés par les aqueducs. L’installation comprendra une unité de traitement par rayonnement ultraviolet (UV) pour désinfecter l’eau du Loing. Les UV ne remplaceront pas la chloration. Ces deux méthodes de désinfection de l’eau cohabiteront de manière complémentaire. Avec l’installation de l’étape de traitement aux UV, qui détruisent virus et micro-organismes, la phase de chloration se fera après le passage dans le réacteur UV et non plus comme initialement en forêt de Fontainebleau.

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Paris est approvisionnée de longue date par des ressources en eaux souterraines et des eaux de surface traitées. Eau de Paris dispose de 102 points de captage d’eaux souterraines et de deux points de prélèvement des eaux de rivière : la Seine et la Marne. Les quatre aqueducs principaux acheminent l’eau des sources captée dans un rayon de 80 à 150 km autour de Paris jusqu’à des stations de désinfection et des réservoirs de stockage avant la mise en distribution dans le réseau d’eau potable.
Photo de droite, la "bâche", en forêt de Fontainebleau : la bâche de réception est le point de convergence des aqueducs du Loing et du Lunain, dont les eaux se mélangent ici à celles de la Sorques, de la Vanne et de la Voulzie.


Un schéma d’alimentation sécurisé

La grande force du schéma d’alimentation en eau défini par Eau de Paris est la diversité de ses ressources. Celles-ci proviennent en effet à parts égales d’eaux souterraines et d’eaux de rivière. Cette mixité d’alimentation permet de faire face efficacement à tout incident (canicule, crue, sécheresse comparable aux situations historiques connues, pollution accidentelle ou rupture imprévue de canalisations). Selon les circonstances, Eau de Paris peut ainsi mobiliser alternativement les différentes ressources en eau.

Cette diversification a des origines historiques. Elle s’est amorcée au XIXe siècle pour répondre aux besoins croissants en eau de la capitale et de ses communes limitrophes et remédier à la mauvaise qualité de l’eau de la Seine qui alimentait la ville. Le préfet Haussmann propose au Conseil de Paris d’aller capter des eaux de sources situées sur des territoires éloignés. C’est sur cet héritage que l’approvisionnement en eau de la capitale se construit aujourd’hui.

Une autonomie des cinq vecteurs de distribution et de transport – La sécurisation du schéma passe par l’autonomie des vecteurs de production, distribution et de transport mis en place. Eau de Paris dispose en effet de cinq dessertes indépendantes les unes des autres. Elles sont structurées autour de trois aqueducs principaux – la Vanne et le Loing en Seine-et-Marne (sud-est de Paris), l’Avre dans l’Eure et Loir (sud-ouest de la capitale) – et des usines d’Orly et de Joinville. En cas d’indisponibilité d’un des vecteurs, les autres peuvent compenser.

Avant leur mise en distribution, les eaux souterraines et de rivières sont stockées par Eau de Paris dans cinq réservoirs situés aux portes de la capitale (dont trois réservoirs pour le stockage des eaux souterraines), assurant aux Parisiens une disponibilité permanente de l’eau potable. La régie doit aussi maintenir une pression suffisante – contrôlée par des capteurs – en tous points du réseau, afin de garantir l’alimentation au robinet. Les incidents – une canalisation qui se rompt, par exemple – sont ainsi compensés grâce à des vannes commandées à distance, qui permettent d’injecter davantage d’eau pour maintenir la pression jusqu’à réparation de la fuite.

Une gestion informatisée et automatisée – Le suivi du réseau d’aqueducs et de façon générale de l’ensemble du réseau d’Eau de Paris est géré en temps réel par un système automatisé qui fonctionne 7 jours sur 7 : le centre de contrôle et de commande d’Eau de Paris (CCC). Dans ce lieu très sécurisé, de nombreux écrans de surveillance diffusent en continu les informations du réseau d’eau de la capitale. Elles concernent notamment le débit, la pression dans les canalisations qui permet l’arrivée de l’eau à tous les étages des immeubles d’habitation, ou encore le niveau de remplissage des réservoirs. Les agents du CCC assurent ainsi l’approvisionnement en eau de la capitale en continu 24 heures sur 24.

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Conçu pour doubler la capacité de l'aqueduc de la Vanne, l'aqueduc du Loing a été construit en parallèle de ce dernier de 1987 à 1900. Il reçoit les eaux des aqueducs secondaires de la Voulzie et du Lunain. Sa course s'achève dans le réservoir de Montsouris qui alimente tout le centre de Paris. Ses galeries, d'un diamètre de 2,50 mètres, ont été réalisées en moellons de calcaire. Les eaux s'y écoulent librement sur une pente moyenne de 10 centimètres par kilomètre.

 

L'arrêt du Loing ne met pas en péril l'alimentation en eau de Paris du fait de ce schéma d'alimentation interconnecté. Les travaux sont programmés à une période de consommation plus faible (une partie de l’arrêt correspond à la période de vacances scolaires), les autres usines prennent le relais. Les arrêts d’eau sur un aqueduc sont généralement programmés tous les 2 ou 4 ans selon l’ouvrage (4 ans pour l’aqueduc du Loing). Ils permettent de vérifier l'état des aqueducs et de réaliser les travaux de réhabilitation / rénovation identifiés lors de la visite précédente.