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Urgence
27 millions de personnes manquent d’eau salubre dans les pays confrontés à la famine

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
05/04/2017

 

L’eau insalubre a des conséquences aussi mortelles que le manque de nourriture chez les enfants atteints de malnutrition sévère

 

Les pénuries d’eau, le manque d’assainissement adéquat, les mauvaises pratiques d’hygiène et les épidémies font courir des risques supplémentaires aux enfants atteints de malnutrition sévère dans le nord-est du Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, annonce l’UNICEF. Dans ces quatre pays menacés par la famine, près de 27 millions de personnes n’ont accès qu’à de l’eau insalubre, qui, chez les enfants atteints de malnutrition, peut entraîner des maladies diarrhéiques mortelles.

"Sous l’effet conjugué de la malnutrition, de l’eau sale et du manque d’assainissement adéquat, un cercle vicieux se met en place, dont beaucoup d’enfants ne se remettront jamais", explique Manuel Fontaine, directeur des programmes d’urgence de l’UNICEF. "Parce que l’eau insalubre peut entraîner la malnutrition ou l’aggraver, quelle que soit la quantité d’aliments qu’un enfant atteint de malnutrition absorbe, sa santé ne s’améliorera pas si l’eau qu’il boit est insalubre." Dans le nord-est du Nigéria, 75 % des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les régions touchées par le conflit ont été endommagés ou détruits, ce qui prive 3,8 millions de personnes d’accès à l’eau salubre. Dans les communautés d’accueil, les familles déplacées pèsent très lourdement sur les systèmes de santé et d’approvisionnement en eau, déjà mis à rude épreuve. Un tiers des 700 centres de soins de santé de l’État de Borno, le plus durement touché, a été complètement détruit et presque autant ne sont plus en état de fonctionner. En Somalie, le nombre de personnes ayant besoin d’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène devrait passer dans les semaines à venir de 3,3 millions à 4,5 millions – ce qui représenterait alors environ le tiers de la population. De nombreuses sources d’eau se sont asséchées ou ont été contaminées, le nombre de toilettes est insuffisant et les maladies transmises par l’eau prolifèrent. Plus de 13 000 cas de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë ont été signalés depuis le début de l’année, soit près de cinq fois plus que sur la même période l’an dernier. Le prix de l’eau a été multiplié par six dans les régions les plus reculées ; les familles les plus pauvres n’ont donc plus les moyens de s’en procurer. Au Soudan du Sud, 5,1 millions de personnes manquent d’eau salubre, d’assainissement adéquat et d’hygiène. La moitié des points d’eau du pays ont été endommagés ou détruits. Le temps sec de saison ayant fait baisser le niveau des nappes phréatiques, les êtres humains et les animaux se disputent le peu d’eau disponible, et les sources d’eau déjà rares sont donc surexploitées. Le manque d’installations sanitaires adéquates et les mauvaises pratiques d’hygiène favorisent la propagation des maladies. En juin 2016, une flambée épidémique de choléra s’est traduite par 5 000 cas de cette maladie et plus d’une centaine de décès. Au Yémen, le conflit qui se poursuit et les déplacements massifs de population ont eu pour effet de priver d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène de base au moins 14,5 millions de personnes. Les infrastructures d’approvisionnement en eau ont également été endommagées. La flambée épidémique de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë apparue en octobre 2016 continue de se propager, le bilan estimatif étant de 22 500 cas et de 106 décès. Près de deux millions d’enfants risquent d’être atteints de maladies diarrhéiques, qui, même avant le conflit, étaient la deuxième cause de mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans. Le système de soins de santé primaire du pays est au bord de l’effondrement, ce qui met en péril la vie de millions d’enfants.

Face à cette situation, l’action que mène l’UNICEF aux côtés de ses partenaires dans les quatre pays concernés, consiste à :

  • Dans le nord-est du Nigéria, fournir de l’eau salubre à près de 666 000 personnes et soigner près de 170 000 enfants atteints de malnutrition aiguë sévère au cours des 12 derniers mois ;
  • En Somalie, donner à 1,5 million de personnes accès à 7,5 litres d’eau par jour pendant 90 jours, ou jusqu’aux prochaines pluies attendues en avril, promouvoir des pratiques vitales en matière d’hygiène, remettre en état des puits, établir de nouvelles sources d’eau et assurer des services adéquats d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène dans les centres de traitement du choléra. Une campagne de vaccination orale contre le choléra, la première menée dans le pays, est également en cours pour immuniser un demi-million de personnes ;
  • Au Soudan du Sud, coopérer avec le Programme alimentaire mondial pour apporter par avion des services de nutrition, de santé, d’approvisionnement en eau et d’assainissement aux enfants des régions reculées ; intensifier la promotion de l’hygiène et la mise en place de mesures d’assainissement de l’eau dans les zones sujettes à des épidémies ;
  • Au Yémen, coopérer avec des partenaires pour que les centres de santé puissent continuer à prévenir et à soigner la malnutrition parmi les enfants les plus vulnérables et apporter un appui aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement pour 4,5 millions de personnes, dont beaucoup sont des personnes déplacées.

"Nous travaillons 24 heures sur 24 pour sauver autant de vies que nous le pouvons, aussi rapidement que nous le pouvons", explique M. Fontaine. "Mais si les conflits qui dévastent ces pays se prolongent, si nous n’avons pas accès durablement et sans restriction aux enfants qui ont besoin d’aide et si nous ne disposons pas de ressources supplémentaires, tous les efforts du monde ne suffiront pas."

UNICEF