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Dessin de tracé de fleuve

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Inde
Ils jeûnent pour sauver le Gange

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
04/09/2020

 sur une alerte de Rajendra SINGH
fondateur de l’ONG Tarun Bharat Sangh
lauréat du Magsaysay Award (2001) et du Stockholm Water Prize (2015)

 

Depuis le 3 août, l’Indien Swami Shivanand Sivanand a entamé une Tapasya, une grève de la faim jusqu’à la mort, pour protester contre la mauvaise gestion des eaux du fleuve Gange par le gouvernement et l’Autorité nationale du bassin du Gange. 

Connu pour être l’un des fleuves les plus vénérés au monde par sa population, le Gange abreuve jusqu’à 40 % de l’Inde, soit 450 millions de personnes. Déjà sujet aux pollutions fluviales les plus graves, le Gange est aussi victime des promesses politiques creuses concernant sa préservation. Qu’importe s’il est le plus saint des sept fleuves sacrés de l'Inde et si le peuple considère que sa bonne santé est le reflet de la bonne gestion du pays et le succès de son indépendance, acquise en 1947, il y a longtemps déjà que les politiques ont renié ce symbole. Face aux nombreuses requêtes de la société civile, l’Autorité nationale du bassin du Gange, avait néanmoins promis en 2009 de détruire trois barrages (Bhairon Ghati, Lohari Nagpala et Pala Maneri) installés sur la rivière Bhagirathi, l’un des deux affluents à l’origine du Gange, afin d’assurer un écoulement libre et pur des eaux ; la mesure aurait par ailleurs permis de protéger les écosystèmes placés en aval. Cette avancée avait notamment été réalisée à l’issue d’une première grève de la faim engagée en 2009 par le professeur G.D. Agrawal, aussi connu sous le saint nom de Sant Swami Sanand, ingénieur et responsable de l’organisation de défense du fleuve, Ganga Mahasabha, fondée en 1905. Guru das Agrawal avait entamé sa Tapasya le 22 juin 2018 et était décédé le 11 octobre 2018, après 111 jours de jeûne. Ses revendications portaient sur la suspension des projets de barrage sur le fleuve et ses affluents et l’adoption d’une nouvelle loi pour la gestion et la conservation des eaux du Gange. Le professeur recommandait en outre la constitution d’un conseil de personnes chargées de contrôler la mise en œuvre de cette nouvelle loi. Après son décès, son combat a été poursuivi par Brahmachari Aatmbodhanand qui, après six mois de jeûne, obtint du Premier ministre Narendra Modi le lancement d’une instruction sur la question de la protection du Gange. 

Aujourd’hui pourtant, aucune des promesses formulées n’a été mise en œuvre et la construction de quatre nouveaux barrages, autorisés par la Cour suprême de l’Inde, est toujours en projet. C’est devant ce constat que Swami Shivanand Saraswati a décidé d’entamer à son tour sa Tapasya le 3 août sur les traces du G.D. Agarwal et de Brahmachari Aatmbodhanand afin d’appeler le gouvernement indien à honorer ses engagements. Plus d’une centaine d’autres personnes à travers le monde ont aussi décidé de jeûner en soutien à son initiative créant ainsi une communauté internationale soudée. 

Le 3 septembre, enfin, les autorités indiennes, représentées par le ministre Shakti Gajendra Singh Shekhawat et le directeur général de la Mission nationale pour un Gange propre (NMCG) Rajeev Ranjan Mishra, ont assuré qu'ils examineraient toutes les demandes de protection du fleuve, incluant l’abandon des projets hydroélectriques, l’interdiction des activités d'extraction de granulats, la promulgation rapide de la loi sur le Gange et la création d’un comité du projet associant la société civile.

Hindustan Times

 

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