H2o Magazine


Afrique du Nord / Moyen-Orient
La FAO appelle à élaborer des politiques et à investir en faveur d’un usage durable de l’eau

Dossier de
la rédaction de H2o
  
10/03/2019

 

"Il est essentiel d'intensifier les politiques et les investissements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord afin de rendre l'utilisation de l'eau dans le secteur agricole plus durable et plus efficace et de s'assurer que toutes les personnes de la région ont accès à des régimes alimentaires sains", a déclaré José Graziano da Silva, directeur général de la FAO. "Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le manque d'eau représente probablement l'un des principaux défis pour la production agricole et le développement", a-t-il indiqué alors qu'il s'adressait aux ministres de l'agriculture et aux représentants du secteur privé présents lors du Forum de l'agriculture, des pêches et de l'investissement alimentaire qui se tenait à Oman.

La région affiche l'un des plus faibles niveaux d'eau douce à travers le monde et ces eaux, principalement souterraines et non renouvelables, s'épuisent peu à peu. Ces quarante dernières années, le niveau d'eau douce a baissé de 60 % et devrait diminuer de 50 % supplémentaires d'ici à 2050. L'agriculture représente 85 % de l'utilisation hydrique et sera probablement le secteur le plus touché par les prochaines pénuries d'eau. Selon la FAO, le fait d'économiser l'eau ne constitue pas seulement une bonne pratique, cela pourrait bientôt constituer la seule et unique pratique. L'agriculture aquacole intégrée (IAA), est un moyen d'économiser de l'eau et de produire plus avec moins. L'aquaponie est un exemple d'IAA qui associe l'aquaculture, l'élevage d'animaux aquatiques et l'hydroponie, soit la culture des plantes dans l'eau sans sol. Cela signifie que cette eau est utilisée à la fois pour élever des poissons et pour faire pousser des cultures. Les fermes pratiquant l'aquaponie peuvent réussir à réduire leur consommation d'eau de 90 % par rapport aux systèmes traditionnels de production agricole. Les fermes pratiquant l'aquaponie offrent divers produits aux populations, comme le tilapia en Égypte et à Oman ou encore le poisson-chat Nord-africain en Algérie, encourageant ainsi la consommation d'une source de protéine pas forcément connue dans les régimes alimentaires de base de la région. Par ailleurs, alors que 45 % des surfaces terrestres adaptées aux pratiques agricoles de la région affichent un taux de salinité élevée, un manque de nutriments ou encore connaissent des problèmes d'érosion, l'aquaponie permet de cultiver des légumes, des fruits et d'autres aliments sur des terres non-hospitalières ou non-utilisables et fournit à la population des aliments produits localement qui leur donnent les protéines et minéraux nécessaires sans avoir à utiliser de l'eau de manière intensive.

Développer ce genre de fermes nécessite cependant certaines innovations et des connaissances techniques que les agriculteurs ne possèdent pas. D'où le rôle de la FAO et de son expertise. La FAO a été l'une des premières organisations à promouvoir l'aquaculture dans les déserts et les terres arides et à chercher les solutions les plus adéquates, telles que l'IAA et l'aquaponie, pour faire face aux pénuries d'eau, à la dégradation des sols et pour maintenir la sécurité alimentaire.

FAO