Magazine H2o | 4. La Haye : le Forum de la dernière chance, l'interview de Bill Cosgrove | L'eau : besoin fondamental ou droit de l'homme ? | Enjeux-Conférences

Dessin de tracé de fleuve

Accueil > Urgences > Enjeux > L'eau : besoin fondamental ou droit de l'homme ?
logo lien vers www.lemeeb.net


World Water Forum II
L'eau : besoin fondamental ou droit de l'homme ?

Mots clés : Commission Mondiale de l'Eau, Eau besoin fondamental, droit à l'eau, Forum mondial de l'eau, La Haye, Gestion Intégrée des Ressources en Eau, Integrated Resources Management
Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Dossier de
Martine LE BEC et Nicole MARI
  
February 2000
Index du dossier
1. Vers la consécration du droit à une eau potable ?
2. 180 millions de dollars par an, sinon...
3. Ouvrir le champ à l'action communautaire, l'interview de Ismail Serageldin
4. La Haye : le Forum de la dernière chance, l'interview de Bill Cosgrove
5. La "conquête" de l'eau par les intérêts privés, l'interview de Riccardo Petrella
6. L'eau, enjeu de premier plan pour l'Afrique

wwf2_cosgrove.jpg

La Haye : le Forum de la dernière chance

L’interview de Bill COSGROVE directeur de l’Unité – Vision Mondiale de l’Eau

propos recueillis par Martine LE BEC-CABON

 

 

Dublin et Rio avaient successivement annoncé que l’eau une valeur économique et sociale. La Haye va permettre d’aborder en profondeur la question et chercher à définir sur quels principes économiques peuvent être assurés l’accès à la ressource et sa préservation. Le temps presse. À l’échelle géologique, nous sommes à minuit moins quelques secondes. Si rien n’est décidé et appliqué, d’ici 2025, la planète bleue sera incapable de subvenir aux besoins de ses 8 milliards d’habitants.


Comment schématiser la "crise" de l’eau ?

Les gens sont seulement aujourd’hui en train de prendre conscience des menaces qui pèsent sur la ressource eau. La planète est vieille de plus de 4 milliards d’années, mais en mois de 100 ans sa population a plus que triplé ; dans le même temps, notre utilisation de l’eau a elle été plus que multipliée par 7. Qui plus est, nous ne savons même pas réellement quelles sont les incidences de nos activités – industrielles, agricoles, urbaines ou autres – sur le cycle de l’eau et les écosystèmes. En réalité, à l’échelle géologique nous sommes à minuit mois quelques secondes, si rien n’est fait dès aujourd’hui, nous devrons nous attendre au pire.


La Commission Mondiale de l’Eau estime qu’il faudrait dès aujourd’hui investir 180 milliards de dollars par an, contre 70 ou 80 milliards actuellement. Quelle est la part qui concerne les pays en voie de développement ?

Une large majorité, plus de la moitié de ces investissements concerne aussi les pays les plus pauvres. Cela complique bien sûr le problème du financement. Les moyens des gouvernements sont insuffisants pour y parvenir et aussi longtemps que la rentabilité ne sera pas assurée, le secteur privé refusera lui-même d’investir. C’est pour cela que nous pensons qu’il faut mettre une valeur sur l’eau. Par ailleurs, si l’eau a un prix, elle sera aussi beaucoup moins gaspillée. Le principe impose une solidarité sociale et financière à l’égard des plus démunis. Il faudra que les élites des pays concernés acceptent de payer pour les plus pauvres qui devront eux-mêmes contribuer à l’effort, par exemple en apportant leur main d’œuvre. Il s’agit aussi d’adapter les solutions, de valoriser et de diffuser les moins onéreuses. Dans tous les cas, la concertation locale sera déterminante. Les communautés concernées doivent être à même de définir leurs besoins et leurs possibilités de contribution aux aménagements qui seront entrepris. Au-delà de cette concertation locale, les gouvernements auront la responsabilité de la mise en place d’un système économique viable.


La préparation de la Conférence a elle-même donné lieu à de multiples concertations…

Tout à fait. Ce travail nous a permis de mettre en rapport les différents secteurs ainsi que les multiples institutions et organisations concernées. De nombreux thèmes ont été explorés, diverses sources de données et de modèles de prévisions ont été discutées et confrontées aux réalités locales. Des exercices prospectifs nationaux et régionaux ont été mis en place dans plus de 30 points du globe. Tous les partenaires ont signé leurs travaux qui seront rendus publics à La Haye de même qu’un rapport indépendant établi par la Commission.


Y aura-t’il un suivi ?

L’Unité Vision Mondiale de l’Eau a été mise e place pour organiser la Conférence. Elle sera dissoute à son issue. Mais la Conférence va elle-même contribuer à la mise en place de nouvelles structures et réseaux. Ne serait-ce qu’au niveau des Nation unies, le Comité de Coordination Eau – le UN Agency Coordinating Committee S.C. Water – sera renforcé afin notamment de pouvoir assurer une évaluation en continu des ressources en eau de la planète. Cette évaluation fera l’objet d’un rapport mondial tous les deux ans. .