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Canada
Des microparticules de plastique dans l'eau embouteillée

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Dossier de
la rédaction de H2o
  
01/05/2018

Des tests menés sur 250 bouteilles de 11 marques provenant des cinq continents montrent la présence de microparticules de plastique dans l'eau embouteillée. 

Des échantillons d’eau vendue sous l'appellation "pure" ont été testés par un laboratoire indépendant mandaté par l’organisation internationale de journalisme Orb Media. Les contaminations, souvent invisibles à l'œil nu, sont : du polypropylène (54 %), des fibres de nylon (16 %), du polystyrène (11 %) et du polytéréphtalate d'éthylène (10 %). Les chercheurs estiment que la majeure partie de ce plastique provient du contenant lui-même et de son capuchon. Le reste proviendrait de la source d'eau elle-même. Les microparticules, voire nanoparticules, proviennent souvent de produits qui se sont désintégrés dans l'eau avec le temps. "Ils sont tellement petits qu'on ne peut les voir qu'au microscope" explique la chimiste Sherri Mason, de l’Université d’État de New York à Fredonia. "On a trouvé du plastique dans tous les plans d'eau qu'on a étudiés, et même dans la glace de l'Arctique. C'est un produit extrêmement envahissant." La chimiste et son équipe ont trouvé du plastique dans l'eau douce, dans l'eau salée, dans l'eau du robinet, mais aussi dans l'eau embouteillée de grandes compagnies comme Évian, Aquafina, Dasani, Nestlé, achetée dans neuf pays différents.

Leur étude révèle que pas moins de 93 % des bouteilles étaient contaminées par des microbilles de plastique ; qu’il y a en moyenne 315 microparticules par litre d'eau embouteillée ; que quelques-unes des bouteilles en contenaient même entre 5 000 et 10 000. Dans ces travaux, une microparticule était considérée comme telle lorsqu’elle mesurait de 0,1 à 5 micromètres. Leur présence été confirmée à l’aide de microscopes infrarouges utilisés dans cette industrie. Lorsqu'elles ont été contactées pour commenter ces résultats, deux grandes marques ont confirmé que leurs produits contenaient du microplastique, mais elles ont déclaré que l'étude d'Orb en surestimait considérablement la quantité.

Ces résultats posent aussi la question de leur dangerosité pour la santé humaine. Le plastique, c'est un contaminant dans l'environnement, il peut avoir des effets de perturbations endocriniennes, donc déranger le fonctionnement normal des hormones chez les animaux, y compris chez l'homme, explique Louise Hénault-Éthier de Fondation David Suzuki. Selon elle, le problème est bien réel, même s’il s'agit de microdoses de contaminants. "Même une très petite quantité de plastique dans nos bouteilles d'eau, ça pourrait s'avérer être une inquiétude du point de vue toxicologique, poursuit-elle, particulièrement si on prend en considération le cocktail de produits chimiques auquel on est exposé au quotidien." "Ce n'est pas une situation catastrophique, mais elle est préoccupante", explique Sherri Mason, qui estime que ces travaux devraient nous forcer à réévaluer notre utilisation des plastiques.

Le groupe Orb Media a fait parvenir les résultats de son enquête aux 11 compagnies testés. Il est possible de consulter leurs réponses et d'obtenir d'autres informations sur l'enquête à l'adresse OrbMedia.org

Au Canada, on interdit maintenant la vente de produits de beauté qui contiennent des microbilles. Le gouvernement fédéral reconnaît aussi, depuis 2016, que les microbilles de plastique sont une substance toxique.

Radio-Canada