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22 mars : L’eau sous le feu des bombes

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
27/04/2019

Les enfants pris dans des conflits prolongés sont trois fois plus susceptibles de mourir d’une maladie transmise par l’eau que de la violence

Les enfants de moins de 15 ans vivant dans des pays touchés par des conflits prolongés sont, en moyenne, près de trois fois plus susceptibles de mourir d’une maladie diarrhéique provoquée par un manque d’eau salubre, d’assainissement et d’hygiène que des effets directs de la violence, affirme l’UNICEF dans un nouveau rapport. Ce rapport, intitulé "L’eau sous le feu des bombes", explore les taux de la mortalité dans 16 pays exposés à des conflits prolongés et révèle que dans la plupart d’entre eux, les enfants de moins de 5 ans ont 20 fois plus de risques de mourir d’une maladie diarrhéique liée à un manque d’eau salubre et d’assainissement que des effets directs de la violence.

"Le combat est perdu d’avance pour les enfants qui vivent dans des pays touchés par des conflits prolongés sachant que beaucoup n’ont pas accès à des sources d’eau salubre", indique Henrietta H. Fore, directrice générale de l’UNICEF. "Le fait est que le manque d’eau salubre tue plus d’enfants que les balles." En l’absence de services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène sûrs et efficaces, les enfants risquent d’être victimes de malnutrition et de contracter des maladies évitables, dont la diarrhée, la typhoïde, le choléra et la polio. La situation est encore plus compliquée pour les filles. Elles s’exposent aux violences sexuelles lorsqu’elles vont chercher de l’eau ou sortent utiliser les latrines. Elles voient leur dignité bafouée au moment de se laver ou de gérer leur hygiène menstruelle et elles manquent les cours pendant leurs règles si leur école n’est pas équipée d’installations adaptées en matière d’eau et d’assainissement. Ces menaces sont amplifiées en période de conflit, lorsque les attaques, qu’elles soient portées délibérément ou non, détruisent les infrastructures, blessent le personnel et coupent l’alimentation électrique qui permet aux systèmes d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène de fonctionner. Les conflits armés restreignent en outre l’accès à du matériel et à des produits de consommation essentiels, tels que le carburant ou le chlore, qui s’épuisent ou sont rationnés, ou dont la livraison peut être détournée ou bloquée. Bien trop souvent, les services indispensables à la population sont volontairement coupés. "Prendre intentionnellement l’eau et l’assainissement pour cible revient à prendre les enfants pour cible", déplore Henrietta Fore. "L’eau est un droit fondamental. Sans eau, il est impossible de survivre."

Dans les pays touchés par des conflits, l’UNICEF s’efforce de fournir des services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement sûrs et adaptés. Pour cela, l’organisation modernise et répare les systèmes de distribution d’eau, achemine de l’eau par camion, installe des latrines et sensibilise la population aux bonnes pratiques en matière d’hygiène.  L’UNICEF exhorte les gouvernements et ses partenaires : à cesser de prendre les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement ainsi que leur personnel pour cible ; à associer les interventions humanitaires d’importance vitale au développement de systèmes d’eau et d’assainissement durables pour tous ; à renforcer les capacités des gouvernements et des organismes d’aide humanitaire à fournir de manière systématique des services d’excellente qualité en matière d’eau et d’assainissement dans les situations d’urgence.

Le rapport a examiné les taux de mortalité dans 16 pays touchés par un conflit prolongé, à savoir l’Afghanistan, le Burkina Faso, le Cameroun, l’Éthiopie, l’Irak, la Libye, le Mali, le Myanmar, la République arabe syrienne, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Tchad et le Yémen. Dans tous ces pays, à l’exception de l’Irak, de la Libye et de la République arabe syrienne, les enfants de moins de 15 ans sont plus susceptibles de mourir d’une maladie transmise par l’eau que des effets de la violence collective. Quant aux enfants de moins de 5 ans, ils ont près de 20 fois plus de risques de mourir d’une maladie diarrhéique liée à un manque d’EAH que des effets directs de la violence, sauf s’ils vivent en République arabe syrienne ou en Libye. Cette analyse s’appuie sur les estimations du nombre de décès imputables à la "violence collective" et aux "maladies diarrhéiques associées à un manque d’EAH" publiées par l’OMS pour la période 2014-2016.

UNICEF