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Le travail de la FAO permet d’améliorer la cartographie et la surveillance des tourbières

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
27/03/2020

Une nouvelle publication et un outil géospatial disponible en ligne permettront aux pays de préserver leurs stocks de carbone

Les tourbières ne recouvrent que 3 % de la surface terrestre mais contiennent pourtant autant de carbone que l'ensemble de la végétation de la planète, soulignant ainsi leur rôle majeur en matière de régulation du climat mondial. Le fait qu'elles se dégradent, suite aux drainages, aux incendies ou à d'autres facteurs, les transforme de réservoirs de carbone fonctionnant relativement lentement en sources capables de libérer en quelques dizaines d'années le carbone stocké pendant des millénaires. Il est nécessaire de procéder à une cartographie et à un suivi des tourbières pour éviter qu'elles se dégradent et planifier de manière efficace leur restauration. Pour aider ses États membres à réaliser cette tâche complexe, la FAO vient de publier le guide pratique Cartographie et surveillance des tourbières, qui fournit des informations techniques sur les tourbières du monde entier et des recommandations sur la manière de gérer ces écosystèmes particuliers. La publication est le fruit d'un travail collectif de 35 auteurs experts issus de 14 pays et s'inspire d'études menées dans des pays tropicaux riches en tourbières comme l'Indonésie, la République démocratique du Congo et le Pérou, ainsi que d'autres régions caractérisées par un climat tempéré.

"Cartographier les tourbières pour connaître leur emplacement, leur taille et leurs potentielles émissions de gaz à effet de serre peut aider les pays à planifier et à mieux gérer leurs terres, leurs eaux et leur biodiversité, mais aussi à atténuer les effets du changement climatique et à s'y adapter de façon plus efficace", a indiqué Maria Nuutinen, spécialiste des tourbières auprès du département des forêts à la FAO et co-autrice de la publication. Pour que les pays arrivent à réduire les émissions de gaz à effet de serre et les risques d'incendies, la surveillance des tourbières, et particulièrement de leur niveau d'eau, s'avère être une condition fondamentale. Cette tâche implique des relevés satellitaires et terrestres. Pour faciliter l'accès des pays à l'imagerie de haute qualité, la FAO a mis au point un module de pointe afin de suivre la restauration des tourbières. Ce module accessible par le biais de SEPAL, un outil géospatial de la FAO, a été utilisé pour la première fois avec succès en Indonésie par l'Agence indonésienne de restauration des tourbières et par le ministère indonésien de l'Environement et des Forêts. Le module sera ultérieurement amélioré afin de répondre aux besoins du bassin du Congo, et permettre de détecter et d'affronter les transformations potentielles et d'éviter les incendies, a déclaré M. Julian Fox, chef d'équipe à la FAO chargé de la surveillance nationale des forêts. De même, le Pérou travaille à la mise au point d'une méthodologie nationale de cartographie des tourbières qui permettra d'agir de manière plus ciblée sur les tourbières des régions côtières, des Andes et de l'Amazonie. L'Initiative mondiale sur les tourbières ouvrira la voie à d'autres actions.

Les tourbières vierges, ou marécages, se caractérisent par des conditions constantes d'eaux stagnantes et un manque d'oxygène qui ralentit le phénomène de décomposition par les microorganismes. Accumuler un mètre de matière organique, soit le phénomène appelé la tourbe, est un processus qui peut prendre jusqu'à 1 000 ans et les tourbières peuvent atteindre cinq mètres de profondeur dans les climats proches des pôles et plus de 15 mètres dans certaines régions tropicales où une plus grande productivité végétale a permis des dépôts plus profonds. Hans Joosten, spécialiste des tourbières et co-auteur de la publication, explique les types de couvertures végétales qui sont essentiellement des mousses dans les tourbières arctiques, surtout des roseaux dans les zones tempérées, et des mangroves ou des forêts marécageuses de tourbe dans les zones tropicales. Certaines tourbières étaient jusqu’à peu inconnues : c'est le cas de la zone de tourbières tropicales, la plus grande du monde (plus grande que l'Angleterre) située dans la région lointaine et difficile d'accès de la Cuvette centrale de la forêt du Congo. Toutefois, près de 15 % des tourbières du monde ont été drainées principalement pour en faire des terres destinées aux cultures, aux pâturages, à la foresterie et à l'extraction, provoquant ainsi une dégradation à long terme. Les zones où les tourbières risquent d'être dégradées se situent tout particulièrement en Europe, en Russie, en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est, en Afrique de l'Est et dans le bassin amazonien. Ceci est souvent dû à un manque de connaissances. Sur le terrain, une meilleure information de l'emplacement des tourbières peut aider les planificateurs, les gestionnaires et les agriculteurs à prendre de meilleures décisions.

Photo, tourbières boréales en Islande
FAO – SEPAL 

 

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