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Dessin de tracé de fleuve

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Chine-Kazakhstan
La gestion de l’eau, possible épine dans les relations entre les deux pays

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
07/12/2020

La gestion de l’eau est l’une des problématiques les moins réglementées dans les relations entre le Kazakhstan et la Chine. Le changement climatique et la fonte rapide des glaciers dans les montagnes du Tian Shan menacent pourtant l’équilibre du bassin transfrontalier du lac Balkhach, que se partagent les deux pays. L’absence de gestion commune de l’eau pour faire face aux conséquences de la baisse du niveau de l’eau menace de transformer ce problème en véritable crise diplomatique. Novastan a repris et traduit un article publié le 4 mars 2020 par le Central Asian Analytical Network. 

L’article s’intéresse au bassin du lac Balkhach, alimenté par un ensemble de cours d’eau prenant leur source dans les glaciers du Tian Shan, sur le territoire chinois. Alors que 80 % de l’eau du lac Balkhach provient de la rivière Ili, formant l’une des zones humides les plus importantes d’Asie centrale, le débit du fleuve accuse une baisse de près de 30 % depuis 2000, aggravant la situation du lac dont la superficie avait déjà commencé de se réduire du fait de facteurs anthropiques depuis les années 1960. Beaucoup comparent cette situation à celle de la mer d’Aral. L’Ili, l’Irtych et le Syr-Daria, constituent les principales sources d’eau douces du Kazakhstan et font toutes trois l’objet de tensions diplomatiques entre pays d’amont et d’aval. Dans le cas de l’Ili, les nombreux ouvrages artificiels qui jalonnent son cours sont montrés du doigt, en amont (en Chine) mais également au Kazakhstan, tel le barrage de Kapchagaï dont le réservoir a permis la mise en valeur de 400 000 hectares de terres agricoles, y compris pour la culture du riz, très gourmande en eau. En Chine, la superficie des terres agricoles irriguées dans le Xinjiang grâce au fleuve  et à ses affluents correspondait à environ 300 000 hectares à la fin des années 1980 et aurait atteint 1,3 million d’hectares en 2014 du fait du boom économique chinois et de la politique de "conquête de l’ouest", à travers laquelle le gouvernement central encourage la population des provinces centrales et orientales à immigrer dans le nord-ouest du pays. Aux besoins d’irrigation s’ajoutent encore les usages aux fins énergétiques (les centrales hydroélectriques mais aussi les prélèvements effectués par les centrales charbon – la forte demande en eau de l’industrie du charbon est ainsi responsable de l’assèchement des sols sur de vastes zones du nord-ouest de la Chine). 

De nombreuses années de pourparlers entre les deux voisins n’ont abouti qu’à l’accessibilité des informations hydrologiques élaborées du côté chinois et à un accord sur le partage des eaux de la rivière Khorgos, moins sujette aux divisions et associée aux "Nouvelles routes de la soie" avec le projet de port terrestre de Khorgos. Cette amorce de gestion commune des ressources en eau autour de la rivière Khorgos fait d’ailleurs exception puisque Pékin refuse de conclure tout accord international contraignant concernant l’utilisation et la gestion commune des ressources en eau, qu’il s’agisse du Mékong, du Brahmapoutre ou de l’Irtych. Cela inclut également la rivière Ili.

Différents bailleurs internationaux soutiennent les efforts du Kazakhstan visant à économiser jusqu’à 9,1 milliards de mètres cubes d’eau d’ici 2030, avec l’aide de nouvelles méthodes agricoles, moins gourmandes en eau, des innovations liées à l’utilisation de l’eau dans l’industrie et à l’approvisionnement des municipalités. Cependant, ces nouveaux modes de gestion de l’eau ne permettront pas de régler les problèmes persistants de protection de la ressource tant qu’aucun accord ne sera conclu entre les États riverains du bassin. Les nombreux glaciers qui alimentent le bassin du lac Balkhach n’ont pas encore atteint le niveau maximal de fonte de leurs réserves d’eau, ce faisant le ruissellement d’eau en provenance de la fonte des glaciers continue d’augmenter chaque année, cachant momentanément l’inévitable diminution des volumes à terme.

Central Asian Analytical Network – traduit du russe par Chloé Déchelette, Novastan
Photo Edmon2004 / Wikimedia Commons    

 

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