Magazine H2o | Le nouveau rapport de l’UICN sur le patrimoine mondial souligne l'urgence de protéger l'Arctique | Brèves - Monde

Dessin de tracé de fleuve

Accueil > Brèves > Monde > Le nouveau rapport de l’UICN sur le patrimoine mondial souligne l'urgence de protéger l'Arctique


Urgence Arctique
Le nouveau rapport de l’UICN sur le patrimoine mondial souligne l'urgence de protéger l'Arctique

Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Dossier de
la rédaction de H2o
  
05/04/2017

 

L'océan Arctique nécessite une protection d'urgence car la fonte de la banquise ouvre des zones, jusque-là inaccessibles, à des activités telles que la navigation, la pêche au chalut de fond et l'exploration pétrolière, selon un rapport scientifique lancé aujourd'hui par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en partenariat avec le National Resource Defense Council (Conseil de défense des ressources naturelles) basé aux États-Unis, et le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le rapport met en évidence sept sites dans l’Arctique pouvant potentiellement relever du statut de patrimoine mondial.

"L'océan Arctique joue un rôle crucial dans le façonnement du climat mondial et abrite une gamme variée d'espèces, dont beaucoup sont menacées", explique Carl Gustaf Lundin, directeur du programme Global Marine and Polar de l'UICN. "La Convention du patrimoine mondial a un grand potentiel pour augmenter la reconnaissance mondiale et la protection des habitats les plus exceptionnels de la région." L’océan Arctique s’étend au nord de la planète sur une superficie de 14 millions de kilomètres carrés. Ses eaux glacées abritent une faune que l’on ne trouve nulle part ailleurs, notamment des baleines boréales, des narvals et des morses. En tant que l'un des océans les plus vierges de la Terre, il fournit un habitat essentiel pour les espèces menacées, comme les ours polaires et les macareux de l'Atlantique, tous les deux classés comme vulnérables par la Liste rouge des espèces menacées de l'UICN. Cependant, le changement climatique constitue une menace considérable pour la région Arctique, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Le recul de la banquise ouvre de nouvelles zones, jusque-là inaccessibles pour la pêche et l’exploration pétrolière mais ouvre également de nouvelles routes maritimes. Ces changements accroissent l’urgence d’améliorer notre compréhension et la conservation efficace des écosystèmes marins uniques de l’Arctique.

"Nos efforts de conservation de l’océan Arctique ne sont pas adaptés au rythme des menaces que sont le changement climatique et le développement économique, ce qui met en péril notre héritage commun" selon Lisa Speer du NRDC. "Nous devons protéger les points uniques écologiques les plus importants de la région contre la pêche industrielle, le développement de l'exploitation du pétrole et du gaz en mer et d'autres activités humaines dommageables pour donner à la faune de la région la meilleure chance de survie possible." Les sites identifiés dans ce rapport et qui pourraient prétendre au statut du patrimoine mondial comprennent : les vestiges de la glace de plusieurs années de l’Arctique et l’écorégion de la Polynie des eaux du Nord-Est, abritant la glace la plus ancienne et la plus épaisse de l’Arctique, et qui pourrait offrir les meilleures chances de survie pour les ours polaires au XXIe siècle ; la région du détroit de Bering, l’un des plus grands couloirs de migration au monde pour des millions d’oiseaux de mer et de mammifères marins ; l’écorégion septentrionale de la baie de Baffin, qui supporte le plus grand regroupement d’une espèce d’oiseaux marins unique : le Mergule nain ; l’écorégion de la Polynie du détroit de Scoresby, le plus grand système de fjords mondial qui abrite la sous-population des baleines boréales de Spitzberg, espèce en danger critique d'extinction ; les archipels du Haut-Arctique, qui abritent 85 % de la population mondiale de mouettes blanches ; l’écorégion de la baie de Disko et de Store Hellefiskebanke, un habitat d’hiver critique pour les morses de l’ouest de Groenland et des centaines de milliers d'eiders à tête grise ; et la grande polynie sibérienne, où la formation et le recul de la glace influencent des processus océaniques à grande échelle. "La beauté et la richesse de l’océan Arctique sont hors du commun" a déclaré Mechtild Rössler, directrice du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. "Du couloir de la vie marine qu’offre le détroit de Bering aux fjords époustouflants du détroit de Scoresby, cette région n’a nulle autre pareille sur la planète. Ce nouveau rapport met en évidence sept trésors potentiels que recèle l’océan Arctique et qui nécessitent des mesures de conservation afin de soutenir le rythme du changement climatique." Actuellement, cinq sites du patrimoine mondial se situent au nord du cercle Arctique, parmi lesquels un seul est inscrit pour ses valeurs marines – le système naturel de la Réserve de l'île Wrangel. Inscrit en 2004, le système naturel de la Réserve de l'île Wrangel abrite la plus grande population de morses du Pacifique au monde, avec quelque 100 000 spécimens qui se rassemblent dans les colonies de l’île, ainsi que la plus forte densité de tanières d’ours blanc ancestral. Des recherches indiquent que certaines baleines à bosse du sanctuaire de baleines d'El Vizcaino migrent l’été jusqu’aux eaux qui entourent l’île de Wrangel pour se nourrir, ce qui est un indicateur des liens entre l’océan Arctique et les sites du patrimoine mondial des  latitudes plus basses.

Lancé à Monaco, le rapport intitulé "Patrimoine mondial marin naturel dans l'océan Arctique, rapport d’un atelier d’experts et processus d’examen" a été rédigé avec le soutien de la Fondation Prince Albert II de Monaco et du WWF-Canada.

Fondation Prince Albert II de Monaco – WWF-Canada 
Banc de narvals mâles à Lancaster Sound dans le Nunavut (Canada). Photo Paul Nicklen/National Geographic Creative

 

 201704_uicn_PaulNicklen_NationalGeographicCreative.jpg