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Cultiver des récifs coralliens

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
06/09/2019

Baruch Rinkevich, expert du GIEC, invente la culture des coraux entre deux eaux 

"Les coraux qui s’assemblent pour former des récifs coralliens abritent 25 % de la biodiversité marine de notre planète. Mais si nous n’agissons pas d’urgence pour faire face au changement climatique, à la pollution, à la surpêche et à d’autres menaces, ces magnifiques organismes où la vie prospère pourraient bel et bien disparaître. Près de deux millions d’espèces différentes vivent dans, sur et autour des récifs du monde. C’est là que grandissent un quart des poissons de nos océans, y compris certaines espèces que nous avons l’habitude de consommer. Un quart des récifs coralliens mondiaux a déjà subi des dégâts irréversibles", indique le WWF France. Alerté par la disparition et le blanchissement des récifs coralliens, l’Israélien Baruch Rinkevich, biologiste marin, a inventé une technique très simple qui permet de faire pousser à l’identique ces barrières naturelles indispensables à la vie. "Les coraux sont éternels grâce à mon invention", affirme le biologiste. Sa technique vient de faire l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue scientifique Marine Science and Engineering dans son édition du 28 juin 2019.

Baruch Rinkevich est l’un des scientifiques qui participent au rapport de l’IPCC (GIEC en français). Sa contribution concerne, entre autres, l’impact du réchauffement climatique sur les récifs coralliens. Pour repeupler ces récifs indispensables ce spécialiste en biologie marine s’est inspiré de la technique du bouturage, des fragments prélevés sur un corail adulte, sont directement repiqués dans l’eau. C’est une technologie très simple qu’on peut utiliser partout dans le monde. « De façon surprenante, les premiers tests effectués sur le sable des fonds marins sont un échec. Par hasard nous avons eu l’idée d’installer la pépinière entre deux eaux. Là, à notre grande surprise, le corail a poussé à une vitesse incroyable. C’est une découverte majeure pour la biologie marine. Voilà comment la première pépinière de coraux au monde a vu le jour à Eilat, en 2000. Nous sommes les premiers à avoir lancé cette technique, et je suis très heureux de savoir qu’elle est reprise dans de nombreux endroits dans le monde. Elle a permis de repeupler les fonds marins d’Eilat, grâce aux 7 000 coraux réimplantés. C’est un exemple prometteur pour les 75 % de récifs coralliens menacés dans le monde explique Baruch Rinkevich.

Le chercheur israélien et son équipe ont installé des filets horizontaux de 10 mètres carrés à 6 mètres sous la surface de la mer Rouge, près d’Eilat. Retenus par des crochets fixés au fond de la mer et maintenus par des bouées en surface, les filets contenaient des plateaux dans lesquels ont été placés plus de 6 800 petits morceaux de 11 espèces de corail locales. Les flux marins naturels leur ont apporté bien plus de plancton qu’ils n’en auraient eu en captivité. Les plateaux se balancent au gré des vagues, et le mouvement déloge les débris et sédiments nuisibles. Le système est économique, deux plongeurs suffisent à le faire fonctionner. Baruch Rinkevich et son équipe ont installé des pépinières de corail près des récifs malades de Thaïlande, de Singapour, des Philippines, d’Israël et de la Jamaïque, rapporte Paul Marks pour  Courrier International.

Photo : Culture du corail à Eilat sur la plateforme Shamengo.
Esther Amar –  Israël Science Info

 

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